Pourquoi ne pouvons-nous parfois pas supporter la solitude ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Notre relation avec la solitude en dit long sur nous. Être conscient de nos humeurs, de nos pensées, de nos désirs ou de nos besoins – et nous arrêter pour réfléchir sur eux – nous permet de trouver une stabilité psychologique même en période de conflit. Cette introspection s’alimentera du temps que nous nous accordons pour être seul.
La capacité de profiter de la solitude choisie est un signe de maturité émotionnelle et d’indépendance qui permet d’améliorer la connaissance de soi.
Est-il possible que nous ne puissions nous supporter nous-mêmes de sorte que nous avons besoin des autres pour nous sentir plus acceptables ? La dépendance dans les relations et les conflits sentimentaux nous conduit à un vide émotionnel et à ne pas tolérer la solitude. Nous tombons dans des relations de codépendance, de symbiose et de confusions de liens basées sur une sociabilité qui n’est pas authentique.
Lorsque le silence de la solitude génère l’angoisse
Se sentir bien dans la solitude est une expérience très personnelle. Chaque moment que nous passons seul est unique, naîtront en nous des sensations différentes en fonction du moment vital dans lequel nous sommes et de comment nous nous trouvons psychologiquement.
Tous les esprits ne parviennent pas à contenir et à intégrer la douleur causée par certains conflits et circonstances de la vie. Entendre notre propre écho nous donne parfois le vertige et, par conséquent, nous nous entourons de bruit extérieur. Éviter de se choisir soi-même en tant que compagnie consiste à essayer de fuir par un chemin sans issue, le vide finissant tôt ou tard par se faire remarquer.
Si nous ne pouvons pas supporter la solitude, nos masques tomberons inévitablement, l’authenticité étant mise de côté de sorte que nous puissions jouer sur l’évitement. Nous ferons tout notre possible pour ne pas rester seuls et déguiser cette peur à travers de fausses justifications. Nous passerons de relation en relation sans même savoir ce que nous recherchons. Nous verserons notre angoisse sur nos amis et notre famille afin qu’ils supportent une partie de notre fardeau et nous soulagent momentanément. Nous essayerons de trouver l’anesthésie à l’anxiété en prenant des médicaments. Toute option sera valide afin de ne pas avoir à affronter la solitude et le message qui en émane.
Dans le cas où la solitude nous génère un mal-être, de l’inconfort, de l’ennui, de l’angoisse ou de l’anxiété, il convient de s’arrêter et de réfléchir : suis-je bien avec moi-même ? Y a-t-il quelque chose qui me préoccupe ou m’inquiète ? Suis-je capable de nommer les émotions que je ressens ? Puis-je expliquer à travers des mots ce qui me traverse l’esprit et le cœur ?
Lorsque la solitude est ressentie comme inconfortable ou désagréable, il y a un message qui cherche à être entendu. Quelque chose ne fonctionne pas correctement si nous passons systématiquement tout notre temps avec d’autres personnes. Éviter la solitude à tout prix et à n’importe quel prix reflète un conflit intrapersonnel. Si nous évitons de prendre nos responsabilités, nous finirons par chercher n’importe quel moyen de calmer ce al-être, sans parvenir à comprendre ou à affronter ce qui nous arrive réellement.
La solitude est réparatrice
Face à certains événements vitaux, un temps de solitude est nécessaire pour organiser les idées et intégrer nos sentiments. Les pertes et les changements génèrent un déséquilibre émotionnel que nous devons organiser nouvellement pour retrouver la tranquillité.
Passer du temps seul est essentiel pour pouvoir ressentir et accepter nos propres expériences. Bien évidemment, nous avons également besoin d’autres personnes pour partager nos expériences et nos préoccupations, mais écouter notre voix est très important. Passer du temps avec les autres ne devrait pas être un substitut à la réflexion personnelle, mais un complément.
Se réserver des moments de silence avec soi-même nous invite à placer l’attention sur notre monde intérieur. Nous serons les seuls à écouter nos pensées et à affronter nos émotions. Personne d’autre n’entrera en scène et la responsabilité de savoir comment gérer ce qui nous affecte se trouvera entre nos mains. C’est alors que nous pourrons profiter de la tranquillité et apprendre à gérer le mal-être.
La solitude nous permet de réaliser un effort pour nous comprendre. La solitude nous offre l’opportunité de choisir que faire, quand et comment, et de profiter du processus.
En termes de relations ce qui importe est la qualité, non la quantité. La présence de quelqu’un à nos côtés peut nous faire nous sentir pareil ou plus seul que nous ne l’étions. La compagnie n’est pas une garantie de bien-être individuel.
La solitude choisie est la meilleure compagnie possible
Profiter de la solitude dépend de notre capacité introspective, en d’autres termes, de notre capacité à nous analyser nous-mêmes. Cette capacité reflète le niveau d’engagement et d’implication que nous avons avec nous-mêmes, c’est-à-dire dans quelle mesure nous prenons en charge notre propre vie sans faire reposer notre monde intérieur et nos conflits sur les autres. Une chose est de chercher la compagnie des autres pour donner ce que nous disposons en trop, une autre est de rechercher la compagnie des autres pour combler ce qui nous manque .Il ne s’agit pas simplement de rester sans la présence de qui que ce soit, mais plutôt de pouvoir profiter de soi-même en étant seul. Se tenir compagnie, se choisir en tant que partenaire et en profiter – voir même en étant avec d’autres – est ce qui fait la différence. Cela signifiera que la relation avec les autres sera basée sur le désir et non sur la nécessité.
“Quelle agréable surprise est de découvrir qu’après tout, être seul ne signifie pas forcément se sentir seul.”
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Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González