Pratiquer le mindfulness soulage la douleur, selon une étude
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
Plusieurs recherches avaient déjà pu vérifier que la pratique du mindfulness soulageait la douleur. C’est par exemple le cas d’une étude publiée dans la revue JAMA. Elle a trouvé que le mindfulness pouvait soulager la douleur chronique de façon plus efficace que les traitements standards. Et plus concrètement la douleur lombaire.
Une autre étude qui est parue dans la revue Frontiers in Psychology a révélé que la méditation d’attention pleine aide les athlètes blessés à améliorer leur tolérance à la douleur et leur conscience.
Une recherche a trouvé que les personnes qui souffrent de problèmes inflammatoires chroniques, comme l’arthrite rhumatoïde ou la maladie inflammatoire intestinale, dans lesquelles le stress psychologique joue un rôle important, peuvent se servir des techniques de méditation d’attention pleine.
Cependant, quels mécanismes cérébraux sont responsables de cet effet analgésique? C’est une question qu’essaye d’élucider une nouvelle recherche menée par Fadel Zeidan. Il est professeur assistant de neurobiologie et d’anatomie au Centre Médical de Wake Forest à Winston-Salem, en Caroline du Nord.
Attention pleine et douleur
Zeidan explique que la méditation d’attention pleine consiste à être conscients du moment présent sans réaction émotionnelle ou jugement. Certaines personnes sont plus conscientes que d’autres, et ces personnes semblent moins ressentir la douleur. Les chercheurs voulaient voir si la prédisposition innée individuelle à la pleine conscience était liée à une plus faible sensibilité à la douleur. Si c’est le cas, quels mécanismes cérébraux entrent en jeu ?
Pour le découvrir, les chercheurs ont fait appel à 76 personnes qui n’avaient jamais médité. Leur niveau d’attention pleine a été évalué à travers l’Inventaire d’Attention Pleine de Freiburg. Ce test évalue la non-identification avec les pensées et sentiments, l’acceptation, l’ouverture, la non-réactivité, la compréhension des processus mentaux et l’observation du moment présent.
Après cela, ils ont administré une stimulation de chaleur douloureuse et une stimulation non-douloureuse aux participants. Ce en utilisant une résonance magnétique fonctionnelle pour étudier leur activité cérébrale. Les chercheurs sont partis d’une hypothèse. Celle disant que l’attention pleine -ou prédisposition d’une personne à être consciente- serait liée à une plus faible sensibilité à la douleur. Et à une plus faible activation d’un circuit cérébral appelé réseau de mode par défaut.
Le réseau de mode par défaut comprend plusieurs aires du cerveau qui sont interconnectées et actives à l’état de repos. Celui-ci concerne le moment où une personne ne prête pas attention au monde extérieur et se concentre sur ses états internes. Certaines aires essentielles du cerveau qui forment ce réseau incluent le cortex cingulaire postérieur, le cortex préfrontal médian et le gyrus angulaire.
Méditation et réseau de mode par défaut
On sait que la méditation implique un exercice attentionnel dans l’expérience immédiate. Elle suppose aussi un éloignement vis-à-vis des distractions, comme la pensée auto-référentielle et l’esprit errant.
La méditation a été associée à l’activité relativement réduite d’un réseau de régions cérébrales impliquées dans le processus auto-référentiel. On connaît ce dernier sous le nom de réseau de mode par défaut. Ou DMN (son sigle en anglais, default mode network) chez des personnes qui méditent souvent, en comparaison avec d’autres qui ne méditent pas.
L’esprit errant, lui, a été associé à l’activité dans le DMN. La réduction de l’activité du DMN au cours de la méditation a été reliée à une meilleure attention soutenue. Des recherches suggèrent que la méditation joue un rôle important au niveau de la réduction du processus du réseau de mode par défaut au cours de l’exercice.
Pourquoi le mindfulness soulage-t-il la douleur ?
Cette nouvelle étude a trouvé qu’une plus grande attention consciente était liée à une plus faible activation du cortex cingulaire postérieur. À l’inverse, les personnes qui ont signalé une plus grande douleur ont révélé une plus grande activité dans cette zone. Zeidan explique ceci en disant que le mode par défaut se désactive quand on réalise n’importe quel type de tâche, comme lire ou écrire.
Il ajoute aussi que le réseau de mode par défaut se réactive chaque fois que l’individu cesse de faire quelque chose et retourne à ses pensées, ses sentiments et ses émotions.
“Les résultats de notre étude ont montré que les individus conscients semblent être moins atteints par l’expérience de la douleur”, dit Zeidan. “Nous avons maintenant de nouvelles munitions pour attaquer cette région du cerveau lors du développement de thérapies efficaces pour la douleur”.
Les chercheurs espèrent que leurs trouvailles pourront aider à soulager ceux qui vivent avec une douleur chronique. “Grâce à nos précédentes recherches, nous savons que nous pouvons augmenter l’attention. Ce lors de périodes relativement courtes d’entraînement de méditation consciente. Cela peut devenir une façon efficace de soulager la douleur de millions de personnes qui souffrent de douleur chronique”, concluent-ils.
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