La souffrance n'est pas un ennemi
“Je suis le spectre de l’ombre que j’ai été, la trace de la distance que mes détours ont marquée, et je poursuis mon chemin sans comprendre l’objectif de la vie. Qui nous a amené jusque ici ?
Les années passent et je change selon le vent, selon mes succès. Et plus j’en ai besoin, plus je prie. Je m’accroche au poster, au guide, au pilier qui supporte mon poids, sans me rendre compte que j’enfonce le sien jusqu’à le planter dans la terre dure et froide.
Les matins deviennent des géants et les nuits deviennent interminables. Si seulement je pouvais avoir l’énergie d’une comète, même si je me contenterais simplement de sa trainée.
Pourquoi le destin nous fait-il souffrir ? Et le plus triste, pourquoi mon destin me pousse-t-il à faire souffrir les autres ? Je devrais peut être rester seul dans mon coin… Mais mon égoïsme me l’empêche, j’ai besoin de bras pour me protéger, de battements de coeur pour me réchauffer, et de sentir le souffle des mots d’un ami.
La souffrance, on m’a appris qu’il fallait l’éviter, la fuir, la refuser. Cependant, elle revient toujours plus forte et ne m’abandonne pas… Elle s’accroche.
Souffrance, amère souffrance, je ne t’aime pas, laisse-moi, vas-t-en !
Souffrance, amère souffrance, pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille ?
On m’a appris à ne pas y penser, à toujours chercher une solution. On m’a appris à prendre des médicaments, à appliquer des pommades et mille autres remèdes. On m’a dit de l’ignorer, de me focaliser sur autre chose, de la fuir comme l’on fuirait le diable en personne”.
Parfois, peut-être même souvent, ce dialogue intérieur d’une personne qui souffre peut nous paraître familier. Que la souffrance soit physique ou morale, notre culture nous enseigne à la fuir et à chercher une solution coûte que coûte.
Nous abusons parfois des médicaments. Cependant cette solution ne fait qu’occulter, rafistoler et mettre de côté ce qui nous fait réellement peur.
La société moderne dans laquelle nous vivons n’accepte pas la souffrance, elle la considère comme étant anti-naturelle, et c’est là qu’un problème se pose. Elle la dénaturalise et la transforme en un ennemi que nous devons fuir et non en quelque chose de naturel.
Certains problèmes physiques ont une solution, d’autres n’en n’ont pas. Dans certains cas, les médicaments sont nécessaires, mais dans d’autres nous pouvons devenir dépendants. Enfin, parfois, leurs effets secondaires peuvent provoquer encore plus de douleur que ce qui nous faisait déjà souffrir auparavant.
Et pour les problèmes psychiques ? Les douleurs de l’esprit… ? Que faire ? Face à un mal-être émotionnel il n’existe aucune pilule, aucune thérapie, aucun remède, rien qui puisse les soulager. Et plus on tente de les fuir, c’est à dire, plus l’on essaye de ne pas y penser, plus elles réapparaitront encore plus intenses.
Face à la souffrance, vous pouvez choisir de fuir, c’est ce que les nouvelles thérapies modernes appellent “le syndrome d’évitement”, un cas dans lequel une personne ajoute à la douleur d’autres sentiments tels que la tristesse, l’angoisse, l’amertume et l’ennui.
Cependant, si cette situation nous laisse sans défense… N’y a-t-il rien à faire ? Il faut percevoir la souffrance non pas comme quelque chose d’anti-naturel ou comme une chose à fuir, mais comme un élément naturel de la vie.
Voici la deuxième option : regarder cette souffrance dans les yeux, sans porter de jugements de valeur, en la percevant telle qu’elle est, sans arrières pensées, avec attention, sans mots, ni émotions, simplement en l’observant et en tirant des leçons.
Autrement dit, en apprenant que la souffrance n’est que souffrance, et qu’elle ne dépend que de la façon dont nous y faisons face, soit en la subissant, soit en l’acceptant en tant qu’élément inévitable de la vie.
La souffrance est semblable aux marées : elle va et vient. Ainsi, apprenez à vivre avec, non pas en vous soumettant, ou en restant sans défense, mais en l’acceptant et en luttant activement pour votre vie.
Pour la vaincre, il ne faut pas la fuir, mais l’affronter. Bien que ce soit souvent difficile, et même si elle nous terrifie, il faut aussi apprendre à vivre avec, et à profiter du moment présent et de toutes les belles choses que la vie nous offre.
C’est lorsque que vous vous éloignerez d’elle, sans la fuir, que vous commencerez à souffrir de moins en moins.
“Et avec elle j’ai fini par apprendre, bien qu’au début je ne savais pas l’apprécier à sa juste valeur. Elle m’a formé en tant que personne… et j’ai grandi”
Photo publiée avec l’aimable autorisation de Leon Chong.
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