Dolores Aleu Riera, la première espagnole diplômée en médecine
On retrouve, tout au long de l’histoire, des femmes courageuses qui ont ouvert la voie de la liberté à beaucoup d’autres. De la première femme à obtenir une licence de pilote, à la première à obtenir le prix Nobel. Ou, comme dans le cas de Dolores Aleu Riera, la première espagnole diplômée en médecine et titulaire d’un doctorat. Ce sont des réalisations qui étaient impensables au XIXe siècle, parce qu’elles n’étaient réservées qu’aux hommes.
Ces femmes ont osé faire quelque chose de différent de ce que l’on attendait d’elles, différent de ce que leur condition de femme leur permettait à l’époque. Elles ont fait tomber les barrières dans des domaines jusqu’alors réservés aux hommes, car pendant longtemps elles n’étaient pas autorisées à étudier, à enseigner à l’université ou à participer à des institutions scientifiques.
Grâce à leur courage, leur détermination et leur force, elles ont non seulement fait la différence et laissé leur marque, mais elles en ont aussi inspiré et réveillé beaucoup d’autres. Penchons-nous sur l’histoire de l’une d’entre elles : Dolores Aleu Riera.
Dolores Aleu Riera, la première médecin espagnole
Dolores Aleu Riera est née à Barcelone en 1857. Sa famille jouissait d’une position confortable dans la bourgeoisie barcelonaise du XIXe siècle. Son désir insistant de poursuivre une carrière universitaire était tel que ses parents ont fini par céder et accepter qu’elle rentre à la faculté de médecine à l’âge de 17 ans.
Dolores a toujours obtenu de brillantes notes, fruit de ses efforts et de sa vocation. Ses parents et plusieurs de ses compagnons la soutenaient. Cependant, ceux qui ne comprenaient pas comment une femme avait été admise dans la carrière la méprisaient et, à cette occasion, elle a été huée et frappée aux portes de la faculté. Pendant un certain temps, elle a dû être escortée pour pouvoir assister à ses cours. Ses parent lui imposaient cette condition si elle voulait poursuivre ses études.
Dans un premier temps, le ministère de l’Éducation a refusé de lui permettre de passer les examens de baccalauréat et d’obtenir ainsi son diplôme de médecine. Les employés du ministère ont écrit à l’université pour vérifier que Dolores s’était inscrite et avait effectivement fait des études de médecine, n’étant pas un homme. L’université a répondu qu’elle l’avait acceptée après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires.
En 1882, face à l’insistance de ses professeurs, elle obtient l’autorisation de passer l’examen du ministère de l’Éducation. C’est ainsi qu’elle est devenue la première femme espagnole diplômée en médecine avec la mention “Excellent”.
Quelques mois plus tard, elle décide de présenter sa thèse de doctorat et contacte le professeur Joan Giné y Partagás, qui se demandait s’il était juste de défendre l’éducation des femmes devant un tribunal composé d’hommes. Tribunal qui auparavant lui avait refusé le droit de se présenter pour le seul motif qu’elle était une femme.
Son plaidoyer en faveur de l’égalité
Dans la présentation de sa thèse de doctorat, elle a écrit un plaidoyer clair pour l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes. Elle a également sévèrement critiqué le traitement social des femmes, reléguées aux soins des enfants, dépouillées de tous droits politiques et enfermées à la maison.
Elle s’est spécialisée en gynécologie et en pédiatrie. Et avec le soutien de sa famille, elle a réussi à ouvrir un cabinet médical à Barcelone. Pendant 25 ans, elle s’est occupée des bourgeoises qui souffraient depuis des années de maladies gynécologiques non traitées en raison de l’embarras ou de la honte d’aller à la clinique gynécologique. Elle a traité des mères seules, des travailleuses sans ressources, des prostituées et des enfants orphelins.
D’autre part, Dolores Aleu Riera a également enseigné l’hygiène domestique à la “Academia para la Ilustración de la mujer”. Elle y a enseigné un programme de formation générale portant sur l’hygiène et la médecine domestique, ainsi que sur l’économie familiale et les soins prodigués aux enfants.
Elle est décédée à l’âge de 56 ans après avoir souffert d’une grave dépression à la suite du décès prématuré de son fils à la suite de la tuberculose.
“Quand une porte du bonheur se ferme, une autre s’ouvre, mais souvent nous regardons si longtemps la porte fermée que nous ne voyons pas celle qu’on a ouverte pour nous.”
-Helen Keller-
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- Aleu i Riera, D. (1882). De la necesidad de encaminar por nueva senda la educación higiénico-moral de la mujer. Universitat de Barcelona.
- Ortiz Gómez, T. (1985). La mujer como profesional de la medicina en la España contemporánea: el caso de Andalucía (1898-1981). Dynamis: Acta Hispanica ad Medicinae Scientiarumque. Historiam Illustrandam, 5, 343-366.
- Otero, B., & Salamí, E. (2009). La presencia de la mujer en las carreras tecnológicas. XV JENUI. Barcelona, 8-10.
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