L'histoire du loup que personne n'écoutait

L'histoire du loup que personne n'écoutait

Dernière mise à jour : 28 avril, 2017

Le conte pour enfants du Petit Chaperon Rouge est l’un des plus connus et diffusés depuis des années. La version originale est narrée du point de vue de la petite fille, qui est menacée, ainsi que sa mère-grand, par un terrible loup féroce.

À chaque fois que nous avons entendu ce conte, nous avons cru que c’était la véritable version du Petit Chaperon Rouge et la plupart des gens ne se sont jamais demandés ce que le loup avait à dire sur tout cela. Mais en tant que présumé coupable dans cette histoire, il a sûrement quelque chose d’intéressant à y ajouter.

Lief Fearn, en 1988, a décidé de prendre l’histoire d’un autre point de vue, de celui du loup et lui a permis de raconter sa propre version. Son histoire aide à nous faire comprendre que parfois il est nécessaire d’écouter les deux versions avant de juger qui que ce soit.

L’histoire du loup calomnié

La forêt était ma maison. J’y vivais et j’en prenais soin. Je faisais toujours attention à la garder propre et bien rangée. Une journée ensoleillée, alors que j’étais en train de ramasser les déchets que des promeneur-se-s du dimanche avaient laissés, j’ai entendu des pas. D’un saut, je me suis caché-e derrière un arbre et j’ai vu une petite fille qui descendait par le sentier avec un petit panier dans la main.

Immédiatement, je l’ai suspectée car elle était habillée de manière un peu saugrenue, tout en rouge, avec la tête recouverte, comme si elle ne voulait pas être reconnue.

Naturellement, je me suis arrêté pour savoir qui c’était et je lui ai demandé comment elle s’appelait, où elle allait etc. Elle m’a raconté qu’elle allait porter de la nourriture à la mère-grand et elle me parut être une personne honnête. Cependant, elle était quand même dans ma forêt et elle était bizarre avec son chaperon étrange, alors je l’ai avertie du danger qu’il y avait à traverser ce bois sans avoir préalablement demandé la permission et surtout avec une tenue aussi criante.

Je l’ai laissée partir sur son chemin et ensuite, je me suis dépêché, par un raccourci que je connaissais, pour arriver avant elle à la maison de sa mère-grand. Quand j’ai vu cette petite vieille sympathique, je lui ai expliqué le problème et elle tomba d’accord avec moi sur le fait que sa petite-fille avait besoin d’une leçon. Nous avons décidé qu’elle resterait hors de la maison mais elle s’est cachée sous le lit. Je me suis alors habillé avec ses vêtements et je me mis dans son lit.

Quand la petite-fille arriva, je l’ai invitée à entrer dans la chambre. Lorsqu’elle s’est assise dans le lit, elle a commencé par dire quelque chose de désagréable sur mes grandes oreilles. On m’avait déjà dit des choses comme ça précédemment, mais j’ai fait ce que j’ai pu pour défendre mes oreilles et je lui ai dit que grâce à elles, je pouvais mieux entendre.

J’ai aussi voulu lui dire que j’adorais son timbre de voix et comment elle l’utilisait pour raconter des histoires. Je voulais vraiment écouter ce qu’elle avait à me dire, mais elle fit tout de suite un autre commentaire sur mes yeux globuleux. Comme vous pouvez imaginer, j’ai commencé à ressentir une certaine antipathie pour cette petite fille qui, en apparence, était très bonne mais qui n’était en fait pas très gentille. Mais comme c’est une habitude chez moi de tendre l’autre joue, je lui ai dit que mes grands yeux me servaient à mieux la regarder.

L’insulte suivante me blessa vraiment. Je suis conscient que mes dents ne sont pas des plus jolies, mais le commentaire qu’elle fit fut très désagréable. Ainsi, même si j’ai fait tout mon possible pour me contrôler, j’ai sauté du lit et je lui ai dit furieusement que mes dents me servaient pour mieux la manger !

Maintenant, soyons sincère, tout le monde sait qu’aucun loup ne mangerait pas une petite fille. Mais cette petite folle a commencé à courir dans la maison en criant et moi, derrière, en essayant de la calmer jusqu’à ce qu’un garde forestier apparaisse à l’improviste à la porte de la maison avec une hache dans la main.

Le pire de tout, c’est que j’avais enlevé la robe de mère-grand et j’ai immédiatement remarqué que je m’étais mis dans une situation inextricable. Sans voir d’autre option, je me suis jeté par la fenêtre ouverte et j’ai couru le plus vite possible.

J’aurais aimé dire que c’est ainsi que s’est terminé cette histoire mais la mère-grand n’a jamais raconté la vérité. Peu après, des rumeurs ont commencé à circuler sur le fait que j’étais mauvais et antipathique, et tout le monde a commencé à m’éviter. Je ne sais pas ce qu’est devenu cette petite fille avec ce chaperon rouge, mais depuis cet incident, je n’ai jamais réussi à vivre en paix à nouveau.

L’art d’écouter

Comme on le voit dans l’histoire du Petit Chaperon Rouge, nous avons tendance à voir une histoire à partir d’une version, sans voir ce que les autres pourraient y apporter. Face à une même réalité, chaque personne peut vivre et expérimenter des choses de manière différente et unique.

Pour pouvoir connaître la version d’une autre personne, il est nécessaire de montrer de l’intérêt pour elle et de prendre un moment pour l’écouter. Ainsi, ne pas considérer les choses comme figées et ne pas être prisonnier-ère-s du jugement envers les autres peut éviter des malentendus.

Demander et savoir écouter est souvent plus difficile que parler et donner son avis. Nous avons souvent tendance à écouter uniquement pour répondre, et non pas pour comprendre. Avant de remplir notre bouche de mots, nous devrions remplir nos oreilles de ce que la personne a à nous dire.

Demandez d’abord, jugez ensuite

Ignoré et calomnié, le loup a été déclaré coupable sans que personne ne s’intéresse jamais à sa version. Lui avoir demandé à temps ou lui donner l’opportunité de s’expliquer nous aurait permis de connaître son point de vue et non pas de le condamner aussi rapidement.

Dans la plupart des cas, le petit chaperon rouge n’est ni aussi innocente que le loup n’est coupable.

Les loups que nous condamnons trop vite sans s’être intéressés à ce qu’ils avaient à raconter sont nombreux dans notre société. De la même manière, beaucoup d’entre nous, avons été des loups dans l’esprit de celleux qui ont écouté des versions différentes des nôtres.

Souvenez-vous que dans les histoires, il y a autant de points de vue que de personnes impliquées. Écouter les différentes versions, demander aux différentes parties et ne pas juger trop vite vous aidera à ce que les loups de votre vie puissent vivre en paix.

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