La désespoir créatif : la lumière que nous devons voir au-delà du mal-être
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le désespoir créatif nous rappelle que tôt ou tard nous devons le faire : nous arrêter, affronter la souffrance et nos réticences. Loin d’alimenter le répertoire de stratégies d’évitement, cette technique nous invite à accepter la réalité en assumant le désespoir pour avancer avec lui tout en créant un nouveau plan de route, un nouveau but lumineux où l’espoir est présent.
Cet outil psychothérapeutique fait partie de la thérapie d’acceptation et d’engagement. Pour les lecteurs qui ne connaissent pas cette approche, nous pourrions dire qu’elle fait partie des thérapies dites de troisième génération.
Elle tend à générer des changements positifs et transformateurs chez les personnes grâce à deux clés très spécifiques. En premier lieu, combattre les pensées automatiques. Autrement dit, celles qui nous font souffrir et nous plongent souvent dans une dynamique destructrice avec laquelle nous alimentons la douleur. En second lieu, la thérapie d’acceptation et d’engagement se caractérise par la proximité directe, humaine. Cette proximité enveloppe le patient à travers un dialogue fluide et confortable, libre de préjugés, et génère des changements ainsi que l’encouragement à des comportements plus adaptés.
De sorte qu’il est habituel d’utiliser, pour promouvoir de tels changements, ce qui est connu comme le désespoir créatif. Il peut amener le patient à retrouver ses propres valeurs, à atteindre un état d’harmonie et de calme intérieur dans lequel il peut générer de nouvelles opportunités et l’état idéal pour en profiter.
Qu’est-ce que le désespoir créatif ?
Pour mieux comprendre ce qu’est le désespoir créatif, nous commencerons par une petite histoire en guise d’introduction. L’histoire commence avec un paysan. Un homme a qui il est proposé d’effectuer une étrange tâche dont il obtiendra un excellent bénéfice. Le travail consiste à travailler un champ avec la seule aide d’un âne et d’une pelle. Il existe néanmoins une petite condition : il dos le faire les yeux bandés.
Le paysan commence son travail en suivant les directives indiquées. Il ne sait toutefois pas que le champ est plein de trous. Notre protagoniste tombe évidemment dans l’un d’entre eux. Ne sachant que faire ni comment sortir, le paysan enlève le bandeau de ses yeux. Il se sert alors de la seule chose qu’il possède : sa pelle. Ainsi, et pendant presque une journée, il commence à creuser et à ouvrir des tunnels. Il prend peu à peu conscience qu’il ne fait que s’enfoncer toujours plus.
Réalisant cela, il décide d’accepter sa situation et opte pour une autre stratégie. Peut-être, devrait-il faire un autre usage de cette pelle… Ce petit exemple illustre avec originalité l’essence même du désespoir créatif. Nos propres comportements d’évitement nous entraînent souvent dans un plus grand désespoir. En outre, ils intensifient la complexité du problème original.
Les objectifs du désespoir créatif
Lorsqu’une personne consulte un psychologue, il ne s’y rend pas seul. Viennent avec lui ou avec elle un sac rempli de pensées déformées, de barrières défensives, d’attitudes limitantes, de zones erronées, d’excès de passé, un présent gaspillé et une angoisse vitale qui peut être perçue dès le premier instant.
Parvenir à ce que ce patient sorte de la consultation “un peu mieux”qu’il n’y est entré n’est pas facile. Ces n’est d’ailleurs pas le but principal. Il est nécessaire d’établir un plan de route et donner de l’espoir à cette personne. Mais comment y parvenir ? Comment faire pour que le patient retourne chez lui avec un peu plus de lumière … face à tant d’obscurité se condensant dans son esprit ? Aussi curieux que cela puisse nous paraître, le désespoir créatif est un bon début, un outil puissant par moments. Voyons voir pourquoi.
- Le premier objectif est d’amener le patient à accepter les expériences négatives qui sont en lui et qu’il ne peut pas contrôler. Loin de se battre avec elles, de les fuir ou de s’en obséder, il est temps d’embrasser le désespoir, de marcher à ses côtés et de reconnaître que ce chemin n’a plus de sens. “Je l’accepte pour le laisser aller”.
- Après avoir pris en charge ces faits douloureux ou angoissants, le psychologue réoriente son patient vers d’autres options à travers le dialogue. Il s’agit d’issues présentant un renforcement positif, un but, un véritable espoir.
- En outre, le psychologue ayant du tact, montrera de manière constante à son patient que ce qui a été laissé derrière, ce qui fait mal, n’est plus utile et ne sert plus. Ce désespoir peut néanmoins agir comme une impulsion, un moteur pour trouver de nouvelles issues. C’est comme si quelqu’un faisait deux pas en arrière pour pouvoir sauter plus haut.
Nous pouvons conclure en soulignant que le désespoir créatif peut et doit être appliqué au-delà du domaine psycho-thérapeutique. Chacun d’entre nous, d’une certaine façon, avons traversé ces moments en essayant de fuir quelque chose. Et presque sans savoir comment, nous finissons par alimenter ce même mal-être. C’est comme conduire à travers une ville que nous ne connaissons pas et finir par emprunter le même sens giratoire indéfiniment.
Sortir de ce sens giratoire, voir la lumière au-delà du propre mal-être, implique d’abord de comprendre qu’il est inutile d’utiliser la même stratégie avec fréquence. Elle nous conduit aux mêmes résultats. Nous devons rompre le cycle,. Nous devons arrêter de nous échapper, et accepter que nous sommes perdus, que nous n’avançons pas et, dès lors, regarder au-delà. Lever la tête et quitter votre propre piège pour découvrir d’autres chemins, d’autres routes plus saines et libératrices.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.