La déflexion dans le mécanisme de défense d'évitement

La déflexion détourne les émotions désagréables, mais déconnecte également la personne du monde qui l'entoure. Découvrez en quoi consiste ce mécanisme de défense.
La déflexion dans le mécanisme de défense d'évitement
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 08 juin, 2023

Les émotions nous accompagnent dès la naissance, elles sont notre guide et notre boussole dans le monde, elles nous indiquent quoi faire et comment procéder. Cependant, elles sont souvent si inconfortables et intolérables que l’on met en place toutes sortes de mécanismes pour éviter d’entrer en contact avec elles. C’est le cas de la déflexion.

Ne pas supporter les silences dans une réunion sociale, éviter le contact visuel ou parler sans s’arrêter lorsque vous êtes avec d’autres sont la preuve de ce mécanisme. Toutes ces actions qui semblent n’avoir ni raison ni but sont en réalité le bouclier que vous dressez entre vous et la réalité, dans le but de détourner les sensations désagréables auxquelles vous êtes confronté.

Pour mieux comprendre pourquoi ces situations se produisent et quelles sont les conséquences de cette méthode de défense, continuez à lire.

La déflexion : un mécanisme de défense issu de la Gestalt-thérapie

D’après la théorie de la Gestalt évoquée par le Dr Fritz Perls dans son livre The Gestalt Approach and Therapy Witnesses, on suppose que les gens ont un équilibre sain entre le contact et le retrait avec l’environnement. Autrement dit, nous sommes capables de nous connecter (pour satisfaire nos besoins) et revenir au point d’origine (quand ils sont comblés).

D’un point de vue « primitif », il est naturel de sortir dans son environnement pour chercher de la nourriture si on a faim, et de se retirer quand on est rassasié. Mais comme l’être humain est beaucoup plus complexe, il est possible que cette dynamique soit vue comme savoir approcher les autres en quête de soutien ou de socialisation et savoir se retirer pour profiter de la solitude.

Malheureusement, de nombreuses personnes ont des difficultés au niveau de l’un de ces points et c’est là que les mécanismes de défense apparaissent. S’il est difficile de se connecter ou de se retirer, on développe certaines stratégies pour rendre les situations plus supportables. Et même si elles étaient utiles quand nous les avons apprises, elles ne le sont plus aujourd’hui : elles ne font que nous limiter et nous empêcher d’avoir une vie comblée.

Alors, qu’est-ce que la déflexion en tant que mécanisme de défense ?

La déflexion est un mécanisme mis en place par les personnes qui ont du mal à entrer en contact avec les autres, avec l’environnement ou avec leurs propres émotions. Elles cherchent ainsi à éviter ou éluder l’inconfort de différentes manières. L’objectif est de refroidir l’expérience, afin que ce contact ne soit pas aussi direct ou intense.

Il est compréhensible que, pour beaucoup, des émotions telles que la tristesse, la peur, la honte, la colère ou la vulnérabilité soient assez inconfortables et désagréables. Ainsi, à défaut de savoir affronter ou gérer la réalité, l’option est de la détourner.

À quoi ressemble la déflexion au quotidien ?

Il est probable que vous ayez activé ce mécanisme de défense à plusieurs reprises. Pour le vérifier, faites attention aux exemples suivants et voyez si vous utilisez la déflexion :

  • Dans des situations inconfortables, vous émettez un rire nerveux qui aide à ne pas entrer en contact avec ce que vous ressentez vraiment.
  • Quand quelqu’un vous pose une question sur un sujet qui vous fait mal, vous répondez par « ça va, tout va bien » et changez rapidement de sujet.
  • Vous choisissez de parler de manière très abstraite au lieu d’être concret. Ou de parler du passé alors que ce qui est pertinent en ce moment, c’est le présent.
  • Vous évitez le contact visuel avec une personne parce que cela vous met mal à l’aise, qu’il s’agisse d’un inconnu ou d’une personne intimidante, que la situation soit tendue ou que vous vous sentiez nerveux.
  • Lorsque vous racontez ou partagez des expériences douloureuses pour vous, vous le faites avec le sourire, sur un ton humoristique ou en utilisant l’ironie ou le sarcasme. Vous prétendez que la situation ne vous affecte pas.
  • Vous ne supportez pas les silences dans une conversation et, sans vous en rendre compte, vous lancez un verbiage inlassable sur n’importe quel sujet. Parler si rapidement et intensément vous empêche d’être authentique dans ce que vous dites et dans la façon dont vous vous comportez.
  • Il vous est parfois difficile d’écouter les autres et vous ne savez pas comment le faire. Si quelqu’un partage une expérience intime avec vous ou vous confronte à une demande qui ne vous plaît pas, vous coupez court en disant « ce n’est pas grave » ou « ne t’inquiète pas », empêchant l’autre d’approfondir et la conversation de continuer sur cette voie.

À quels autres comportements la déflexion est-elle associée ?

Il est important de comprendre que les mécanismes de défense ne sont pas négatifs en eux-mêmes. En effet, ils remplissent une fonction et sont présents chez tous les êtres humains ; nous les utilisons souvent. Le problème se pose lorsqu’on en abuse, car cela limite ou nuit.

Ceux qui recourent plus fréquemment à ce mécanisme en viennent à l’inscrire dans leur personnalité. Ceci est peut-être dû au fait qu’au moment de l’acquérir ou de le développer, ils n’avaient pas d’autres stratégies.

Personne n’aime se connecter à des émotions négatives, mais – selon SAGE Open – si les gens bénéficient d’un soutien et d’une éducation émotionnelle dans l’enfance, si on leur apprend à gérer de telles émotions, si on leur propose des stratégies plus adaptatives, ils n’auront pas besoin de « se défendre » avec cette méthode d’évitement.

De plus, la déflexion n’est pas le seul mécanisme de défense. Perls, créateur de la Gestalt-thérapie, a proposé jusqu’à cinq types, dont la :

Comment traiter une personne qui se sert de la déflexion ?

En réalité, la déflexion n’est pas toujours négative et il n’y a aucune raison de l’éradiquer. En fait, cela aide les gens à être diplomates, à concilier et à maintenir l’harmonie dans l’environnement lorsque cela est nécessaire. Cependant, si on l’utilise de manière excessive ou rigide, elle conduit à se déconnecter du présent, des sensations et des autres, nous empêchant d’être authentique et de vivre la réalité telle qu’elle est.

Pour soigner une personne qui utilise la déflexion et l’aider, il est pertinent de lui offrir le soutien affectif qu’elle n’a pas reçu à l’époque, ce qui l’a poussé à s’évader. Peut-être que dans l’enfance, en exprimant ses émotions, en étant vulnérable ou authentique, elle n’a pas obtenu la réponse attendue de son environnement et cela a été le début de sa déflexion.

En lui offrant maintenant un espace sécuritaire qui favorise et encourage la reconnexion avec le présent, la réalité, les sensations et les émotions, nous permettons au processus qui a été interrompu de reprendre et de guérir. Et c’est le principal objectif poursuivi en psychothérapie.

La déflexion ne doit pas devenir une habitude

En bref, la déflexion est l’une des différentes méthodes utilisées sans en être conscient, pour gérer une réalité qui nous dépasse et éviter de se connecter à des sensations, stimuli ou impulsions désagréables. Bien que cela soit parfois normal et utile, il est important que cela ne devienne pas la façon habituelle de procéder car cela conduirait à l’insatisfaction, à la frustration et à l’épuisement.

Si vous vous sentez reflété dans tout ce qui précède, songez à rechercher un soutien professionnel pour acquérir des outils qui vous aideront à mieux gérer votre monde émotionnel.


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