Les décisions sont subjectives, pas parfaites
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Les décisions sont subjectives, pas parfaites. Cette affirmation semble évidente mais difficilement acceptable lorsque le perfectionnisme coule dans nos veines.
Nous sommes tous conscients de l’importance de la prise de décisions face à notre vie, que ce soit sur le plan familial, professionnel, économique ou au niveau de notre santé. Les décisions que nous prendrons changerons aussi bien la situation que nous vivons que celle que nous vivrons dans le futur.
La capacité à prendre des décisions est évaluée dans de nombreux processus de sélection de personnel. Elle est en effet nécessaire pour un bon nombre de postes à responsabilité.
Par ailleurs, l’une des pierres sur lesquelles nous trébuchons sur notre chemin et qui complique notre faculté à prendre des décisions est la tendance à classer différents phénomènes dans les limites de la dichotomie “bon et mauvais”. Or, cela suppose un jugement qui n’est pas toujours nécessaire.
Les décisions peuvent être extrêmement simples (choisir ce que nous allons manger) ou très complexes (décider de donner un rein). Cependant, même dans ce cas, une classification dichotomique qui polarise ces deux décisions est encore présente et implique un jugement qui n’est pas toujours correct. Dans de nombreuses situations, ce ne sont pas les décisions mais le contexte qui compliquent les choses.
Pour un père, la décision de donner ou non un rein à son enfant peut être très simple. Et, au contraire, décider des meubles à acheter pour le salon peut être affreusement compliqué. Ainsi, nous distinguons la difficulté du choix de la difficulté d’exécution de ce que nous avons décidé.
Nous ne savons pas ce que sont le bien et le mal, mais nous prenons des décisions en nous appuyant sur ces deux concepts.
Mais si les décisions ne sont pas bonnes et/ou mauvaises, que sont-elles ? Elles sont subjectives, personnelles, individuelles, libres.
Les décisions nous font vivre la vie que nous voulons vivre. Ce sont les cartes que nous choisissons de jouer. Cependant, même si la théorie semble évidente, nous finissons toujours par avoir peur de nous décider pour l’option la moins adéquate.
Le perfectionnisme ne me laisse pas prendre de décisions
Le paradoxe du perfectionnisme est qu’il n’est pas parfait. Le perfectionnisme implique de ne jamais être satisfaits de notre exécution ou de notre rendement. La personne perfectionniste fera toujours face à une difficulté supplémentaire au moment de mettre un point final à un projet : elle ne le fera que parce qu’un facteur de la réalité associé à ce projet le requiert, comme une date de remise. Mais, et quand ce facteur n’existe pas ?
Les décisions peuvent être des chaînes infinies de résultats : chaque décision peut déboucher sur une autre décision. Nous allons acheter une voiture, nous choisissons la marque, le modèle, la couleur, le moyen de paiement… Les décisions en chaîne peuvent être extrêmement nombreuses et mener à des processus très longs.
Les personnes perfectionnistes veulent que chaque décision prise soit parfaite. Elles veulent être certaines qu’aucun résultat ne peut être meilleur que le leur. Malheureusement, chaque décision présente un double visage : il y aura toujours une face positive et une face négative, impliquant une “victoire” et quelque chose que l’on laisse partir.
Ainsi, se demander constamment quelle est la meilleure décision à prendre, en prenant en compte le bien, le mal et le résultat attendu, produit de hauts niveaux de souffrance et nous empêche d’avancer sans souffrir d’anxiété.
“Le risque de prendre une mauvaise décision n’est rien comparé à la terreur de l’indécision.”
-Maïmonide-
Comment éviter le perfectionnisme dans la prise de décisions
Comme nous l’avons précisé, la prise de décisions est considérée comme une habileté. Elle est en effet très utile pour accueillir la tranquillité dans notre vie.
Pour éviter que le perfectionnisme ne bloque cette capacité et nous mène à connaître de hauts niveaux d’anxiété, nous devons nous concentrer sur le rôle de l’éducation. Comme toujours, il s’agit d’une voie nécessaire pour un développement sain et fonctionnel. Voici ce que les parents peuvent faire pour favoriser la prise de décisions :
- Donner des responsabilités à leurs enfants. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, les enfants sont de plus en plus disposés à assumer de nouvelles responsabilités. Le faire de façon graduelle permettra de stimuler leur croissance dans de nombreux domaines.
- Eviter la surprotection. Surprotéger les enfants pour ne pas les voir souffrir n’est pas une bonne idée : nous ne faisons que les écarter de leurs choix et de leurs erreurs.
- Les accompagner dans leurs erreurs. L’erreur est une forme d’apprentissage. Même si beaucoup de parents en ont peur et protègent constamment leurs enfants, les erreurs sont aussi nécessaires que les réussites. L’accompagnement en tant que substitut à la punition au moment d’une erreur aidera le petit à avancer sur le bon chemin.
- Favoriser la réflexion, la patience et l’évaluation d’options. Aider à faire baisser l’impulsivité et augmenter la patience -de façon théorique mais également en affichant une attitude patiente face à l’enfant- favorisera la naissance d’une période de réflexion. Celle-ci permettra ensuite une prise de décisions plus sensée.
La confiance liée à la prise de décisions
Toutes ces indications permettent aux enfants de pouvoir grandir avec un bon degré d’estime de soi et de confiance en soi. Ils peuvent ainsi prendre les rênes de leur vie, avec une plus grande autonomie et une plus grande sécurité.
En revanche, si les parents se fâchent parce qu’ils ne partagent pas la décision de leur enfant, en les punissant ou en invalidant leur choix, une déconnexion entre le “vouloir” et le “devoir” se produira chez l’enfant. Celui-ci se demandera toujours ce qu’il veut, ce dont il a besoin et ce qu’il désire. Par conséquent, soutenir les décisions des autres ainsi que leurs conséquences est beaucoup plus sain que la peur de se tromper, en ne sachant pas ce que signifie se tromper pour l’autre.
“Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs.”
-Nelson Mandela-
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