La définition de la force selon Erich Fromm
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La définition de la force d’Erich Fromm nous offre un exercice de réflexion que nous devons tous mener. Dans un monde complexe, qui tend à la destruction et à une société purement technologique que Fromm anticipait déjà, le seul espoir est de se développer. Et ce développement implique d’atteindre la plénitude en matière de responsabilité, de liberté et de connaissance de soi.
Pionnier de ce qu’il appelait lui-même la psychanalyse de l’humanisme radical, Fromm était un philosophe et psychologue social dont il est conseillé de lire les écrits. Non seulement, c’est l’un des esprits les plus brillants de notre modernité, mais il est à l’origine d’une lutte intellectuelle pour façonner un type de société altruiste orientée vers des valeurs plus solidaires.
Ce psychanalyste germano-juif est allé au-delà des théories freudiennes pour parier sur une perspective plus large, plus sensible et plus critique, à partir de laquelle analyser l’état général de l’humanité et ses problèmes. Il n’a créé aucun type de thérapie pour traiter la douleur et la souffrance des gens, comme l’a fait Viktor Frankl, par exemple.
Cependant, Fromm a été, est et sera toujours cette voix de la conscience qui nous encourage à valoriser la situation dans laquelle nous nous trouvons. Son idée de la force humaine est l’une des plus intéressantes. Nous l’analysons.
“L’humanisation totale nécessite l’avancement de notre force et de notre développement pour passer de l’égoïsme à la solidarité et à l’altruisme.”
La force selon Erich Fromm : en quoi consiste-t-elle ?
La définition de la force d’Erich Fromm apparaît dans plusieurs de ses œuvres les plus remarquables. L’une d’elles, la plus intéressante, est La Révolution de l’espoir. Dans ce livre, il nous parle de la nécessité de nous transformer en militants pour l’humanité, en personnes capables de revendiquer des valeurs qui défient les risques de la société à l’ère technologique.
Pour comprendre cette perspective, nous devons nous mettre dans le contexte. Erich Fromm a été contraint de fuir l’Allemagne en 1934, après l’arrivée au pouvoir du parti nazi.
Une grande partie de son point de vue découle de l’horreur et du non-sens de la Seconde Guerre mondiale. Plus tard, il a émigré aux États-Unis, où il a dirigé plusieurs mouvements pacifistes, s’est soulevé contre la guerre du Vietnam et s’est déclaré idéaliste dans une forme radicale et humaniste de socialisme.
Pendant une grande partie de sa vie, il a été déçu par le type de société dans laquelle il vivait. D’abord dans l’Allemagne des années 1930 et, plus tard, aux États-Unis à l’ère de Nixon.
Dans son livre La Révolution de l’Espoir, il encourage les lecteurs à initier une transformation individuelle pour créer un changement de paradigme dans nos sociétés technologiques. L’un de ces changements naît du besoin d’apprendre à être fort.
Il existe trois types de forces (et toutes ne sont pas bonnes)
La définition de la force d’Erich Fromm nous pousse à faire deux choses. La première est de nous engager dans l’espérance et la foi. La seconde est de savoir comment réagir à la violence, à la soumission, au non-sens et à l’égoïsme. De tout cela, émerge le besoin d’apprendre à être responsable, à la fois pour nous-mêmes et pour l’engagement que nous avons envers la société.
Il est intéressant de noter également que Fromm distingue trois types de force. Deux d’entre elles ne nous servent pas, puisqu’elles ne nous aident pas à progresser ou à atteindre le bonheur. Ce sont les suivantes :
- Certaines personnes ont une force basée sur la violence. À travers l’usage de la force pour faire face aux défis, elles souhaitent démontrer leur valeur (égoïsme).
- Certaines personnes font preuve de force parce qu’elles sont soumises à une figure d’autorité. Elles agissent sous la contrainte et en conséquence de la peur.
Il est temps de parler de la force à laquelle nous devrions aspirer selon Erich Fromm. Cette force correspond à un état d’intrépidité qui favorise notre développement et nous pousse à orienter la société vers l’optimisme, la foi et l’espérance.
“Le but de la vie est de grandir de manière optimale pour devenir qui l’on est potentiellement. Si une personne a la volonté et la détermination pour faire tomber les barreaux de la prison du narcissisme et de l’égoïsme, lorsqu’elle a le courage de tolérer une anxiété intermittente, elle éprouve les premiers éclairs de joie et de force.”
-Erich Fromm-
La définition de la force d’Erich Fromm nous pousse à atteindre la plénitude
La définition de la force d’Erich Fromm nous rappelle celle de Spinoza. Selon ce philosophe néerlandais d’origine séfarade, être fort n’a pas grand-chose à voir avec l’endurance physique ni même le courage. La force est une vertu liée à la fermeté et à la générosité.
- Fromm a pris cette idée et a ajouté le concept de foi ; il est question de s’engager pour son progrès et celui de la société. Dans son livre La Révolution de l’espoir, il nous fait remarquer que les êtres humains se résignent facilement. Cela suppose un danger, car la résignation implique la captivité, la perte de liberté et la soumission.
- Le dynamisme, la foi et l’enthousiasme sont essentiels. Comme il l’explique dans son livre Être et Avoir, il est nécessaire de favoriser la joie et la spontanéité. Ce n’est que lorsque nous sommes spontanés que nous démontrons notre liberté.
- La force doit nous permettre d’atteindre la plénitude. C’est à ce moment-là que nous devenons des personnes intrépides qui font preuve d’audace.
Être audacieux, c’est se passer d’idoles, de chaînes et de pensées irrationnelles. C’est lutter pour des valeurs authentiques avec lesquelles créer une société plus juste, plus altruiste et plus solidaire…
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- Fromm, Erich (2018) La revolución de la esperanza. Fondo Cultura Económica
- Fromm, Erich (1992) Del tener al ser. Barcelona. Paidós.
- Fromm, Erich. (2007) El humanismo como utopía real, la fe en el hombre. Buenos Aires. Paidós.
- Fromm, Erich. (2002) Anatomía de la destructividad humana. Buenos Aires. Paidós.
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