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Le trouble borderline et la relation avec les chiens

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Pour les personnes atteintes d'un trouble de la personnalité limite, les chiens peuvent être d'une aide précieuse. Ils peuvent ouvrir la porte à des interactions qui, autrement, seraient restreintes.
Le trouble borderline et la relation avec les chiens
Alicia Escaño Hidalgo

Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Escaño Hidalgo

Dernière mise à jour : 04 janvier, 2023

Les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité limite ressentent un grand vide intérieur. Bien souvent, c’est le résultat d’expériences dysfonctionnelles de l’enfance. Lorsqu’on les interroge sur leur histoire, on constate qu’un grand nombre de personnes répètent le même schéma : parents peu disponibles, manque d’affection ou d’attention, invalidation des besoins affectifs, etc.

Ce n’est pas seulement l’environnement handicapant qui est responsable de la genèse du trouble de la personnalité limite. La génétique joue un rôle important dont il faut tenir compte. Quoi qu’il en soit, le patient se sent brisé à l’intérieur, perdu, noyé dans le désespoir.

La peur d’un abandon possible est si grande que pour confirmer leurs propres croyances, les patients ont tendance à s’autodétruire. Par conséquent, ils s’aliènent aux gens qui les aiment.

Il est à noter que les patients atteints d’un trouble borderline ont une sensibilité extrême. Ils ressentent une douleur émotionnelle profonde lorsqu’ils sont contredits ou frustrés d’une manière ou d’une autre.

Les chiens ou les animaux de compagnie auxquels ils s’attachent ne portent pas de jugement et ne les abandonneront pas. Ils peuvent donc facilement s’y lier  comme un moyen d’obtenir de l’amour sans avoir à passer par les blessures émotionnelles, comme cela arrive habituellement dans les relations interpersonnelles.

En raison de ces carences, on a constaté qu’un grand nombre de patients souffrant de troubles borderline s’attachent aux animaux de compagnie, en particulier aux chiens. C’est comme si cet animal comblait largement le vide intérieur profond qu’ils endurent chaque jour.

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Le trouble borderline et la relation avec les chiens : les avantages de ce lien

Voici une liste non-exhaustive des bénéfices de la relation entre un patient borderline et un chien :

  • Validation émotionnelle : contrairement à ce qui peut arriver dans les relations interpersonnelles, les animaux ne peuvent pas invalider émotionnellement le patient TPL. L’invalidation émotionnelle consiste à priver le patient de ses propres émotions. Normalement, l’environnement familial de la personne atteinte d’un trouble borderline a eu tendance à l’invalider. Cela en disant au patient des phrases telles que : “Tu ne devrais pas avoir soif, tu viens de boire” ou “Je ne comprends pas pourquoi tu pleures tout le temps alors que tu as tout”. Un chien, par contre, ne peut pas le faire, ce qui signifie que la personne se sent acceptée et pleinement validée
  • Absence de jugement : un animal de compagnie ne peut pas juger son propriétaire. D’abord parce qu’il n’a pas de langage pour l’exprimer. Ensuite parce qu’il n’a pas les croyances culturelles et sociales qu’ont les humains. Ces croyances, stéréotypes ou préjugés sont parfois responsables des jugements que nous portons sur les autres. Les patients atteints d’un TPL souffrent d’une douleur émotionnelle insupportable lorsqu’ils sont jugés sur leur comportement. Cela conduit à l’échec de leurs relations. Par conséquent, le chien ou l’animal de compagnie choisi peut leur apporter un grand calme en n’ayant pas à faire face à tout jugement sur leur personne
  • Accompagnement : le chien peut apporter une grande compagnie au patient qui souffre de TPL. Même si la personne se sent malheureuse, pleure ou est dans un moment d’instabilité, le chien restera à ses côtés. Comme nous l’avons dit précédemment, il ne la jugera pas
  • L’accompagnement fourni par le chien se traduit par de l’affection et de la chaleur : parfois, ces patients en ont précisément besoin pour se rééquilibrer. En ce sens, les chiens peuvent faire un excellent travail en termes de régulation émotionnelle des patients
  • L’amour inconditionnel : les chiens apportent de l’amour sans rien demander en retour. Comme les patients TPL ont une très faible estime d’eux-mêmes, les chiens peuvent compenser ce manque en les aidant à se sentir mieux. Beaucoup de comportements des patients TPL sont réalisés précisément à la recherche d’affection, de tendresse et de compréhension. Dans bien des cas, ils produisent l’effet contraire et les gens finissent par les rejeter et par s’éloigner. Face à cette dynamique, le chien donnera toujours un amour inconditionnel à son maître, même s’il n’est pas dans son meilleur état
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Inconvénients des chiens pour le patient TPL

Les patients TPL ont un attachement particulier pour les chiens. Pour autant, il est également vrai qu’il n’y a pas que des avantages à cette relation. Le chien peut devenir un tampon d’émotions, agissant comme une sorte de plâtre émotionnel.

Leur mission est de couvrir les émotions dysfonctionnelles et douloureuses du patient. C’est très bien dans un premier temps, car cela aide le patient TPL à se réguler. Mais aussi à se sentir plus stable émotionnellement. C’est bien évidemment un objectif prioritaire de tout traitement psychologique de cette pathologie.

Le problème est que cette relation chien-patient peut rendre le patient dépendant. Il peut s’écarter de toute situation à caractère interpersonnel. Dès lors, il y a un risque que la personne soit enfermée dans la relation avec son animal.

Il faudra donc “utiliser” la relation de façon prudente. L’idée est de maximiser les bénéfices que l’animal peut apporter, mais sans les émotions qui en dépendent. La personne atteinte de TPL doit aussi se fixer des objectifs en matière de relations avec les gens de son entourage. Elle doit être prête à être parfois frustrée ou à recevoir des critiques. Il faut ensuite qu’elle apprenne à les gérer et à y faire face.

Un autre inconvénient de ces relations d’attachement avec l’animal de compagnie est le fait qu’il meurt beaucoup plus tôt que le patient. Cela peut conduire à une grande crise avec tout ce que cela implique -idées d’autolyse, impulsions, agressivité, dysphorie intense, etc.

Par conséquent, comme en toute chose, il y aura un point d’équilibre dans lequel réside la vertu. Les patients TPL peuvent bénéficier d’une relation avec un animal. Mais il faut aussi prendre soin de ne pas générer un attachement toxique qui devient un substitut à une régulation émotionnelle efficace.

Le trouble borderline et la relation avec les chiens est un sujet très intéressant dans lequel il y a encore beaucoup de facettes à découvrir. Cependant, nous savons que si le lien est équilibré, il peut être très utile à la personne atteinte de ce trouble.

 


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  • Frías, A. (2017). Vivir con trastorno límite de la personalidad. Una guía clínica para pacientes. Serendipity. Desvele de Brouwer.
  • Pascual, A., Conejero, S., & Etxebarria, I. (2017). ¿ Existen Estrategias de Afrontamiento y de Regulación Emocional más Adecuadas que Otras? Consejo General de la Psicología de España.

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