Le syndrome amotivationnel, conséquence de la consommation de cannabis
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Au cours de ces dernières années, un certain nombre de preuves scientifiques sont apparues au sujet des propriétés thérapeutiques des cannabinoïdes comme l’analgésie, la diminution de la pression intraoculaire, l’effet antiémétique sur les vomissements produits par la chimiothérapie antinéoplasique, les propriétés musculaires relaxantes lors de différentes maladies comme la sclérose en plaques, les traumatismes de la moelle épinière et les altérations du mouvement.
Cependant, son usage récréatif s’est énormément étendu dans notre société et il s’agit maintenant de la drogue la plus consommée dans le monde. C’est un fait préoccupant, tout comme les données que nous allons vous dévoiler par la suite. Le syndrome amotivationnel a plus de risques d’apparaître chez les personnes qui consomment du cannabis pendant longtemps.
“L’apathie est une solution. Vous savez, c’est plus facile de tomber dans la drogue que d’affronter la vie. C’est plus facile de piquer ce que vous avez envie que d’essayer de le gagner. C’est plus facile de battre un enfant que de l’élever et, l’amour par contre ça demande des efforts, du courage.”
Comment se définit le syndrome amotivationnel ?
Le syndrome amotivationnel se définit comme un état de passivité et d’indifférence, qui se caractérise par des difficultés généralisées sur le plan cognitif, interpersonnel et social. Il est d’autre part lié à la consommation prolongée de cannabis (intoxication chronique par THC).
Cet état peut se maintenir alors même que la consommation a été interrompue. La personne n’a envie de rien, elle est dans un état constant d’anhédonie, ne ressent aucune motivation ou enthousiasme et présente un manque d’intérêt généralisé ou apathie.
La motivation est l’intérêt pour satisfaire un besoin déterminé. Elle génère une impulsion qui vise à mettre en place un comportement pour atteindre cette satisfaction. Elle est impliquée dans l’activation, la direction et le maintien du comportement.
La consommation de cannabis fait disparaître ou réduit toute motivation, à part celle de consommer encore plus de drogue. Le plaisir offert par la consommation “triomphe” et les autres motivations (professionnelles, interpersonnelles, loisirs, couple, etc.) sont mises à l’écart.
“L’enthousiaste vainc toujours nécessairement l’apathique. Ce n’est pas la force du bras ou la vertu des armes qui mènent à la victoire mais la force de l’âme.”
-Johann Gottlieb Fichte-
Quels effets produit sa consommation pendant une longue période ?
Lorsque la consommation se prolonge dans le temps, la drogue occupe la première place. Elle se transforme en besoin basique et relègue les autres au second plan. Toute la vie tourne autour de la substance.
Les autres stimulus n’exercent pas de force suffisante car les altérations cognitives présentes dans l’addiction poussent le sujet à se détendre. Par conséquent, les autres motivations disparaissent.
La consommation prolongée de la substance produit une détérioration cognitive qui, même si on cesse de prendre du cannabis, peut faire perdurer une certaine symptomatologie.
Même si la relation entre la consommation de marijuana et le syndrome amotivationnel est claire, on n’a pas encore démontré que cette problématique est directement causée par le cannabis. Cependant, tout semble indiquer que ce dernier aide à déclencher le syndrome.
“Se laisser porter passivement est impensable.”
-Virginia Woolf-
Signes et symptômes du syndrome amotivationnel
Les signes et symptômes de ce syndrome sont les suivants, même s’il faut signaler qu’ils ne sont pas tous nécessairement présents.
L’un d’eux est l’apathie de type émotionnel, qui consiste en :
- Réduction de la volonté à exécuter des actions
- Incapacité à terminer des tâches
- Incapacité à évaluer les conséquences des futurs actes
- Désintérêt
- Passivité
- Difficultés à maintenir la concentration et l’attention
- Altérations de la mémoire
- Indifférence
- Manque d’introspection (on n’a pas conscience de l’état dans lequel on se trouve, du syndrome)
- Retard dans la réalisation des tâches
- Absence de préoccupation vis-à-vis du futur (on remet à plus tard)
- Désintérêt pour les activités durables ou qui requièrent une plus grande concentration
- Faible motivation pour le travail ou l’école
- Absence de préoccupation pour l’hygiène personnelle
- Désintérêt sexuel
- Diminution des réflexes
- Frustration facile
- Lenteur dans les déplacements et les mouvements
- Réduction généralisée de toute activité (professionnelle, sociale, de loisirs, etc.)
- Je-m’en-foutisme
“La faiblesse d’attitude devient la faiblesse de caractère.”
-Albert Einstein-
Altération des fonctions et conséquences
Sur le plan cognitif, la symptomatologie produite par la consommation de cannabis chronique engendre des altérations au niveau des fonctions exécutives, comme :
- Anticipation et établissement de buts
- Planification
- Inhibition de réponses
- Sélection de comportements appropriés selon le contexte
- Organisation spatio-temporelle
- Flexibilité cognitive
- Suivi de comportements
- Prise de décisions
- Mémoire de travail
Sur le plan social, la symptomatologie décrite génère une diminution des interactions avec d’autres personnes. Cette diminution provient de la perte d’intérêt pour les situations sociales et les activités de tout type, ainsi que de l’apathie et de la passivité. Les réseaux de soutien social de l’individu en sont donc affectés. Toute cette symptomatologie peut produire :
- Faible rendement académique et/ou professionnel, dû à des difficultés à étudier et à apprendre
- Isolement social car les interactions avec d’autres personnes diminuent
- Absence de plans pour le futur
- Prédisposition à s’impliquer dans des conflits avec les autorités
- Fait de ne pas se fixer d’objectifs
Que peut-on faire pour traiter le syndrome amotivationnel ?
Le premier objectif de traitement doit être la diminution progressive de la consommation de cannabis jusqu’à son élimination totale. En effet, si vous souffrez du syndrome amotivationnel et consommez de la marijuana au cours de la phase de réhabilitation, vous aurez du mal à surmonter cette situation.
L’addiction peut être surmontée à travers le travail psycho-thérapeutique pour réhabiliter les déficits qui persistent. La prise de médicaments est possible en cas de nécessité.
Le traitement de premier choix doit donc être celui des médicaments ISRS (antidépresseurs) en même temps qu’une thérapie cognitivo-comportementale. Le but est en effet d’inciter la personne à reprendre des activités quotidiennes, à améliorer ses relations avec ses proches et à travailler sur le style de pensée qui mène à l’inactivité.
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