Le traitement psychologique du TDAH
Rédigé et vérifié par Psychologue Cristina Roda Rivera
Le TDAH est un trouble qui apparaît au moment de l’enfance et qui comprend un schéma persistant de comportement d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité. Ces comportements interfèrent de façon significative dans le rendement et dans les activités quotidiennes. Il est donc important de savoir en quoi consiste le traitement psychologique.
Le TDAH représente un problème de santé publique en raison de sa prévalence élevée, entre 3 et 7 % de la population scolaire. Les enfants avec ce trouble ont ainsi un plus grand risque d’échec scolaire. Ils présentent des problèmes de comportement et des difficultés dans leurs relations socio-familiales.
La présentation isolée du trouble est peu fréquente. Plus de 85 % des patients présentent au moins une comorbidité et environ 60 % ont au moins deux comorbidités. Les plus fréquentes sont le trouble oppositionnel avec provocation, le trouble anxieux et le trouble des conduites.
Les aspects à prendre en compte au début du traitement du TDAH
Le traitement du TDAH doit être multimodal et individualisé, en prenant en compte le patient et sa famille. L’objectif est de diminuer les symptômes, les complications et l’impact négatif. Le traitement multimodal et/ou combiné du TDAH implique trois approches : traitement pharmacologique, traitement cognitif et comportemental et traitement psycho-éducatif.
La philosophie générale du traitement cognitif et comportemental appliqué aux enfants est de récompenser les points positifs plutôt que de punir. On travaille ainsi des techniques de contrôle de soi, des compétences sociales et la résolution de problèmes.
Les objectifs du traitement du TDAH
Avec de jeunes enfants atteints de TDAH, le traitement se concentre généralement sur l’entraînement des parents. Cela concerne les enfants jusqu’à l’âge de 6 ans.
En revanche, chez les enfants plus âgés, on combine l’entraînement des parents avec des techniques cognitives et comportementales avec l’entraînement des compétences sociales et les auto-instructions. Ainsi, les objectifs du traitement cognitif et comportemental individuel sont :
- Autorégulation.
- Contrôle de l’irritabilité.
- Amélioration de la communication.
Traitement psychologique du TDAH : l’entraînement des parents
Le module psycho-éducatif de l’entraînement des parents inclut de donner des informations sur le TDAH, de motiver, de créer une disposition positive vis-à-vis de l’enfant. Ainsi que de donner des stratégies pour résoudre les problèmes ainsi qu’améliorer l’ambiance au sein de la famille.
L’entraînement pour les parents peut se faire aussi bien de façon individuelle qu’en groupe. Néanmoins, selon diverses études, le traitement en format de groupe est plus efficace que le format individuel. On leur enseigne les techniques suivantes :
Renforcement et punition
- Rechercher et renforcer les comportements et attitudes positives de l’enfant.
- Extinction des comportements négatifs.
- Une fois que l’on utilise de façon précise le renforcement positif et l’extinction, il est possible d’utiliser le renforcement différentiel à bas taux.
- On peut utiliser des matériaux de soutien comme le « cherchez, concentrez-vous et notez » qui aide les parents à prêter attention aux comportements positifs de leurs enfants.
Économie de jetons
L’économie de jetons fonctionne mieux si l’on suit un certain nombre de règles. Ce sont les suivantes :
- On explicite bien les « règles du jeu » (par exemple : les points à gagner en fonction de chaque comportement, la valeur spécifique du gain, etc.).
- On combine l’économie de jetons à l’utilisation du renfort, de l’extinction et du coût de réponse.
- Les enfants avec TDAH ont besoin de savoir ce qu’ils doivent faire à tout moment et de connaître concrètement les normes de fonctionnement.
Sur-correction
- Par réparation-restitution : nous l’utilisons en demandant à notre enfant ou à notre élève de réparer les dommages qu’il a causés. Il s’agit de corriger les effets négatifs du mauvais comportement, en revenant à la situation de base ou même en l’améliorant.
- Par répétition ou pratique positive : dans ce cas, l’enfant doit répéter un comportement alternatif et positif qu’il a réalisé.
Traitement psychologique du TDAH : l’entraînement des professeurs
Les professeurs ont besoin d’un soutien spécifique pour s’occuper des enfants avec TDAH. Le schéma de base des programmes d’orientation pour les professeurs ressemble fortement à celui des parents. Les objectifs, ici, se focalisent sur : les normes de l’école, le travail scolaire et la compétence sociale. Les phases de l’entraînement des professeurs sont les suivantes :
Instruire les professeurs avec des connaissances en TDAH
- Savoir ce qu’est le TDAH aide à changer les biais d’attribution du comportement de l’enfant (par exemple : « enfant qui a un problème » au lieu de « il se comporte de la sorte pour m’ennuyer »).
- Connaître les besoins spéciaux des élèves avec TDAH.
Enseigner des techniques de modification de comportement
- Techniques pour augmenter les comportements adéquats : renfort + principe de Premack, contrats de contingences et économie de jetons.
- Techniques pour réduire les comportements inadéquats : extinction, coût de réponse et isolement (un moment dehors).
Former les professeurs en stratégies pour l’organisation et l’auto-direction du comportement
- Le professeur apprend à l’élève à développer le contrôle de soi de façon séquencée pour résoudre des problèmes personnels et interpersonnels.
Faciliter les adaptations éducatives
- Utiliser des procédés d’instruction, des adaptations organisationnelles et des manipulations de l’ambiance de la classe pour faciliter l’apprentissage et augmenter le rendement académique.
Utiliser l’auto-évaluation renforcée
- Le but est que l’élève avec TDAH soit conscient de son propre comportement. Il y a trois phases :
- Discussion avec tous les élèves à propos des normes de la classe.
- Entraînement en compétences d’auto-évaluation.
- Économie de jetons.
- On l’applique d’abord à toute la classe puis à l’élève avec TDAH.
Offrir des conseils et un suivi du programme
Les deux dernières semaines, les professeurs réalisent un suivi de la mise en place du programme. Pour conclure, on peut dire qu’il existe des effets positifs cliniquement significatifs sur l’impulsivité, l’hyperactivité et le déficit d’attention.
Traitement psychologique du TDAH : techniques pour l’enfant
La psychothérapie cognitive comprend une série de techniques psychologiques qui s’utilisent pour modifier des pensées déterminées, des croyances ou des attitudes présentées par un patient. Elles ont pour but de restructurer les pensées des enfants et de parvenir à de nouveaux schémas de comportement.
Ce type de psychothérapie requiert un apprentissage et doit être appliqué par des thérapeutes entraînés et avec de l’expérience. Bien souvent, avec la symptomatologie d’inattention, d’impulsivité et/ou d’hyperactivité, on peut voir apparaître des difficultés dans la socialisation et le comportement.
Dans ces cas, les entraînements en compétences sociales, en techniques de résolution de problèmes et en stratégies d’aide personnelle sont très utiles. Intéressons-nous maintenant à quelques interventions comme l’autorégulation, l’amélioration de la communication, la technique du neurofeedback et la correspondance dire-faire.
Autorégulation
Des techniques de neuro-imagerie démontrent que les enfants avec un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) présentent un retard dans la maturation de certaines régions du cerveau.Ces zones sont liées à l’attention et au contrôle de soi.
Pour améliorer le contrôle de soi, les techniques les plus utilisées sont les techniques cognitives. On s’intéresse tout particulièrement à celles qui prennent le langage interne comme régulateur du comportement :
- Avec l’auto-observation, le but est que l’enfant prenne conscience de son comportement.
- Avec l’auto-renforcement, on cherche à ce que l’enfant obtienne une récompense pour les comportements adaptés.
- L’entraînement en auto-instructions (Meichembaum et Goodman, 1971) vise à ce que l’enfant apprenne à se parler intérieurement, afin qu’il ait moins de mal à penser et à prendre conscience de ce qu’il fait ou veut penser.
En définitive, à travers ces techniques cognitives, on souhaite que l’enfant soit capable de lier comportements et conséquences postérieures. De cette façon, il pourra évaluer son comportement en lien avec les normes de la maison, de la classe ou de la rue.
Amélioration en communication
Les programmes de communication pour les enfants avec TDAH essayent d’augmenter la conscience de soi, l’analyse de la relation avec les autres et les solutions efficaces aux problèmes interpersonnels. Certaines techniques utilisées sont :
- Techniques de résolution de problèmes, recommandées pour tranquilliser l’enfant et l’aider à contrôler ses comportements hyperactifs et impulsifs. Chez les plus jeunes enfants, on utilise une variante dénommée « technique de la tortue ».
- Contrats de contingences, principalement utilisés avec des adolescents dans le but d’obtenir des compromis qui satisfassent les différentes parties de la relation (par exemple : élève-professeurs, enfant-parents, etc.).
- Entraînement en compétences sociales. Le travail de groupe avec des adolescents est une méthode efficace pour stimuler une bonne estime de soi et renforcer les objectifs individuels que chacun poursuit avec sa famille, ses professeurs et son thérapeute.
Neurofeedback
Il s’agit d’un programme d’entraînement à travers le contrôle individuel des ondes cérébrales, en utilisant une technologie électroencéphalographique. L’objectif du neurofeedback est d’entraîner le patient à diminuer ses ondes lentes (thêta) et/ou à augmenter ses ondes rapides (bêta).
Avec ce processus, on vise à changer un état « anormal » pour le remplacer par un similaire à celui des enfants avec un comportement normal. En d’autres termes, on cherche à ce que les enfants acquièrent un contrôle opérant des ondes qui apparaissent sur leur EEG pour remédier aux symptômes liés au TDAH.
Correspondance dire-faire
L’entraînement en correspondance dire-faire a été conçu en tant qu’alternative à l’entraînement en auto-instructions. Il consiste à renforcer ces occasions où l’enfant dit avoir fait quelque chose et où il l’a effectivement fait (relations « faire-dire »).
Il s’agit aussi de renforcer ce qu’il dit faire prochainement (relations « dire-faire ») et, surtout, de renforcer ce que l’enfant a promis qu’il ferait et qu’il a fait (relations « dire-faire-dire »).
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