Comment fonctionne le cerveau lorsque nous lisons ?
Rédigé et vérifié par le psychologue María Vélez
La lecture est une activité très stimulante pour le cerveau. Elle procure de nombreux avantages à court et à long terme, comme la réduction du stress, l’amélioration de la qualité du sommeil, l’augmentation de notre vocabulaire et de notre mémoire et même une plus grand intelligence. Cependant, peu de gens connaissent les mécanismes qui se mettent en marche dans le cerveau quand nous lisons.
En général, on aborde la lecture comme un processus de décodage de l’orthographe qui mène à un sens. Du point de vue de la recherche, il est intéressant de connaître tous les petits processus qui se déroulent en même temps. Et ce afin que toutes les étapes puissent être identifiées et que cela aide les personnes qui ont des problèmes d’apprentissage.
Jusqu’à récemment, il était vraiment difficile de découvrir en temps réel quels processus se déroulaient dans le cerveau lorsque nous lisions. Maintenant, grâce à la résonance magnétique fonctionnelle et à d’autres techniques, les neurosciences nous permettent de voir l’activité cérébrale au cours d’une tâche. En outre, plus globalement, les neurosciences s’intéressent à la compréhension de la relation entre la lecture et la cognition, l’émotion, l’apprentissage et la performance cognitive.
Des mots au sens
En 400 millisecondes seulement, la zone arrière gauche du cerveau s’active, là où se trouvent les zones d’orthographe et de codage phonologique, après avoir rencontré un mot imprimé. Si nous connaissons déjà le mot, l’identification morphologique, syntaxique et sémantique se fait immédiatement.
La reconnaissance morphologique est le processus le plus fondamental par lequel, grâce à l’activation des zones frontales gauches du cerveau, nous reconnaissons les lettres qui forment le mot. Puis nous l’identifions.
Dans la reconnaissance syntaxique, nous reconnaissons s’il s’agit d’un nom ou d’un verbe, et s’il fait référence au passé, au présent ou au futur. De cette façon, les relations entre les mots sont créées ou reconnues.
Ces processus se déroulent dans différentes zones du cerveau, de manière parallèle et interconnectée. En tenant compte du processus décrit ci-dessus, lorsque nous voyons un mot, le cortex visuel s’active et se transfère au gyrus angulaire.
A ce moment, elle devient une représentation phonétique qui est envoyée au gyrus fusiforme antérieur, en passant ensuite aux régions temporales et frontales, comme la région de Wernicke, où l’on accède au sens et à la compréhension des mots.
C’est à ce moment-là qu’à partir de cet endroit les informations de la signification et l’identification morphologique se retrouvent dans le gyrus frontal antérieur inférieur pour s’intégrer.
Compréhension du texte
Une fois que les mots lus ont été compris, c’est le moment d’analyser les relations sémantiques et syntaxiques entre elles. Par exemple, l’ordre dans lequel les mots sont lus, les temps des verbes, les compléments, les informations sur le sujet…
Ce traitement de type syntaxique semble avoir lieu dans les lobes temporaux frontal gauche et antérieur. Il est ensuite déplacé vers le gyrus inférieur gauche pour un traitement thématique et syntaxique, plus lié à l’interaction sujet-verbe. Ainsi que pour l’évaluation de l’intention sémantique de la phrase entière.
En même temps, des mécanismes sont mis en œuvre pour détecter les effets d’incongruité ou de nouveauté liés au cortex frontal inférieur. Dans ce cas, lorsque nous lisons des phrases incongrues, il y a une plus grande activation de cette zone que lorsque nous lisons quelque chose de cohérent.
La compréhension de ce que nous lisons est également liée à la mémoire. En effet, nous utilisons notre expérience pour accéder à des significations plus larges. Par exemple, certaines régions temporales du cerveau s’activent surtout lorsque nous lisons des informations relatives aux personnes et aux outils.
En ce sens, un groupe de recherche de Caroline du Sud et de Californie, a constaté dans une étude avec l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle que les mots évoquent des connexions avec le monde réel. C’est-à-dire qu’ils activent les zones de la même manière que s’ils étaient expérimentés.
Un exemple en est que des mots ayant un sens lié à quelque chose de manipulable, ont provoqué l’activation de domaines liés à la planification et à l’exécution de tâches, ou de domaines moteurs impliqués.
Traitement émotionnel et cognitif par le cerveau
Les émotions sont le résultat d’un processus cérébral situé principalement dans le système limbique. Dans cette région se trouve l’hypothalamus, une région du cerveau très impliquée dans la mémoire et l’apprentissage. C’est pourquoi l’émotion est un processus fondamental pour consolider les nouvelles informations.
De plus, l’émotion pendant la lecture active les réseaux d’attention. En réalité, il existe des mécanismes spécifiques pour le lexique des émotions. Il a été observé que la lecture de mots chargés d’émotion, comme les domaines érotique ou grossier, entraîne une augmentation du temps que la personne passe à y prêter attention, par opposition aux mots neutres. Par conséquent, les histoires émotionnellement stimulantes sont également utiles pour activer les réseaux de motivation et d’attention.
En ce sens, le cortex préfrontal dorsolatéral et le cortex cingulaire dorsal antérieur s’activent pendant que nous lisons. Et ce car les processus d’attention, de planification, d’association et de suivi de l’information le font aussi.
Enfin, le cortex préfrontal s’active pour intégrer toute l’information. Le cortex cingulaire antérieur, quant à lui, reste attentif et concentré sur ce que nous continuons à lire plus littéralement.
“Un lecteur vit mille vies avant de mourir. L’homme qui ne lit pas n’en vit qu’une.”
-Georges R.R. Martin –
La lecture et le cerveau
La stimulation qui se produit dans le cerveau lorsque nous lisons est très forte. Elle active de nombreuses régions presque en même temps. C’est un avantage à long terme, car elle améliore la quantité et la qualité des connexions.
De plus, la neuroscience a prouvé que la lecture vous fait vivre plus d’expériences (au moins dans le cerveau). Elle entraîne aussi le traitement des émotions, vous rendant ainsi plus intelligent sur le plan émotionnel également.
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- Kweldju, S. (2015). Neurobiology of research findings: how the brain works during reading. PASAA, 50, 125-142.
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