Valider nos émotions pour construire notre identité

Qui sommes-nous ? Nous nous posons souvent cette questions lorsque nous faisons face à des situations spécifiques. Quand nous ne savons pas quoi décider, quand nous traversons une rupture amoureuse ou quand nous devons choisir un travail. Mais quel est le point commun entre toutes ces situations ? Les émotions.
Valider nos émotions pour construire notre identité
Berta Escobosa

Rédigé et vérifié par l'infirmière Berta Escobosa.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Autrement dit, notre identité et notre monde émotionnel sont directement liés. Bien souvent, la confusion à propos de ce que nous ressentons nous fait douter d’autres choses importantes, comme notre capacité de contrôle ; un contrôle que nous pouvons par ailleurs essayer de récupérer en conditionnant les autres ou en ayant une influence sur eux.

Nous cherchons ainsi à faire fuir nos doutes, en vérifiant que nous sommes capables d’être supérieurs aux autres et d’influer sur le futur des événements.

Nos émotions nous définissent

Savoir identifier, réguler et gérer nos émotions est une matière qui manque dans l’éducation. Cette habileté est si grande que notre santé mentale en dépend, tout comme celle des personnes qui nous entourent.

Les émotions sont comme les deux faces d’une monnaie ; d’un côté, elles ont de l’énergie, et de l’autre, elles nous transmettent un ou plusieurs messages. Ces deux faces sont aussi importantes l’une que l’autre. Une bonne régulation émotionnelle consiste à les aligner pour qu’elles soient au service de nos intérêts.

La tristesse nous demande de réfléchir et nous fournit un type d’énergie qui invite à la pause. La colère nous dit fréquemment que quelqu’un a outrepassé nos droits et nous donne une énergie pour que nous fassions en sorte que cela ne se reproduise pas.

Nous sommes ceux qui décidons de quoi faire avec ce message. Nous décidons du sens que nous voulons lui donner. Et nous pouvons aussi réguler la libération de cette énergie.

Nous sommes les responsables de nos émotions. Le problème est que, dans notre enfance, personne ne nous a dit ce que nous devions en faire – à part les cacher ou les réprimer -.

Savoir gérer ses émotions

Les émotions que nous ressentons, en fonction des stimuli externes, nous incombent. Ce n’est pas un fait facile à accepter car la tendance à rendre les autres responsables de notre colère, de notre tristesse ou de notre mélancolie est habituelle.

C’est pour cela que la façon dont la colère se transforme en tristesse ou la peur en joie définira notre manière d’affronter les défis quotidiens et les problèmes les plus abyssaux. Elle définira qui nous sommes.

Valider nos émotions

La validation émotionnelle signifie accepter et valider ce que nous ressentons ou ce qu’une autre personne pense, que nous soyons ou non d’accord avec cette émotion. En faisant cela, nous pouvons valider nos émotions et celles des autres.

Sur le plan théorique, cela peut sembler simple ; cependant, valider les émotions est un processus en voie d’extinction. Des plaintes habituelles comme “il/elle ne m’écoute pas”, “il/elle ne me comprend pas” tandis que l’autre personne nie totalement ces affirmations car elle considère “que si, elle comprend”, “que si, elle écoute” sont la conséquence d’un manque de validation.

La possibilité d’une validation émotionnelle s’évapore face au besoin de juger, de donner notre opinion ou de nous défendre face à une émotion que nous ne connaissons pas.

Parfois, sans même vouloir invalider l’autre personne, nous utilisons des réponses, une communication non verbale ou des justifications qui constituent un obstacle à la construction de ponts empathiques. Une empathie propice aux racines de la compréhension.

Que se passe-t-il quand nous ne validons pas sur le plan émotionnel ?

Quand nous ne validons pas sur le plan émotionnel, c’est un peu comme si nous n’exprimions pas nos émotions ou comme si nous étions en train de les nierUn peu comme une cocotte-minute : nous accumulons des émotions peu ordonnées jusqu’à ce qu’elles éclatent sous forme de manque de contrôle de soi.

En validant les émotions de nos enfants, de nos conjoints, de nos proches ou de nos collègues, nous les accompagnons et sommes présents dans leur mal-être. Nous les aidons à se sentir confiants, protégés, écoutés, respectés et aimés.

  • La validation émotionnelle permet, sans jugement, d’accepter ce qui arrive à l’autre et de le laisser remplacer les émotions négatives par des émotions positives.
  • L’invalidation émotionnelle est tout le contraire. Il s’agit d’un rejet indirect des sentiments de l’autre personne. Une négation de ce qu’elle ressent qui se traduit par un manque de compréhension et d’écoute.

Lorsqu’on nous raconte quelque chose de joyeux, nous savons accompagner, mais lorsqu’on nous raconte quelque chose de triste, nous ne savons qu’invalider.

L’invalidation émotionnelle et le vol de l’identité

Ne pas valider émotionnellement ce que l’autre ressent peut mener la relation et le lien à se refroidir.

Comme nous l’avons mentionné au début de l’article, les émotions ne font pas que nous définir : elles nous orientent vers certaines options, vers certains styles de vie, de comportements et d’autres chemins qui nous rendent uniques -et en même temps reconnaissables- en marquant ainsi une partie de notre identité et de notre contrôle de soi.

Le fait que les autres ne valident pas nos émotions peut nous mener à penser que nous ne “cadrons” pas, que quelque chose d’obscur en nous nous rend fragiles, imprévisibles et peu fiables.

Si nous nourrissons et entretenons cette idée, si nous copions la position des autres face à nos émotions, nous finirons par nous éloigner de l’idée de la personne que nous sommes. Le futur, lui, s’embrumera, car nous ne saurons pas répondre à la question suivante : qui voulons-nous être ?

Valider les émotions au cours de l’enfance est extrêmement important. L’acceptation inconditionnelle des émotions des plus petits facilitera leur expression, leur identification et leur gestion émotionnelle.

Si, au contraire, par peur de la tristesse qu’un enfant pourrait ressentir, nous choisissons de l’éviter avec des insinuations, des doubles messages ou des solutions, nous l’invaliderons sur le plan émotionnel. Or, en faisant cela, nous lui générerons de fortes doses d’anxiété, d’irritabilité, de nervosité et d’insécurité.

valider nos émotions

L’art de savoir valider nos émotions

Il existe certains points qui peuvent nous aider au moment d’effectuer une validation émotionnelle :

  • Ecoute active ou attention pleine.
  • Position corporelle rassurante et empathique.
  • Normaliser les émotions.
  • Eviter de donner des solutions aux émotions.
  • Eviter de les justifier ou de s’en défendre.
  • Les contourner avec humour.
  • Garder un esprit ouvert, sans juger.

Voici quelques exemples de validation et d’invalidation émotionnelle qui peuvent nous aider à mieux comprendre ces idées :

Invalidation émotionnelle

Marie : je n’ai pas pu terminer ce que je voulais faire et je suis très frustrée.

Laura : tu finiras demain, ne t’en fais pas.

Marie : oui mais j’ai l’impression de tout faire mal.

Laura : ce n’est pas la fin du monde Marie.

Marie : je crois que si, si seulement tu avais pu m’aider un peu.

Laura : j’ai déjà dû faire beaucoup de choses aujourd’hui.

Validation émotionnelle

Marie : je n’ai pas pu terminer ce que je voulais faire et je suis très frustrée.

Laura : normal, ça doit être rageant de ne pas pouvoir finir quelque chose, non ?

Marie : oui, très. J’ai l’impression de tout faire mal.

Laura : c’est vrai ? C’est vraiment ce que tu ressens ?

Marie : oui. Si seulement tu avais pu m’aider un peu.

Laura : c’est vrai, ça t’aurait soulagée. J’aurais aimé pouvoir te donner un coup de main. C’est dommage que j’aie eu autant de choses à faire.

Valider les émotions est tout un art. L’apprendre permettrait d’améliorer l’humanité et de favoriser l’empathie au sein des relations humaines, pour aider les plus jeunes à grandir sans avoir peur de leur monde émotionnel et pouvoir nommer les émotions en toute connaissance de cause.

Faisons en sorte que “le fait de se mettre dans la peau de l’autre” aboutisse à un résultat beaucoup plus humain, proche et généreux.

 


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