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Perception sociale : l'art complexe d'inférer des choses sur les autres

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Que pensent les autres de vous ? Sommes-nous doués pour répondre à cette question ? Nous aborderons ci-après un concept très important : la perception sociale.
Perception sociale : l'art complexe d'inférer des choses sur les autres
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 18 janvier, 2022

Une grande partie de ce que vous pensez des autres n’est pas vrai. De plus, il y a ceux qui se considèrent comme de vrai Sherlock Holmes de la perception sociale alors qu’il échoue dans toutes les déductions et lectures du comportement des autres. Et nous échouons parce que dans la vraie vie, rien n’est aussi complexe que d’essayer de comprendre les autres et d’avoir une image de ce à quoi ils peuvent ressembler.

Nous avons tous, à un moment donné, essayé d’expliquer ces moments où nous voyons quelqu’un agir d’une manière singulière. Si nous observons quelqu’un qui pleure à une station de métro, par exemple, nous supposons qu’il souffre du chagrin d’amour. La femme inquiète qui parle au téléphone à l’intérieur de sa voiture a cette expression car, sûrement, son fils lui donna de mauvaises nouvelles…

Nous pourrions mettre des milliers d’exemples de ces interprétations imaginatives que notre esprit fait à propos de nombreuses situations que nous rencontrons dans notre vie quotidienne. Et dans près de 80% des cas, nous aurons tort. Ce n’est pas nous qui le disons, mais la science. De plus, une étude révèle également que la plupart d’entre nous gérons des hypothèses inexactes sur la façon dont les autres nous voient.

Le fait que nous prenions beaucoup de choses pour certaines ne signifie pas qu’elles le sont vraiment. Chacun de nous construit ses vérités à travers la perception sociale et cela peut parfois nous conduire à des souffrances inutiles et renforcer des préjugés et des stéréotypes notables.

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Qu’est-ce que la perception sociale ?

La perception sociale définit ces processus mentaux qui nous permettent de faire des déductions et des impressions sur les autres. Ce sont les considérations et les interprétations que nous faisons lorsque nous assistons à leurs comportements, leurs apparences, leur langage verbal et non verbal.

La recherche psychologique sur ce sujet commença à la fin des années 1950 grâce aux travaux du psychologue autrichien Fritz Heider. En tant que figure de proue de l’école Gestalt, il publia un ouvrage intitulé La psychologie des relations interpersonnelles qui jeta les bases de la façon dont nous évaluons les autres.

Plus tard, Solomon Asch fut également un pionnier en nous expliquant comment nous construisons ces premières impressions que nous faisons lorsque nous rencontrons quelqu’un. Selon lui, on regarde certains traits centraux (l’apparence) et de là on en déduit d’autres traits périphériques (la personnalité).

Il nous dit également dit que la perception sociale n’est pas un reflet de la réalité, mais pour nous, constitue notre vérité. Et cela, bien sûr, peut parfois être problématique.

La lentille à travers laquelle vous percevez le monde est déformée

La perception sociale agit comme une lentille à travers laquelle nous voyons la réalité. Mais il faut faire attention car elle est déformée. Ce n’est pas un reflet exact. Et nous n’en avons toutefois pas conscience. La vérité est que nous regardons le monde et les autres à travers des verres de piètre prescription.

Pourquoi sont-ils mal gradués ? Le problème est que nous analysons le monde à travers des facteurs tels que les émotions, les idées préconçues, l’éducation, les prédispositions génétiques, les préjugés, les stéréotypes et d’innombrables autres distorsions cognitives. Daniel Kahneman, le célèbre psychologue qui reçut le prix Nobel d’économie, est un expert de tous ces facteurs de distorsion.

Nous utilisons tous des dizaines de biais cognitifs qui créent une réalité sociale subjective qui ne ressemble en rien à la réalité sociale objective. Désormais, plus d’un peut se demander à quel point il est important de vivre installé dans « notre propre réalité ». N’avons-nous pas le droit de tirer nos propres conclusions et d’en vivre ?

Mais attention, la perception sociale peut nous amener à faire des inférences chargées de préjugés. De même, cette construction psychologique est celle qui amène les personnes à avoir des perceptions radicales des choses et qu’il nous est difficile de parvenir à des accords. Enfin, nous pouvons considérer comme valides des interprétations de nous-mêmes qui limitent complètement notre potentiel et notre bien-être.

L’un des plus grands défis des êtres humains est de s’assurer que leurs perceptions sociales sont aussi proches que possible de la réalité. Ce n’est qu’ainsi que nous façonnerons une société plus respectueuse, libérée des jugements rapides et dangereux.

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La façon dont nous pensons être perçus et les souffrances inutiles

Pour certains, la terre est plate. Pour d’autres, avoir une certaine couleur de peau est dangereux. Il y a ceux qui regardent craintivement ceux qui ont des tatouages et certains font pleinement confiance à la bonté de l’être humain. La perception sociale fait que chacun a une réalité préférée et s’y positionne comme le colon qui conquiert son lopin de terre morale et idéologique pour y vivre.

Maintenant, la perception sociale est également liée à la façon dont vous pensez que les autres vous voient. Et cela, parfois, peut être orageux. Nous évaluons constamment la façon dont ceux qui nous entourent peuvent nous percevoir. Lui aurais-je plu ? M’a-t-il trouvé intéressant ou ignorant ? Insécure ou déterminé, ennuyeux ou spirituel ?

Des travaux de recherche, comme ceux menés conjointement entre les universités Harvard, Cornell, Essex et Yale, révélèrent quelque chose de très intéressant. Il y a un fait que les experts savaient déjà auparavant : nous avons tendance à sous-estimer l’impact que nous créons sur les autres. Cette étude le conforte car après une conversation avec un inconnu, nous avons tendance à croire qu’on ne lui fit pas bonne impression. C’est une erreur.

Perception sociale et écart de goût

Évidemment, on ne peut pas être aimé de tout le monde. Cependant, notre perception sociale de l’impression que nous faisons sur les autres est “presque” toujours neutre ou négative. C’est ce qu’on appelle l’écart de goût. Cependant, la vérité est qu’on nous aime davantage que nous ne le pensons.

Arrêtons de douter autant de notre valeur ou de notre impact sur ceux qui nous entourent car il est plus facile d’être apprécié  que l’inverse. Nous avons également un objectif mal ajusté pour nous regarder et cela agit presque comme une batte de baseball frappant l’estime de soi. Evitons cela.

Il est temps de façonner une perception sociale plus proche de la réalité pour moins souffrir et ne pas tomber dans quelque chose d’aussi dangereux que les jugements rapides, les stéréotypes et les préjugés.

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  • Boothby, E. J., & Bohns, V. K. (2021). Why a simple act of kindness is not as simple as it seems: Underestimating the positive impact of our compliments on others. Personality and Social Psychology Bulletin, 47(5), 826–840. https://doi.org/10.1177/0146167220949003
  • Boothby, E. J., Cooney, G., Sandstrom, G. M., & Clark, M. S. (2018). The liking gap in conversations: Do people like us more than we think? Psychological Science, 29(11), 1742–1756. https://doi.org/10.1177/0956797618783714

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