La Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale d'Albert Ellis
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
La Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale (TREC) a été développée par Albert Ellis suivant les principes de la psychologie cognitive. L’inefficacité de la thérapie comportementale (basée sur le stimulus-réponse) pour traiter certains troubles psychologues avec une forte ascendance cognitive a conduit à travailler en vue d’obtenir et d’améliorer les résultats. La Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale est un exemple de ces techniques pionnières qui ont montré une grande efficacité dans des troubles tels que l’anxiété et la dépression.
Cette thérapie est basée sur le modèle ABC de la psychologie cognitive initialement proposée par Albert Ellis. Ce modèle propose que les événements déclencheurs (A), par eux-mêmes, ne provoquent pas de conséquences émotionnelles, comportementales ou cognitives (C) ; Ces dernières dépendent de la perception ou de l’interprétation (B) dudit événement. En résumé, A (événements) provoque B (interprétations) et ces dernières provoques C (conséquences/comportements).
Les fondements psychologiques de la Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale
Le but ultime de la Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale est d’éliminer ou de modifier C. D’autre part, le C pourrait être modifié en modifiant à la fois les événements (A) et leurs interprétations (B). D’un autre côté, il est évident que les événements sont souvent inaltérables. Ainsi, dans ce type de thérapie, le travail avec le patient consiste à essayer de changer certaines des interprétations qu’il fait et qui l’amènent à effectuer les comportements que nous avons l’intention de modifier.
Genèse des troubles
Suite à une multitude de recherches, Albert Ellis constata que tous ou la plupart d’entre nous développons des pensées irrationnelles qui nous font voir la réalité d’une manière extrêmement négative. Il est parvenu à trouver plus de 200 types de pensées qui favorisaient cette vision négative, laquelle conduisit à des troubles de l’anxiété ou de la dépression. Nous pouvons actuellement regrouper ces formes de pensées irrationnelles en 4 types :
- Demandes ou exigences : par exemple, “Si mon conjoint m’aimait, il m’aurait fait un cadeau”.
- Catastrophisme : par exemple, “Comme demain je vais me tromper lors de mon entretien, ce sera la fin de ma carrière professionnelle, je suis en train de mourir”.
- Une faible tolérance à la frustration : par exemple, “J’ai peur d’aller à cette fête parce que je suis sûr que tout le monde me rejettera, c’est très dur et je ne peux pas le supporter”.
- Dépréciation : par exemple, “Ma nourriture est brûlée, je suis inutile, je fais tout mal”.
Ces types de pensées sont considérés comme irrationnels parce qu’elles sont fausses, illogiques, extrêmes ou trop exigeantes. Ellis soutient qu’elles proviennent des croyances absolutistes de “devoirs” ou de “volontés” qui abondent dans notre dialogue interne.
Maintien des troubles
Les modes de pensée susmentionnés ont des conséquences émotionnelles, comportementales négatives. Qu’est-ce qui les maintient toutefois ? Selon la Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale, il existe trois types d’insight ou d’idées qui aident à faire durer les troubles ou le mal être au fil du temps :
- Insight nº 1 : la perturbation est déterminée par les interprétations irrationnelles qui dérivent des événements négatifs. Cependant, si la personne croit que le trouble émotionnel est dû à l’événement plutôt qu’à son interprétation, elle tentera de changer la situation sans succès : le véritable problème se trouve dans ses croyances irrationnelles.
- Insight nº2 : si les personnes continuent à réaffirmer leurs croyances rigides et extrêmes, elles résisteront au changement, faisant que le trouble persistera.
- Insight nº3 : une pensée centrée sur le passé provoquera une stagnation dans les événements et les croyances irrationnelles. Ce n’est qu’en travaillant sur le présent et le futur que la personne sera en mesure de changer les croyances et par la même son mal-être.
Caractéristiques de la Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale
Pour parler de ce que devrait être une Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale, nous parlerons de deux approches. La première sera le style thérapeutique, qui parlera de ses stratégies ou méthodes ; la seconde sera inhérente à la relation entre le thérapeute et le patient, à la façon dont le thérapeute interagit avec ce dernier.
L’attitude du thérapeute aura les caractéristiques suivantes :
- Actif et directif : il est important que le thérapeute adopte une attitude active et offre des alternatives aux croyances irrationnelles du patient.
- Verbalement active : il est essentiel que le dialogue soit fluide et actif pour les deux parties dans la mesure où le fonctionnement de la thérapie est basé sur la discussion et le débat.
- Didactique : le thérapeute doit se comporter comme un bon professeur en enseignant à son apprenti à générer un changement en lui.
- Promouvoir des changements dans la philosophie de la vie : un aspect essentiel est de provoquer un changement dans la façon de penser du patient, dans sa philosophie de la vie.
- Ne pas encourager la catharsis : bien qu’elle puisse dans un premier temps atténuer le mal-être, l’expression intentionnelle d’émotions dérivées des croyances peut renforcer ces mêmes croyances.
- Être flexible : chaque patient est un monde différent, avec un mode de pensée distinct et caractéristique. Si le thérapeute n’est pas flexible et ne sait pas s’adapter, il ne pourra pas générer de changements chez ses patients.
D’autre part, la relation avec le patient sera basée sur les principes suivants :
- Acceptation inconditionnelle : il ne devrait pas y avoir de jugement de valeur, ni positif ni négatif envers le client / patient. Le thérapeute doit montrer que les clients sont acceptés comme toute autre personne en tant qu’êtres humains, faillibles, ni inutiles ni utiles, car un ou plusieurs comportements ne définissent ps une personne.
- Empathie : comprendre la pensée du patient en profondeur est essentiel pour comprendre la nature de ses croyances. Le thérapeute doit comprendre la philosophie de vie du sujet pour l’aider à changer.
- Être authentique : le thérapeute doit être ouvert et accessible. Il peut même parler de sa vie privée lorsque cela lui semble approprié, pour illustrer le fait que nous traversons tous des difficultés et que nous pouvons tous nous tromper. L’expérience personnelle ne sert pas autant à proposer des solutions qu’à normaliser certaines émotions.
- Avoir un sens de l’humour : il s’agit de l’un des aspects clés de la Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale car cette thérapie est basée sur l’agitation et la tranquillité. Le thérapeute peut utiliser l’humour pour mettre en évidence certains aspects des croyances irrationnelles. Bien évidemment, sans dépréciation ni irrespect : le thérapeute doit ici prendre en compte que la sensibilité de chaque patient est différente.
- Style thérapeutique informel : la Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale fonctionne mieux dans un environnement détendu et loin des aspects formels de la thérapie. Le patient devrait voir la thérapie comme une conversation amicale et amusante dans laquelle il peut parler de ses préoccupations et de ses croyances de manière détendue.
La Thérapie Rationnelle Émotive Comportementale est une thérapie intéressante et largement satisfaisante pour les patients. Elle l’aide à changer sa philosophie de vie, à adopter un style plus protecteur face à des problèmes qui génèrent de l’anxiété ou la dépression. Elle est par ailleurs largement soutenue par les résultats de la recherche scientifique. Cette thérapie place Albert Ellis parmi les figures les plus importantes de la psychologie clinique.
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