Les dessins d'enfants : une fenêtre sur leur monde intérieur

Comprendre les enfants au-delà des mots par le dessin, c'est possible !
Les dessins d'enfants : une fenêtre sur leur monde intérieur
Alicia Yagüe Fernández

Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Yagüe Fernández.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Les dessins peuvent être un outil très puissant dans l’expression émotionnelle des enfants. Peindre est un acte libérateur. Personne ne nous apprend à dessiner, et ce n’est pas nécessaire, car nous commençons naturellement à le faire.

Les enfants adorent le dessin et leur attention se focalise entièrement sur celui-ci. C’est un jeu qui les motive, les stimule et leur donne leur propre espace de concentration.

À certains âges, le langage n’a pas encore complètement fini de se développer. Le dessin est alors un moyen de communication fondamental. Le dessin, en plus d’être un jeu très précieux, est une grande ressource pour comprendre leurs sentiments et établir un lien avec eux.

Il est donc très important que nous ne les limitions pas par des indications ou des restrictions. Nous ne devons pas critiquer leurs créations, ni décider à leur place. Il est fondamental de les laisser libres de s’amuser et de nous permettre d’en apprendre un peu plus sur leur monde intérieur.

Les dessins sont très importants pour les enfants

Comment développer la capacité à dessiner ?

Lorsqu’un enfant commence à dessiner, nous pensons qu’il ne suit aucun ordre ou modèle. Ce n’est pas vrai. Les dessins d’enfants sont organisés sur la base de lois fondamentales, telles que l’uniformité ou la continuité.

Les éléments, gribouillages et figures seront le reflet des expériences successives que l’enfant a vécues. Après les avoir organisées dans son esprit, il les utilise pour sa création personnelle. En d’autres termes, l’enfant synthétise ce qu’il observe et, à partir de là, représente le modèle qu’il a créé en lui-même et qui lui a permis d’organiser ses perceptions de l’environnement.

L’analyse des dessins d’enfants, en général, a été développée à partir de trois aspects clés. Leur structure, leur thème et leur évolution à travers le développement dans l’enfance. La création graphique comporte des étapes. Cependant, les enfants de toutes les cultures du monde commencent de la même façon : en griffonnant.

Entre deux et quatre ans, les enfants sont initiés à l’art du dessin par des gribouillis et des lignes. Dès le début, nous pouvons voir que la plupart d’entre eux apprécient cette activité. Au fil du temps, les traits deviennent plus contrôlés. Ils seront nommés pour les identifier aux formes du monde réel. Bien qu’ils n’aient aucune ressemblance, c’est un grand progrès.

Vers l’âge de trois ans, les formes émergent. Mandalas, soleils, cercles, triangles, etc. Des formes de base qui se combineront ensuite pour créer de multiples motifs. De l’âge de quatre à sept ans, les premières tentatives de représentation apparaissent.

Les images commencent à être reconnaissables et les thèmes se distinguent. Ils aiment dessiner des figures telles que des personnes, des maisons et des arbres. La figure humaine est presque toujours le thème préféré. À ce stade, ils font un grand effort pour relier leur intention de représentation interne avec le monde réel. Le dessin contient ce qui est significatif pour l’enfant et reflète sa façon d’être en relation avec l’environnement.

Dès l’âge de sept ans, des changements se produisent dans l’expression des dessins des enfants. À ce moment, il existe une nette différenciation du style personnel, la couleur et la forme sont stabilisées.

L’ordre spatial fait son entrée en scène, les figures et les éléments commencent à avoir une orientation dans le papier, par exemple les lignes du ciel ou du sol apparaissent.

Il y aura de plus en plus de détails, de symbolisme et de contenu social. A partir de là, et surtout si l’enfant continue à développer son côté artistique, ses dessins s’enrichiront et à l’adolescence ils pourront faire exploser leur créativité.

Les dessins d’enfants, traducteurs d’émotions

Le dessin joue généralement un rôle très important dans le cas d’enfants souffrant de traumatismes ou d’autres types de pathologies. Dans ces cas, le dessin est un moyen d’exprimer leurs conflits internes.

Pour un psychologue bien formé, le dessin peut être très utile. Il permet de générer des hypothèses sur le diagnostic de l’enfant ou simplement de comprendre sa personnalité. Le jeu qui est établi en concertation permet à l’enfant de se détendre et d’entrer en contact avec un environnement inconnu sans se sentir obligé de parler.

Le dessin aide à relâcher les tensions et permet à l’enfant d’exposer son moi intérieur. Grâce au papier et à la peinture, il peut communiquer son monde sans avoir besoin de recourir à la verbalisation. La libre expression artistique favorise un environnement ludique et fournit des informations sur l’état de développement mental de l’enfant.

L’action même du dessin véhicule des informations importantes. Le professionnel, grâce à la technique de l’observation, pourra analyser la façon dont l’enfant s’exprime, en ayant l’intuition que sa personnalité se reflétera dans différents aspects : ses mouvements, sa capacité d’attention, ses coups sur le papier, la disposition des figures, les éléments choisis, les couleurs, etc.

L’atmosphère détendue favorise la création libre ou nous pouvons même suggérer un thème si nous voulons étudier un domaine spécifique.

Les enfants exposés à un grand stress ou ayant subi un traumatisme reflètent leur détresse dans les dessins. Ils représentent ce qu’ils ont vécu, et peuvent être très explicites selon leur âge.

L’enfant est celui qui guide le thème du dessin à tout moment et le papier peut donc agir comme un miroir où il reflète ce qu’il doit montrer.

“Je préfère dessiner que parler. Le dessin est plus rapide et laisse moins de place aux mensonges.”

-Le Corbusier-

Des enfants faisant des dessins

Quels sont les messages contenus dans les dessins des enfants ?

Lorsqu’un enfant dessine, nous pouvons observer de nombreux aspects de son développement, par exemple, sa capacité d’attention.

Les enfants aiment souvent beaucoup dessiner, donc l’activité les implique souvent dans un halo de concentration qui les laisse absorbés. S’ils ne sont pas capables de maintenir leur attention lorsqu’ils dessinent, ils peuvent avoir un niveau d’attention plus faible dans d’autres types de tâches. Il peut donc être intéressant d’analyser s’il y a un déficit d’attention chez l’enfant.

En observant les créations, nous pouvons également estimer le degré de complexité de la pensée de l’enfant, même si elle est avancée pour son âge. Normalement, les enfants très intelligents produisent des dessins plus complexes. Ceux souffrant de déficits cognitifs s’associent à des dessins de faible niveau ou de niveau inférieur selon leur âge.

De plus, les dessins d’un enfant ouvrent la porte à sa personnalité et à ses émotions. La peinture est un outil qui leur permet de communiquer la façon dont ils se rapportent à leur environnement, de projeter leur famille, leur maison, leurs amis. Ils montrent les faits qui ont le plus attiré leur attention, ce qui a marqué leur expérience.

Les enfants qui ont subi des catastrophes ou des guerres dessinent des scènes du conflit. Ils cherchent à intégrer ce qui s’est passé pour le condamner dans leur esprit, lui donner un sens et l’accepte. Ils transfèrent aussi leurs émotions et prennent une certaine distance, c’est comme si à travers les peintures ils libéraient une partie de ce fardeau.

D’autre part, en analysant des aspects tels que la taille des figures, leur distribution, les distances et les positions, les couleurs utilisées ou les marques et symboles, nous pouvons démêler de nombreuses significations du contenu.

Quelles sont les couleurs qui ressortent ? Y a-t-il une ligne impulsive, calme, agressive ou nerveuse ? Trouve-t-on des incohérences entre les positions des personnages ? Les personnages sont-ils incomplets ? Comment les espaces ont-ils été répartis ?

Nous pouvons établir un dialogue avec l’enfant afin qu’il puisse nous raconter l’histoire du dessin et ainsi parvenir à sa propre interprétation. En d’autres occasions, le professionnel doit explorer des aspects contradictoires que l’enfant ne peut pas révéler directement ou peut le faire avec une sorte de fantaisie.

Un enfant qui a subi des abus sexuels peut être représenté allongé dans son lit avec son père et la main de ce dernier sur son corps. Ou encore, une fille en conflit avec sa mère peut représenter la figure maternelle dans une position éloignée de la sienne, ne pas la dessiner, ou utiliser des couleurs sombres et des lignes incomplètes, ne représenter aucun trait du visage ou du corps, par exemple, que la mère n’a pas de mains ou de bouche.

Bien entendu, un professionnel doit étudier tous ces aspects. Les interprétations des dessins seront des hypothèses qui devront être confirmées ultérieurement par une exploration psychologique approfondie. Il est nécessaire d’analyser chaque cas avec sa propre subjectivité.

Il existe de nombreuses variantes possibles et, avec un simple dessin, aucun diagnostic ne peut être affirmé. Il faut donc prendre en compte d’autres types de tests et d’entretiens.

Malgré cela, les dessins sont un outil très précieux pour établir la communication avec les enfants – et souvent aussi avec les adultes – lorsque nous constatons que la communication directe n’est pas assez riche ou est fermée.

“Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant.”

-Pablo Picasso-

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Quiroga Méndez, M.P. (2007). Estructura y temática en el dibujo infantil, aportaciones fundamentales. Revista Papeles de Pedagodía. UPSA Nº8. Enero-junio 2007, pp. 153-176.
  • Quiroga Méndez, M.P. (2009). Psicología infantil aplicada I. Temperamento, dibujo infantil, inteligencias múltiples, sueño y emociones. Universidad Pontificia de Salamanca. Salamanca. KADMOS.
  • Saínz, A. (2003). Conocer al niño a través de sus dibujos. Madrid. Ediciones Eneida.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.