Exhibitionnisme : causes de cette paraphilie sexuelle
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Le manuel diagnostique (DSM) de l’Association Psychiatrique Nord-américaine comprend 8 paraphilies typiques et 7 qui ne sont pas spécifiques. Parmi les paraphilies typiques les plus communes, on retrouve le fétichisme, le fétichisme travesti, l’exhibitionnisme, le voyeurisme, la pédophilie et le masochisme sexuel.
Avoir une attirance ou un intérêt accompli pour une ou plusieurs de ces pratiques ne constitue pas en soi un syndrome clinique. En fait, le fait qu’une personne ressente du désir, qu’elle ait une fantaisie sexuelle intense envers un objet, qu’elle ait une sensation ou une pratique sexuelle atypique ne doit pas être un problème. Cela peut devenir un problème et peut générer un trouble lorsque la pratique de la paraphilie suppose un dysfonctionnement ou un conflit émotionnel chez la personne concernée.
Qu’est-ce que l’exhibitionnisme ?
L’exhibitionnisme est l’exposition des parties génitales à une personne étrangère dans le but de provoquer de l’excitation sexuelle. Cette pratique comprend en fait une déviation de l’acte sexuel car la sensation de plaisir s’obtient en montrant ses parties génitales à une tierce personne. Dans la majorité des cas, les victimes concernées sont des femmes ou des enfants.
Dans la plupart des cas, aucune tentative postérieure d’avoir une activité sexuelle avec la personne étrangère n’a lieu de la part de l’exhibitionniste. Pour cela, ils commettent rarement des atteintes ou violations et ne développent que très rarement des troubles.
La personne qui pratique l’exhibitionnisme au lieu de rechercher une rencontre sexuelle réprime cette dernière. Elle convertit ainsi son acte en une fin en soi tandis que l’excitation sexuelle survient en anticipant mentalement la situation, c’est une sensation similaire à celle de la masturbation.
Dans ce point, il est important de différencier l’exhibition et l’exhibitionnisme. Le concept d’exhibition ; à la différence de l’exhibitionnisme qui est délimité par la criminologie et la médecine ; n’implique par une attitude de contenu sexuel, cela correspond uniquement au fait de montrer quelque chose en public (Ripolles 1982).
« Certaines personnes se caractérisent par le fait de faire du bruit. C’est comme une condition innée chez eux et c’est également une part de la condition des exhibitionnistes ; ils ne savent pas jouir ou souffrir en silence, mais uniquement en dérangeant les autres ».
Pourquoi y a-t-il des personnes qui jouissent en montrant leurs parties génitales au public ?
L’exhibitionnisme commence généralement pendant l’adolescence. La majorité des exhibitionnistes sont des hommes mariés mais avec un couple souvent conflictuel. Approximativement 30% des délinquants sexuels masculins détenus sont exhibitionnistes. Ils ont tendance à perpétuer ce type de conduite dans le temps et entre 20 et 50% sont détenus plus d’une fois.
Les causes de l’exhibitionnisme reposent dans la formation d’apprentissages inadaptés, en substituant le stimulus sexuel espéré, homme ou femme, par d’autres stimulations extérieures.
Dans le développement de cette paraphilie, une stimulation non adéquate s’associe généralement à une forte activation sexuelle de l’individu, ce qui peut le convertir en une stimulation conditionnée sexuellement dans d’autres occasions. Ces situations se développent généralement durant l’adolescence (Muse et Frigola 2003).
Des expériences ultérieures de conditionnement au travers des fantaisies et de la masturbation renforceraient ces réponses sexuelles. Des facteurs qui prédisposent un individu à l’exhibitionnisme existent même, comme par exemple les difficultés à établir une relation sexuelle interpersonnelle ou le manque d’estime de soi.
Parmi les différentes causes, il a été trouvé que les exhibitionnistes sont habituellement des personnes timides qui ont des difficultés à créer des relations avec des femmes. Ainsi, chez certains exhibitionnistes, le désir et l’acte surgissent lorsqu’ils font face à une crise émotionnelle. Ils montrent un niveau d’intelligence et socioculturel normal.
D’autre part, ils ne sont habituellement pas des personnes dangereuses, et ne recherchent pas à abuser de leurs victimes. Au contraire, la majorité réagissent de manière incertaine et fuient lorsqu’ils reçoivent une réaction en retour de leur acte. Leur désir repose sur le fait de surprendre leur victime en provoquant chez elle une réaction de peur, de dégoût ou de curiosité et en expérimentant ainsi une sensation de dominance. Les réactions de moquerie ou d’indifférence sont celles qu’ils détestent le plus.
« L’émotion de l’exhibitionnisme est comme le fait de regarder ton corps nu dans le miroir et de penser : si quelqu’un sonne maintenant à ma porte, je n’aurai pas le temps de m’habiller. »
Critères généraux et facteurs compulsifs dans l’exhibitionnisme
Selon le DSM, les critères pour le diagnostic du trouble exhibitionniste sont deux indicateurs :
- Fantaisies sexuelles récurrentes et hautement excitantes, pulsions sexuelles ou comportements qui impliquent l’exposition des parties génitales à un étranger qui ne s’y attend pas pendant une période d’au moins six mois.
- Les fantaisies, les pulsions sexuelles ou les comportements provoquent un mal-être cliniquement significatif ou une détérioration sociale, professionnelle ou d’autres domaines importants de l’activité du sujet.
Bien qu’il n’y ait pas beaucoup d’études sur le thème, on croit que l’exhibitionniste n’a pas pu surmonter certaines étapes du développement sexuel infantile. On pourrait dire que ceux qui pratiquent l’exhibitionnisme souffrent d’une certaine immaturité sexuelle. Cela peut résulter paradoxal car on estime que l’exhibitionniste souffre de certains traits d’infériorité, d’auto acceptation et d’un trouble de la relation. Les individus sont généralement des sujets impulsifs et antisociaux.
Quelque chose qui a été étudié et validé est que les exhibitionnistes exposent leurs parties génitales à des personnes inconnues en raisons de désirs compulsifs forts. Ils sont conscients de leur besoin de surprendre, d’impacter ou d’impressionner l’observateur.
La majorité des personnes qui souffrent de cette paraphilie ont des idées, des pensées et des pulsions ou images de caractère persistantes qu’ils considèrent intrusives ou inappropriées et qui leur provoquent de l’anxiété ou un mal-être significatif. Ce mal-être émotionnel est ce qui mène l’exhibitionniste à neutraliser ses pensées compulsives en ayant recours à l’exposition des parties génitales en public face à des personnes inconnues.
« La sensualité et l’exhibitionnisme sont deux concepts que les adolescents et jeunes de notre époque ont confondu. Un regard et/ou un sourire sensuel valent plus que mille photos d’un décolleté. »
Traitement de l’exhibitionnisme
Les traitements psychologiques pour les personnes exhibitionnistes tentent de reconduire le plaisir grâce à d’autres fantaisies sexuelles plus adaptées. Le traitement de l’exhibitionnisme utilise habituellement des interventions psycho-thérapeutiques basées principalement sur des techniques comportementales et cognitives ou des traitements médicaux basés sur l’usage d’hormones ou de certaines substances pharmacologiques.
Perspective cognitivo-comportementale
L’orientation cognitivo-comportementale explique l’acquisition et le maintien des paraphilies au travers des paradigmes du conditionnement et de la formation de schémas cognitifs (Muse, 1996).
La grande majorité des paraphilies se manifeste au cours de la puberté, en donnant l’impression qu’il puisse exister une « fenêtre d’opportunité » par laquelle le conditionnement à des stimulations sexuelles puisse être spécialement propice pendant cette époque d’acquisition de la maturité.
Le changement de ces comportements paraphilique requiert souvent une intervention multimodale qui interfère avec l’apprentissage antérieur par le conditionnement classique et social, tandis que l’on modifie les schémas basiques de la structure cognitive de l’individu (Muse et Frigola 2003).
Bien que les hormones masculines soient fondamentalement impliquées dans le maintien de la motivation sexuelle, c’est l’apprentissage à un jeune âge qui détermine la direction de l’intérêt sexuel. Ainsi, l’usage de substances chimiques dans le traitement des paraphilies est souvent réservé comme une thérapie associée à la psychothérapie (Muse et Frigola 2003).
La thérapie psychologique est l’unique manière d’aider ceux qui souffrent de ce trouble. Même si le désir de l’exhibition est impossible, ce qui est recherché dans la thérapie est de rendre ce désir fonctionnel en travaillant sur l’acte compulsif et perturbateur, tout comme sur la cause qui génère habituellement cette pulsion sexuelle.
« Valorisez les discrets comparés aux exhibitionnistes ; car ils seront sobres comparés aux arrogants, convaincus comparés aux incertains, généreux comparés aux égoïstes, vaillants comparés aux fainéants, et engagés comparés aux distants. »
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