Le mythe de la caverne de Platon : la dualité de notre réalité

Le mythe de la caverne de Platon : la dualité de notre réalité
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 03 janvier, 2023

Le mythe de la caverne de Platon nous a permis de comprendre comment ce philosophe percevait le monde. Une relation entre le physique et le monde des idées qui donne naissance à une réalité pleine de lumières et d’ombres. Platon (428 av. J.-C.-347 av. J.-C.) utilise cette figure allégorique pour expliquer la tâche difficile du philosophe d’essayer de guider les gens vers la vraie connaissance car, selon lui, les gens peuvent se sentir à l’aise dans son ignorance et rejeter tout éventuel regard accroché.

On retrouve ce texte dans le livre VII de La République et il nous est présenté à travers un dialogue dans lequel Socrate, le maître de Platon, parle avec l’un de ses disciples de l’importance du savoir et de l’éducation dans la manière dont chacun de nous perçoit réalité. D’un côté, nous avons la réalité telle qu’elle est. De l’autre, nous trouvons une réalité fictive où nos croyances et nos illusions occupent le devant de la scène. Mais, avant d’approfondir tout cela, que raconte le mythe de la grotte ?

Dans le mythe, on nous présente des hommes enchaînés au fond d’une caverne où ils ne peuvent voir qu’un mur. Jamais, depuis leur naissance, ils n’ont pu partir et n’ont pu se retourner pour découvrir l’origine des chaînes qui les unissent.

Cependant, derrière lui il y a un mur et un peu plus loin un feu de joie. Entre le mur et le feu, il y a des hommes qui portent des objets. Grâce au feu de joie, les ombres des objets sont projetées sur le mur et les hommes enchaînés peuvent les voir.

J’ai vu des images qui étaient des mensonges et de fausses réalités. Mais comment pourrais-je envisager une telle chose ? Si depuis que je suis petite, c’est la seule chose que j’ai vue qui soit réelle.

Mythe de la grotte : une réalité romancée

Les hommes n’avaient vu la même chose que depuis leur naissance, ils n’avaient donc ni le besoin ni la curiosité de se retourner et de voir ce que ces ombres reflétaient. Mais c’était une réalité trompeuse et artificielle. Ces ombres les ont détournés de ce qui était la vérité.

Cependant, l’ un d’eux a osé se retourner et regarder au-delà. Au début, il se sentait confus et tout le dérangeait, surtout cette lumière qu’il voyait en arrière-plan (le feu de joie).

Puis il a commencé à se méfier. Avait-il cru que les ombres étaient la seule chose qui existait alors qu’elles ne l’étaient pas ? A chaque fois qu’il avançait, ses doutes le tentaient avec la possibilité de retourner dans son ombre.

Cependant, avec de la patience et des efforts, il continua. S’habituer, petit à petit, à ce qui lui était désormais si inconnu. Sans se laisser décourager par la confusion ou se livrant aux caprices de la peur, il a quitté la caverne.

Bien sûr, lorsqu’il est revenu en courant le dire à ses compagnons, ils l’ont reçu avec moquerie et même violence. Un mépris qui traduisait l’incrédulité ressentie par ces habitants de la grotte face à ce que leur racontait l’aventurier.

Interprétation du mythe de la grotte

L’Allégorie de la Grotte a différents niveaux d’analyse selon le point de l’histoire sur lequel on décide de se concentrer. Ainsi, d’une part, le mythe fait référence à la nature humaine et à nos propres limites corporelles pour atteindre la plénitude de la connaissance. Le passage de l’ignorance au monde des idées n’est possible que si nous nous libérons de nos attaches perceptives et cherchons la connaissance à partir de la réflexion intellectuelle.

En revanche, si l’on prend le soleil comme métaphore de la bonne et vraie connaissance et le prisonnier libéré comme représentation de la figure du philosophe, on pourrait voir dans le mythe la position de Platon quant à l’importance de la philosophie pour guider les gens. vers la connaissance et la place du philosophe comme celui qui a atteint un stade supérieur et serait en mesure de montrer aux autres la vérité.

Enfin, on peut en faire une interprétation sur le plan pédagogique, car le mythe montre à quel point est nécessaire non seulement la présence d’un enseignant pour nous guider mais, surtout, une volonté de fer de rechercher la connaissance et un désir individuel de sortir de l’ignorance.

Le mythe de la grotte aujourd’hui

Il est curieux de voir comment cette vision que nous offre le mythe de la grotte peut être transférée à nos jours. Ce modèle que nous suivons tous et par lequel, si nous allons au-delà de ce qui est dicté, ils commencent à nous juger et à nous critiquer.

Pensez que nous avons fait nôtres nombre de nos vérités absolues sans cesser de les interroger, sans nous demander si le monde est vraiment très proche ou très loin d’être ainsi.

Par exemple, penser que l’erreur est un échec peut nous pousser à abandonner tout projet au premier échec. Cependant, si nous ne nous laissons pas emporter par cette idée, nous cultiverons notre curiosité et l’erreur cessera d’être un démon complètement chargé de négativité. Ainsi, le changement de perspective non seulement nous fera cesser de le craindre, mais lorsque nous le ferons, nous serons en mesure d’en tirer des leçons.

La sortie de la caverne est un processus difficile

L’homme qui dans le mythe de la grotte décide de se libérer des chaînes qui l’emprisonnent prend une décision très difficile. Mais dans le mythe, cette décision, loin d’être appréciée par ses pairs, est valorisée comme un acte de rébellion. Quelque chose qui n’est pas très bien vu, qui aurait pu le pousser à abandonner sa tentative.

Homme sortant d'un tunnel représentant le mythe de la grotte

Lorsqu’il se décide, il se met seul en route, franchissant ce mur, montant vers ce feu de joie qui lui cause tant de méfiance et qui l’éblouit. Dans la foulée, les doutes l’assaillent, il ne sait plus ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Il doit abandonner les croyances qui l’habitent depuis longtemps. Des idées qui sont non seulement enracinées, mais, à leur tour, forment la base du reste de l’arbre de leurs croyances.

Mais, alors qu’il se dirige vers la sortie de la caverne, il se rend compte que ce qu’il croyait n’était pas tout à fait vrai. Maintenant… que reste-t-il ? Convaincre ceux qui se moquent de lui de la liberté à laquelle ils peuvent aspirer s’ils décident de rompre avec le confort apparent dans lequel ils vivent.

Le mythe de la grotte nous présente l’ignorance comme cette réalité qui devient inconfortable lorsque nous commençons à prendre conscience de sa présence. Devant la moindre possibilité qu’il y ait une autre vision possible du monde, l’histoire nous dit que notre inertie nous pousse à le démolir, le considérant comme une menace pour l’ordre établi.

Les ombres ne sont plus projetées, la lumière n’est plus artificielle et l’air effleure déjà mon visage.

Adoucir les ombres

En raison de notre condition humaine, nous ne pouvons peut-être pas nous passer de ce monde d’ombres, mais nous pouvons faire un effort pour que ces ombres soient de plus en plus nettes. Peut-être que le monde parfait et emblématique des idées est une utopie pour notre nature, mais cela ne veut pas dire qu’il vaut mieux renoncer à notre curiosité que de s’abandonner au confort de rester installé dans ce que nous savons aujourd’hui (ou pensons savoir).

Au fur et à mesure que nous grandissons, les doutes, les incohérences, les questions nous aident à retirer ces bandeaux qui rendaient parfois la vie beaucoup plus difficile qu’elle ne l’est réellement.

L’allégorie de la grotte dans la littérature et le cinéma

Le thème du mythe de la grotte a donné lieu à d’innombrables réflexions issues de différentes approches artistiques, les suivantes étant parmi les plus représentatives de la littérature et du cinéma :

  • La caverne (José Saramago) : dans ce roman publié en 2000, le prix Nobel portugais José Saramago nous invite à faire une réflexion contemporaine sur le mythe de la grotte et à nous interroger sur ces choses qui nous lient et nous empêchent de voir la réalité telle qu’elle est-ce que c’est.
  • Brave New World (Aldous Huxley) : Publié en 1932, ce conte dystopique nous amène à réfléchir sur les différentes formes d’esclavage que nous masquons avec des discours de bonheur et de progrès et comment nous résistons à ceux qui essaient de nous montrer la vérité.
  • The Truman Show : Dans ce film de 1998 et réalisé par Peter Weir, on nous présente, sans métaphores, ce que signifie vivre dans une réalité fictive et les conséquences de la recherche de la vraie connaissance.
  • Ouvrez les yeux : Du réalisateur Alejando Amenabar, ce film espagnol de 1997 se développe autour de la souffrance qui accompagne la connaissance de la vérité et nous montre comment ce n’est qu’en acceptant grossièrement la réalité telle qu’elle est que nous pourrons accéder à la Libération..

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