Le cerveau des enfants souffrant du trouble du spectre de l'autisme (TEA)
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Si le cerveau des enfants souffrant du trouble du spectre de l’autisme était une maison, ce serait un foyer plein de bruits dans toutes les chambres, avec des câbles branchés partout et des murs extrêmement sensibles au moindre stimulus. Cet excès de synapses ou de connexions neuronales génère des altérations variées et particulières chez chaque enfant. Il est donc très rare de voir deux cas semblables.
Peu importe que la science avance. Peu importe que nous connaissions chaque année plus de données sur ces troubles neurologiques du développement qui affectent une part significative de notre population. Le manque de conscience, les stéréotypes et les images erronées à propos de ce trouble nous font perdre une grande partie de ce que cet ensemble peut nous offrir.
La réalité du trouble du spectre de l’autisme
Les enfants et adolescents avec un TEA (trouble du spectre de l’autisme) peuvent avoir un comportement rigide nous mettant à l’épreuve, cela n’en fait aucun doute. Ils peuvent également disposer d’un esprit privilégié ou présenter de graves déficits intellectuels. Cependant, en dépit de ce monde énigmatique dans lequel ils restent parfois suspendus, ils nous surprennent avec leurs forces, leur sensibilité, leurs besoins et leur affection.
Nous admirons aussi leurs familles. Cet amour infatigable et toujours plein d’énergie qui lutte contre les stéréotypes et essaye de créer des alliances avec le reste des agents sociaux: médecins, spécialistes, professeurs, psychologues…
L’une des façons de les aider est donc de comprendre un peu mieux cette réalité interne qui se produit dans ces cerveaux, dans ces esprits qui, à un moment donné de leur développement, sont restés suspendus à un point particulier de non-retour. Étudions cela de plus près.
“Je t’entends mieux quand je ne te regarde pas. Le contact visuel me gêne. Les gens ne comprendront jamais quel genre de bataille je dois affronter pour pouvoir faire ça”.
-Wendy Lawson, 1998-
L’hyperconnectivité dans le cerveau des enfants atteints du trouble du spectre de l’autisme
Une étude révélatrice a été menée à l’Université de Columbia en 2014. Ses données ont été publiées dans la revue Neuron et nous expliquent deux aspects aussi intéressants que porteurs d’espoir.
- Le premier fait référence à cette particularité du cerveau des enfants touchés par le trouble du spectre de l’autisme: la présence d’un excès de synapses ou de connexions entre les cellules neuronales.
- Le second est lié à un traitement expérimental qui pourrait réguler cette hyperconnectivité, cette altération cérébrale singulière qui se produit avant les trois ans de vie.
Nous ne pouvons pas oublier qu’en plus de cette singularité synaptique, d’autres problèmes sont associés à ce trouble. C’est par exemple le cas des altérations dans la communication entre diverses aires cérébrales. Analysons maintenant en détail chaque caractéristique.
Le problème avec l’élagage synaptique
À partir de notre étape embryonnaire et jusqu’à environ 2 ans, un processus étonnant a lieu dans notre cerveau: la synaptogenèse. Lors de cette étape, 40.000 nouvelles synapses peuvent se créer chaque seconde.
- Au cours de ces mois, les enfants ont plus de neurones qu’ils ne le devraient. Par conséquent, progressivement, et au fur et à mesure que le cerveau se spécialise, les connexions les plus utiles s’affirmeront et le reste disparaîtra.
- Cet élagage synaptique se produit surtout dans le cortex cérébral. Ainsi, les processus qui régulent les fonctions exécutives comme la pensée, l’analyse, la réflexion ou l’attention se renforcent et se spécialisent.
- Au moment de l’adolescence, l’élagage élimine environ la moitié de ces synapses corticales.
- Dans l’étude réalisée par l’Université de Columbia, on a pu voir que dans le cas des enfants atteints de TEA, cet élagage synaptique atteignait les 16% et non les 50%.
Le corps calleux et la communication cérébrale
Le cerveau des enfants souffrant du trouble du spectre de l’autisme présente un autre problème particulièrement frappant. Dans ce cas, il est lié à une structure aussi importante que significative: le corps calleux.
- Cette structure est essentielle pour la communication entre les différentes régions du cerveau.
- Lynn Paul, chercheuse à l’Institut de Technologie de Californie, signale que l’on peut remarquer diverses altérations dans le corps calleux des enfants autistes. Cela implique, par exemple, des problèmes au niveau des interactions sociales quotidiennes, de la mauvaise interprétation des choses et de la présentation d’un point de vue mental plus rigide.
L’hétérogénéité dans le cerveau des enfants atteints du trouble du spectre de l’autisme
Des études comme celle réalisée à l’Université de Médecine de Yonsei, à Séoul, nous indiquent que les découvertes faites grâce aux neuro-images sont très hétérogènes. Il est évident qu’il existe des anomalies structurelles et fonctionnelles dans le développement cérébral des enfants souffrant de TEA et qu’elles sont très significatives. Cependant, on ne voit que très rarement deux cerveaux similaires.
- Cela révèle que chaque enfant aura sans doute un comportement, des déficits et des particularités avec ce spectre de l’autisme.
- Il existe par ailleurs des bases génétiques qui affectent les circuits neuronaux et la façon dont ils communiquent dans les régions cérébrales. Cela veut donc dire que certains enfants auront un plus grand potentiel intellectuel et que d’autres auront des problèmes plus graves pour assimiler des processus communicatifs.
- Malgré tout, le cerveau des enfants atteints du trouble du spectre de l’autisme montre majoritairement des altérations au moment de traiter les stimulus sociaux et émotionnels.
- Cela ne veut absolument pas dire que les enfants ne ressentent pas d’émotions, bien au contraire. Ils en ont besoin, et ils ont aussi besoin d’être aimés, soutenus et validés. Ils ne savent cependant pas comment réagir face à ce type de stimulus.
Conclusion
Actuellement, la protéine mTOR est en train d’être étudiée. Selon certaines analyses, elle entraverait cet élagage synaptique si nécessaire à la spécialisation du cerveau et à la création de connexions neuronales plus puissantes.
Malgré tout, et malheureusement, aucun résultat concluant n’est encore apparu. Par conséquent, il faut continuer à approfondir ce sujet et nous limiter à connaître les besoins particuliers de chaque enfant. Nous devons y répondre de la meilleure façon possible pour nous ajuster à leurs caractéristiques personnelles.
Nous comptons heureusement sur un nombre croissant de professionnels spécialisés dans l’autisme. Des professionnels qui se préoccupent de ce 2% de la population et qui s’engagent avec le reste de la société pour que nous comprenions mieux cette réalité.
Souvenons-nous d’une chose. Les enfants atteints par le TEA peuvent sembler démotivés et fuyants. Ils peuvent ne pas aimer qu’on les touche ou qu’on les regarde. Cependant, ils sont bien là, ils nous aiment et ont besoin de nous. Ils nous sourient depuis leurs chambres mentales, dans lesquelles ils se réfugient au beau milieu de ce monde bruyant et trop stimulant pour eux.
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- Stephanie H. Ameis, Jason P. Lerch, Margot J. Taylor, A Diffusion Tensor Imaging Study in Children With ADHD, Autism Spectrum Disorder, OCD, and Matched Controls: Distinct and Non-Distinct White Matter Disruption and Dimensional Brain-Behavior Relationships. American Journal of Psychiatry, 2016; appi.ajp.2016.1 DOI: 10.1176/appi.ajp.2016.15111435
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