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L'Evadé d'Alcatraz: suspens et liberté

7 minutes
L'Evadé d'Alcatraz est l'un des films sur l'univers carcéral par excellence, un hymne à la liberté dans sa forme la plus pure. Asphyxiant et claustrophobique, il parvient à nous piéger et à nous envelopper dans une atmosphère où le suspens règne jusqu'au bout. Dans cet article, nous souhaitons passer derrière les barreaux d'Alcatraz.
L'Evadé d'Alcatraz: suspens et liberté
Leah Padalino

Rédigé et vérifié par critique de cinéma Leah Padalino

Dernière mise à jour : 11 novembre, 2022

Dans un décor le plus isolé et le plus inhospitalier du monde, là où reposaient les criminels les plus dangereux, le mythe est né, la légende qui sera ensuite portée au cinéma sous le titre L’Evadé d’Alcatraz (Don Siegel, 1979). Le film est devenu une référence dans le genre carcéral (et à juste titre) ; en réalité, à chaque fois que nous voyons un film similaire, il est inévitable de penser à L’Evadé d’Alcatraz.

L’atmosphère froide, hostile, l’enfermement et surtout, le suspens asphyxiant en font un film fascinant qui vous colle à l’écran. Le visage énigmatique d’Eastwood est un autre des grands succès du film. De même que l’emplacement exceptionnel et le contexte réel de l’histoire. Il semble qu’un film basé sur des événements réels suscitera toujours plus d’intérêt. Et d’autant plus s’il s’agit de l’un des mythes les plus répandus du XXème siècle.

Une prison sur une île assurait l’enfermement des prisonniers, les empêchait de s’évader et pourtant, ils ont réussi. S’ils ont survécu ou non est un autre des mystères qui ont conduit Alcatraz à être connue dans le monde entier. Le cinéma a contribué à mythifier cette image et a permis à l’imaginaire collectif de faire ses suppositions.

Don Siegel nous a apporté le film sur l’univers carcéral par excellence. Il a amené l’angoisse dans les salles de cinéma et nous a fait ressentir de l’empathie pour les prisonniers qui s’y trouvaient et qui n’aspiraient qu’à une chose : la liberté.

L’Evadé d’Alcatraz : Alcatraz, derrière les barreaux

L’île d’Alcatraz se situe près de la baie de San Francisco (Etats-Unis). Elle a servi de fortification militaire, mais on la connaît surtout car elle a accueilli des prisonniers aussi célèbres qu’Al Capone. Après 29 ans de fonctionnement, la prison a fermé ses portes et plusieurs tribus amérindiennes l’ont occupée. Aujourd’hui, l’île d’Alcatraz est un parc national et un lieu historique.

Pendant ses années de prison fédérale, l’île a également fourni des logements aux employés et à leur famille. La fonction principale d’Alcatraz était de détenir des prisonniers considérés comme extrêmement dangereux, qui avaient causé des dommages dans d’autres prisons et dont la réinsertion était considérée comme impossible. L’endroit était presque inaccessible et garantissait son statut d’extrême sécurité, les prisonniers n’avaient même pas le droit de parler.

D’une certaine façon, une sorte de halo de mystère et de terreur s’est créé autour de la prison. D’une part, elle abritait les prisonniers les plus dangereux et d’autre part, on entendait d’innombrables atrocités autour d’Alcatraz. Les suicides parmi les prisonniers augmentaient, d’autres comme Rufe Persful se mutilaient même les doigts, etc.

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La mauvaise réputation a accompagné Alcatraz pendant longtemps. En effet, on ne savait pas ce qui se passait derrière ses barreaux, mais les rumeurs se faisaient de plus en plus fortes. Cependant, il semble que certains aient souligné que les conditions de détention n’étaient pas aussi mauvaises qu’elles en avaient l’air. Et qu’il y avait même des prisonniers qui ont demandé à être envoyés à Alcatraz en alléguant que la nourriture était meilleure que dans les autres prisons. Mais la controverse n’a jamais cessé. Procès, suicides… Tout semblait indiquer qu’Alcatraz était un lieu où régnait l’hostilité.

Au cours des dernières années de fonctionnement, il semble que certaines des règles strictes de la prison aient été éliminées ou assouplies. Il y a eu plusieurs tentatives d’évasion au cours de ses années en tant que prison, mais deux sont entrées dans l’histoire. On connaît la première d’entre elles sous le nom de la Bataille d’Alcatraz, qui a fait un total de cinq morts : deux gardes et trois détenus, ainsi que plusieurs blessés. La seconde est la seule tentative satisfaisante : l’évasion d’Alcatraz le 11 juin 1962.

Le cerveau du plan était Frank Morris, un voleur accusé de possession de stupéfiants et de vol à main armée, dont le QI était beaucoup plus élevé que la moyenne. Avec lui, les frères John et Clarence Anglin ont réussi à s’échapper ; Allen West a collaboré avec eux et était prêt à fuir, mais en raison d’un problème avec son conduit de ventilation, il n’a pu s’échapper. Le plan était absolument parfait et les prisonniers ont disparu sans laisser de traces. Le FBI les a crus pour morts, mais le mystère est toujours vivant aujourd’hui.

On dit que la mère des Anglin recevait deux bouquets de fleurs à chaque fête des mères, avec une photo qui les montre vivants. En 2013, le FBI a rouvert le dossier après avoir reçu une lettre signée par John Anglin indiquant que l’évasion avait réussi et qu’il était actuellement malade. On ne saura peut-être jamais ce qui s’est passé, mais cela fait partie de la magie de cette histoire.

Pourquoi sommes-nous si attirés par ces histoires ? Parce qu’elles nourrissent notre imagination et se connectent avec un sentiment commun : le désir d’être libre. Le cinéma a mis des images dans notre imagination et nous a permis de visualiser ce à quoi ressemblait cette évasion exceptionnelle. Elever les prisonniers au rang de héros de la société pour avoir défié le système et pour avoir réalisé ce que nous voulons tous : la liberté.

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L’Evadé d’Alcatraz : un chemin claustrophobique vers la liberté

Le film commence par une scène presque fantasmagorique de l’île au milieu de la nuit. La pluie et la musique nous tiennent en alerte. Frank Morris avance dans l’obscurité accompagné par les gardes qui l’emmènent à la prison, on observe le phare au loin et, peu à peu, nous approchons de l’île. Cette introduction est parfaite, tous les éléments sont en parfaite harmonie et introduisent le spectateur à l’histoire.

Frank Morris se présente comme un personnage silencieux, qui s’exprime à peine avec des mots. Son viage est froid et distant, toujours imperturbable. En réalité, peu de visages auraient pu mieux convenir au personnage qu’Eastwood. Siegel met en valeur le visage énigmatique, les gestes et les petits détails de son protagoniste.

On nous donne l’information de façon progressive. En effet, nous savons que Morris possède une intelligence inhabituelle, bien supérieure à la moyenne. Mais nous n’en savons pas beaucoup plus sur lui. L’atmosphère qui se crée autour du personnage est fascinante, de même que les autres détenus et le personnel pénitentiaire sont parfaitement exploités.

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L’Evadé d’Alcatraz nous plonge dans l’obscurité de la prison, la vie difficile des détenus et nous montre la perspicacité exceptionnelle de Morris. Le grand réalisme et le détail avec lequel toutes les étapes du plan se présentent font du film un chef-d’œuvre. Un film dont il est impossible de se détacher. La tension augmente jusqu’à la culmination finale.

Peu importe si nous connaissons déjà l’histoire. Peu importe si nous connaissons déjà tout le plan en détail. La tension se maintient malgré tout des premières minutes de la séquence aux dernières. Le suspens n’est pas généré par l’inconnu, mais par le connu. Nous connaissons la fin, mais nous voulons voir comment ils y parviennent. Nous percevons l’angoisse des personnages et leurs peurs et leurs préoccupations traversent l’écran. Leur désir de liberté est si fort que même la peur d’être découverts ou fusillés ne pourra pas les arrêter. Et nous non plus en tant que spectateurs.

Enfin, ils nous donnent du répit. Les vagues de la mer sont un soulagement. Un petit espoir. Et ils brisent cette atmosphère sombre et suffocante du début.

L’Evadé d’Alcatraz nous donne l’occasion de nous plonger dans l’un des grands mystères du XXème siècle, en laissant une fin ouverte comme celle que cette histoire avait en réalité, mais avec un souffle d’espoir. Il joue avec la subtilité, avec le langage non verbal, avec l’angoisse et la claustrophobie produites par l’enfermement, mais surtout, avec le désir de liberté. Le film devient ainsi une véritable leçon de suspens et, en somme, de cinéma.

En fin de compte, il ne reste plus qu’à se demander : qu’est-ce réellement la liberté ? Peut-être qu’ils n’ont pas survécu (ou peut-être que si), mais dans tous les cas, ils étaient libres. La mort peut parfois être plus libératrice que la vie elle-même. C’est pourquoi nous aimons tant cette histoire. Parce qu’elle est liée à ce sentiment que tous les humains possèdent et auquel ils aspirent : la liberté.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.