Etre très intelligent-e : le côté sombre de ce dont on ne parle pas
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
eÊtre très intelligent-e n’est pas toujours une garantie de succès ou de bonheur. Derrière un QI très élevé, il y a un revers de médaille dont on ne parle pas toujours, comme l’angoisse existentielle, l’isolement social, les problèmes émotionnels ou l’insatisfaction personnelle et vitale de ne pas remplir nombre d’objectifs élevés que les personnes aux capacités élevées se fixent.
D’aucuns n’hésitent pas à affirmer que l’intelligence n’est pas la même chose que la sagesse, et que ce dernier fait défaut beaucoup de personnes (pas toutes) dont le QI est supérieur à 120-130. Ainsi, Jeanne Siaud-Facchin, psychothérapeute et l’un des experts les plus reconnus dans le domaine des hautes capacités, explique que rien ne peut être aussi paradoxal que le cerveau de ces personnes.
“Je veux vivre une vie parfaite. Le seul moyen d’y parvenir est l’isolement, la solitude. J’ai toujours détesté les foules. “
-William James Sidis, l’homme le plus intelligent du monde
Être très intelligent-e entraîne une certaine fragilité. Nous sommes face à un type d’esprit capable de générer des milliers d’idées à la fois. Ils sont rapides, originaux et peuvent produire en quelques secondes des arguments et des concepts sans fin. Cependant, ils ne sont pas toujours capables de gérer toutes ces informations. Leurs mondes cognitifs ont tant de capacités qu’un seul stimulus suffit pour enflammer instantanément les neurones, donnant forme à beaucoup d’idées. Mais ils n’arrivent pas toujours à donner une réponse concrète voire approchée.
Tout cela peut générer une grande frustration et une grande confusion. Tout n’est pas si incroyable ou si simple pour une personne ou un enfant ayant de grandes capacités. Personne ne leur a expliqué comment utiliser un cerveau aussi sophistiqué, tellement avide d’informations et d’idées productives. En fait, les choses deviennent beaucoup plus compliquée pour les personnes au QI de plus de 180. Dans ces cas, comme nous l’avons vu dans l’histoire de l’homme le plus intelligent du monde avec un QI de 250, leur vie peuvent devenir de véritables tragédies.
Etre très intelligent-e, un cadeau paradoxal
Nous vivons dans une société où les cadeaux sont vénérés. Nous sommes fasciné-e-s par les personnes aux talents et capacités uniques, nous admirons celleux qui dominent certains aspects de la science, de l’art, du sport… Tant et si bien qu’il ne manque pas de pères et de mères qui aimeraient avoir un enfant avec un QI élevé, parce que d’une certaine manière l’idée qu’être très intelligent-e est synonyme de succès est très ancrée de nos jours.
D’autre part, les enfants eux-mêmes ont la conviction que rien n’est aussi fabuleux qu’«être très intelligent-e». Peut-il y avoir quelque chose de mieux ? Les “surdoué-e-s”, disent-iels, réussissent aux examens avec de bonnes notes sans effort ou sans beaucoup étudier. Maintenant, chaque éducateur-trice, chaque psychologue ou père d’un enfant avec de grandes capacités sait que ces idées ne sont pas toujours vraies.
Pour commencer, il est très possible que l’élève au QI élevé passe inaperçu pendant une bonne partie de sa vie scolaire. Il est également probable qu’il ne reçoive pas de bonnes notes, qu’il ne soit pas bon à se faire des ami-e-s et qu’il soit, cet élève, inattentif-ve et absorbé-e dans son propre monde qui sommeille dans les dernières rangées d’une salle de classe d’où iel n’attire pas l’attention.
Dans d’autres cas, il y a des élèves qui ne savent pas contrôler leurs idées et leurs divagations. Parfois, sur une simple question d’examen, l’enfant peut être sujet à des sortes de divagations, de réflexions et inférences qui ne permettent pas toujours de donner une réponse concrète. En fait, dans le livre Trop intelligent pour être heureux, une fille explique que pendant que ses camarades de classe creusent une piste pour trouver la solution, elle en suit 25 et se sent incapable de parvenir à une conclusion.
- Pensée arborescente. Ce type de raisonnement effectué par des personnes ayant des capacités élevées est appelé pensée arborescente et s’explique de la manière suivante : lorsqu’un stimulus est reçu, l’esprit commence à générer une idée après l’autre, bien que sans associations claires dans de nombreux cas. C’est comme un arbre très dense avec des “branches” infinies où la personne ne peut pas contrôler ou organiser ses données.
Cataclysmes émotionnels
Un autre aspect qui doit être considéré est lié à l’hypersensibilité. Être très intelligent-e implique d’assumer une vision très profonde et transcendante de la réalité et du monde lui-même. Parfois, il suffit de regarder une info à la télévision pour que la personne dotée de compétences élevées ressente de l’incompréhension, de la colère et du scepticisme devant l’humanité elle-même.
Les émotions les saisissent, ils ne peuvent contrôler l’impact généré par certains événements qui, pour le reste des gens, passent généralement inaperçus.
Des concepts tels que le mensonge ou la fausseté les dépassent, ainsi que les inégalités sociales, les guerres ou des choses aussi concrètes que s’apercevoir qu’iels ne seront peut-être pas capables de réaliser nombre de ces nobles idéaux qu’iels ont en tête.
Aussi, loin de cette idée reçue selon laquelle les gens très intelligents sont froids, il est nécessaire de comprendre que leur capacité empathique est immense. Cela leur fait parfois préférer s’isoler pour ne pas souffrir, maintenir les distances pour ne pas trop s’impliquer ou être blessé-e-s de quelque façon.
Leurs univers émotionnels sont complexes, mais iels canalisent cette intensité par la créativité et l’inspiration, développant au maximum nombre de leurs talents naturels.
Être très intelligent-e ne devrait pas être un mur face au bonheur
À ce stade, il est tout à fait possible que plus d’un-e puisse penser qu’être très intelligent-e n’est guère plus qu’une pathologie. Ce n’est pas vrai, il ne faut pas le voir de cette façon. Devant cette liste d’éléments il nous faut réfléchir. L’enfant doué qui passe sa vie scolaire sans être détecté, développera peu d’intérêt livresque et vivra dans un isolement où d’autres types de problèmes tels que de l’anxiété ou la dépression peuvent apparaître.
D’autre part, l’OMS elle-même nous avertit de ce qui suit : le QI ne peut être utilisé comme seul diagnostic» de l’intelligence. Parce que l’intelligence n’est rien sans la partie émotionnelle, sans son hypersensibilité, hyperesthésie, hyperémotivité, hyper-maturité, hyper-stimulation, sans sa pensée arborescente et sa rapidité de pensée…
Être très intelligent-e peut signifier de vivre dans un coin très privé où les émotions et les pensées sont chaotiques, profondes et très intenses. Notre rôle en tant que parents, mères, éducateur-trice-s ou psychologues est donc d’offrir des stratégies appropriées pour qu’iels trouvent le calme et l’équilibre. Pour qu’iels puissent atteindre leur potentiel maximum et bien sûr, le bonheur.
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