La thanatophobie ou la peur de la mort
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Il est humain que l’idée de cesser un jour d’exister puisse nous perturber. Cependant, certaines personnes sont tellement terrifiés par cette finalité que cela les empêche de vivre normalement leur vie quotidienne. Lorsqu’une personne souffre d’une telle peur panique de la mort, on parle alors de thanatophobie. Il s’agit d’une peur pour partie naturelle, mais elle devient un trouble lorsqu’elle atteint des niveaux d’inconfort trop élevés.
La thanatophobie est généralement assez paralysante pour la personne qui en souffre. En effet, des pensées concernant sa propre mort reviennent sans cesse à son esprit de manière obsessionnelle. En dépit du caractère naturel de la mort, on éprouve souvent des difficultés à l’accepter et on ne comprend pas toujours la raison de son existence.
La thanatophobie au quotidien
Les personnes souffrant de thanatophobie éprouvent souvent des pensées récurrentes sur la fin de leur propre existence. En outre, les “thanatophobes” préfèrent la plupart du temps éviter les hôpitaux ou les cimetières. Il ne supportent pas non plus la vue de films très violents ni des cercueils, ni tout ce qui a trait à la mort.
Les symptômes
Les personnes souffrant de thanatophobie presentes des symptômes divers, tels que :
- De l’anxiété
- Des pensées obsessionnelles et constantes sur la mort : non seulement sur leur propre mort mais aussi sur celle de leurs proches
- Une humeur dépressive ou de la dépression
- Un comportement d’évitement concernant tout ce qui a trait à la mort
- Des crises de panique, ou encore
- Des problèmes de sommeil
Qu’est-ce qui se cache derrière la thanatophobie ?
Un traumatisme
Tout d’abord, de nombreuses personnes qui connaissent une telle peur de la mort ont souvent vécu des événements traumatisants. Il peut s’agir par exemple de victimes d’accidents de la route ou encore de survivants d’attentats.
Cette peur peut également trouver son origine dans le décès d’un membre de la famille. La personne qui souffre de thanatophobie a parfois été le témoin d’un événement lié à la mort. Qu’il soit réel ou fictif. En effet, même un film peut déclencher ce type de peur.
La peur apprise
Il existe différentes croyances sur ce qui advient après la mort. Selon certaines cultures ou religions il y aurait une vie éternelle. D’autres encore parlent de réincarnation ou de renaissance. Enfin, selon d’autres croyances, il n’y a rien après la mort.
Dans tous les cas, la mort est toujours dérangeante. Nous vivons dans une société où règne la peur de la mort. Il est donc normal que nous éprouvions également cette crainte.
Dans les cultures qui croient en une renaissance, la peur de la mort est beaucoup moins intense. Les gens vivent même leur vie dans le but de réussir leur prochaine réincarnation. On voit donc que selon les croyances, on peut être plus ou moins serein vis à vis de la mort. Cependant, ce qui existe ou non après la mort est la croyance de chacun.
“Les hommes sont différents dans la vie, semblables dans la mort.”
-Lao-Tseu-
Dissimuler la mort
Une société qui masque la mort est une société qui ne l’accepte pas. Dans ce cadre, il est donc peu probable qu’individuellement nous développions une relation saine avec cet aspect de la vie qui nous concerne tous.
Bien que les journaux et les informations débordent de tragédies, nous avons tendance à occulter notre propre mort. Certes, entendre l’annonce de la mort de quelqu’un nous rend tristes, mais se dire qu’un jour nous allons mourir peut être la cause d’une grande anxiété et d’un grand malaise.
Comme l’équipe de Gala León (2002) l’affirme : “avec cette tentative de camouflage et de déni, nous nous retrouvons coincés dans un processus rétrograde d’évolution (régression) qui nous conduit à des stades de maturité moins élevés du processus d’évolution des attitudes envers la mort.”
La perte de l’identité
Un autre aspect important qui se dissimule derrière la peur de la mort est la perte de notre identité. Une perte qui, en principe, implique l’absence de notion d’un “je” qui ressent. Nous attribuons la mort la fin des sentiments. Le “je” s’éteint alors et tout ce que nous sommes cesse d’être.
Nous nous accrochons à un concept statique de l’identité, qui par nature est périssable. Cependant, lorsque nous prenons conscience que nous devons lâcher prise sur ce corps et sur cette identité, nous sommes envahis par une peur qui peut parfois nous paralyser.
Les craintes en fin de vie
L’équipe de Gala León (2002) affirme que les personnes en fin de la vie peuvent ressentir une série de peurs. Parmi elles, le peur :
- Du processus de mort : le fait même de penser qu’elle risque de ressentir de la douleur, qu’elle soit physique ou psychologique, peut provoquer beaucoup d’angoisse chez une personne
- De perdre le contrôle ; Lorsque nos derniers moments arrivent et que notre corps s’éteint, ce sont les autres qui doivent parfois prendre les décisions à notre place
- De ce qui arrivera à nos proches après notre mort : le devenir de notre famille nous préoccupe beaucoup. Vont-ils s’en sortir ? Souffrent-ils ? Tout restera-t-il en ordre ?
- De la peur des autres : la peur est contagieuse. Lorsque nous observons la peur chez les autres, notre sentiment de peur augmente alors
- De l’inconnu : qu’y a-t-il derrière la mort ? Que ressent-on avant de partir ?
- Que la vie n’ait pas eu de sens
Comment faire face à la thanatophobie ?
Le traitement le plus couramment utilisé pour la thanatophobie est la thérapie cognitivo-comportementale. Il se concentre sur le niveau comportemental ainsi que sur le niveau cognitif et physiologique.
L’équipe de Mercedes Bordas (2011), de l’Université de Séville, propose dans son article une série d’objectifs. Parmi eux :
- Contrôler les symptômes de l’anxiété : au niveau physiologique, l’objectif est de contrôler les symptômes qui apparaissent en relation avec la mort. Au niveau cognitif, on travaille sur les pensées liées à la mort. Des techniques de relaxation telles que la respiration ou la relaxation progressive sont également appliquées
- Réduire les comportements d’évitement : cela se pratique à la fois à travers l’imagination mais aussi directement
- Enfin, réduire le niveau de détresse émotionnelle associé à l’expérience de la mort et au processus de la mort. La restructuration cognitive à ce stade est essentielle pour travailler sur la peur de la mort
En conclusion
Bien que la mort soit un processus qui fasse partie de la vie, il n’empêche qu’elle impose du respect et de la peur. Cependant, si cette peur est si intense qu’elle nous empêche de vivre normalement notre vie quotidienne, la meilleure chose à faire est de demander de l’aide auprès d’un professionnel.
Un tel support nous fournira les bons outils pour que la peur ne soit plus aussi invalidante. Ainsi, nous pourrons à nouveau profiter de nos occupations comme nous le faisions avant. En somme, ce qui est vraiment important, ce n’est pas de mourir, mais de vivre pleinement et d’apprécier chaque petit instant que la vie nous offre.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.