Quand nos ex reviennent
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Un message, un appel et ils sont là : nos ex-conjoints rappliquent. Au moment-même où nous avions exorcisé leurs noms et oxygéné nos cœurs, ils reviennent comme des drogués en manque à la recherche de leur dose d’ego. Ils apparaissent tels des vendeurs de fumée évoquant les bons moments partagés, idéalisant un amour jamais parfait, ni idéal et encore moins florissant.
Cela ressemble beaucoup à un titre de film d’horreur de série B: Les ex reviennent toujours. Cependant, cette assertion souvent partagée n’est ni vraie ni ne se réalise à tous les coups. Les relations affectives sont de tous types, plus ou moins heureuses, plus ou moins mûres et avec des protagonistes aux différents styles de personnalité et de comportement.
“Je suis l’ego, je veux c’est le désir; éliminez l’ego et le désir et vous avez la paix. ”
-Sri Sathya Sai Baba-
Il y a ceux qui reviennent, il n’y a aucun doute, mais il y a aussi ceux qui disparaissent pour toujours, telles les larmes que nous avons un jour versées pour eux. Il y en a qui sont encore présents dans notre cercle social, si bien que nous maintenons avec eux une relation cordiale et amicale. Chaque personne est un monde et chaque monde présente sa propre «biodiversité» psychologique.
Cela dit, parmi toute cette flore et cette faune, il y a un schéma qui se reproduit souvent. Nous faisons là référence à cet ex qui décide de revenir pour tout bouleverser, qui revient affamé de reconnaissance et frappe à notre porte de la même manière qu’il y revient : par égoïsme.
Lorsque nos ex reviennent réclamer ce qu’ils ont perdu
Parfois, nos ex-conjoints reviennent réclamer quelque chose qu’ils pensent être à eux. Les stratégies psychologiques souvent utilisées pour s’approprier nos espaces émotionnels sont aussi récurrentes qu’épuisantes. Ils n’hésitent pas à nous dire qu’eux seuls savent nous rendre heureux, que personne ne nous connaît aussi bien et que notre histoire était quelque chose d’unique, que nous ne pouvons donner pour perdu.
Ils accourent à nos portes psychologiques, appelant avec une douceur exquise qui nous rappelle des passages d’un passé qui rouvre des blessures, qui les infecte et voile un équilibre auquel nous étions si péniblement parvenus. Cela ne manque pas de nous rappeler l’adage selon lequel “qui ne part sans être renvoyé, revient sans être appelé“. On peut donc s’interroger sur le fait que nous n’ayons pas clairement mis fin à cette relation et que, d’une certaine manière, en ne clarifiant pas les choses, nous encourageons nos ex-partenaires à revenir.
Il est clair que ce n’est pas vrai. Il y a des gens qui ne conçoivent pas les fins, qui ne vivent ni ne laissent vivre et qui se croient même de plein droit pouvoir réclamer ce qu’ils pensent être à eux. Ce sont parfois des situations très nuisibles voire même violentes, basées sur un mécanisme cérébral complexe et dangereux. Ainsi, des auteurs aussi célèbres que l’anthropologue et biologiste Helen Fisher nous disent qu’il y a des gens incapables de gérer et de tolérer une rupture affective.
Leur cerveau montre habituellement une hyperactivité dans le tegmentum et dans le noyau accumbens. Ce sont des régions liées aux addictions, aux obsessions et au système de récompense. Il est intensifié par la libération excessive d’un neurotransmetteur très spécifique: la dopamine.
Parfois nous disons assez ! Assez de vivre dans un cercle émotionnel continu, pour faire notre vie avec des gens pour qui tout est dramatique et qui épuisent nos ressources. Cependant, en dépit d’avoir clairement annoncé, et sans ambages, que tout est fini, il est de ces ex qui reviennent réclamer ce qu’ils croient être à eux, envahir et perturber nos espaces, portés par une obsession maladive.
Ne pas rouvrir les portes qui doivent rester fermées pour toujours
Parfois, nos ex reviennent alors qu’ils passent un mauvais moment avec leur nouveau conjoint. C’est très commun quand ils ne reçoivent pas assez d’attention ou quand leur réserve d’ego est au rouge, sous le minimum. Ils nous adressent alors un message printanier plein de nostalgie évocatrice tandis qu’on s’y attend le moins. Et parfois, nous cédons.
Que nous tombions dans le piège est compréhensible, mais que nous mordions à l’hameçon pour le gober, là, ce n’est pas recommandé. Au moment où chacun prend différentes directions pour refaire sa vie, il n’est pas sain de frapper à la porte de l’autre en faisant reluire ce que nous avons laissé en arrière. Il n’est pas non plus digne ou acceptable de solliciter son ex à un moment où il ne se sent pas suffisamment valorisé dans sa relation actuelle.
Les “terroristes émotionnels” existent, et il y en a dans les deux sexes, c’est clair. Ils viennent à nous pour détruire tout ce qui a été reconstruit après la rupture, ils viennent avec des cadeaux de bonimenteurs, avec des mots valises, avec des compliments à double tiroirs. Il faut donc avoir du nez et un radar en alerte pour détecter cet envoûtement mû par l’ego au lieu de l’amour, qui se nourrit des intérêts et non des affections authentiques.
Chaque couple est un monde que nous connaissons et il est très possible que les relations que nous laissons derrière nous méritent une nouvelle opportunité. C’est quelque chose que tout le monde devrait apprécier avec une sagesse méticuleuse et jamais par impulsion. Cependant, s’il y a une chose à laquelle nous devrions faire attention, il y a des portes qui ne méritent pas d’être rouvertes, voire des seuils qui n’auraient jamais dû être franchis.
Puisque nous l’avons fait, puisque nous l’avons essayé et vécu une expérience qui nous a laissé plus de marques que de sourires, soyons intelligents, soyons prudents et mettons sous scellés ce qui ne nous a montré que des faussetés.
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