Comment faire face à un handicap physique
Il est très difficile de faire face à un handicap physique acquis. C’est une situation qui se produit très fréquemment et qui constitue un grand défi personnel en raison du grand choc que cela génère sur le plan émotionnel dans pratiquement tous les domaines de la vie.
L’Observatoire national du handicap indique que le handicap physique (qu’il soit moteur ou organique) est le plus répandu à l’heure actuelle.
Nous proposerons donc, ci-après, quelques idées pour démarrer ce nouveau processus qui implique de faire face à de multiples deuils (notre vie antérieure, notre nouvelle fonctionnalité et notre nouveau corps, d’autres pertes associées et, finalement, la nouvelle réalité que nous devons vivre).
Comment faire face à un handicap
Selon Anna Gilabert, psychologue à l’Institut Guttmann, qui souffre également d’une lésion de la moelle épinière suite à un accident qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant, vivre avec une lésion neurologique et s’y adapter n’est pas une tâche facile. La psychologue précise que cette nouvelle réalité implique de faire face à des difficultés dans toutes les domaine de la vie : biologique, psychologique et social.
“Le degré d’adaptation fonctionnelle à cette circonstance vitale et l’expérience subjective de chacun dépendra de multiples facteurs : les caractéristiques de la lésion, l’environnement socioculturel, la personnalité, le cycle de vie, la structure familiale… et le sexe”.
-Anna Gilabert-
Chaque personne disposera de ses propres ressources pour faire face à son handicap, qu’elles soient personnelles ou fournies par les personnes qui l’entourent. Voici donc quelques idées sur la façon de faire face à un handicap, en l’occurrence physique et acquis :
Permettez-vous de ressentir
Faire face à un handicap physique, c’est faire face à une situation complexe. Il s’agit en effet d’une scission avec notre vie d’avant. Il y a une rupture avec le moi d’avant. Le moi d’aujourd’hui suppose par ailleurs des changements et des adaptations. De nombreuses activités quotidiennes peuvent générer un grand choc émotionnel. Il est donc important de se permettre de ressentir. Toutes les émotions seront valables et acceptables.
Il convient de ne pas s’auto-limiter à cet égard et d’essayer d’éloigner la culpabilité de nos sentiments. S’ils sont là, c’est pour quelque chose. Rappelez-vous, les émotions sont adaptatives, même si elles sont parfois douloureuses. En outre, elles évolueront si nous le permettons.
“N’oublions pas que les petites émotions sont les grands capitaines de nos vies et nous leur obéissons sans nous en rendre compte.”
-Vincent Van Gogh-
Laissez aller les émotions
De même, laisser aller nos émotions nous permettra, en partie, de leur donner de l’espace et de les canaliser. Il sera tout à fait normal à ce stade, où l’on affronte le handicap pour la première fois, de ressentir des émotions telles que la colère, la tristesse, l’impuissance, la frustration…
Toutes font partie du deuil (que nous aborderons au point suivant). Pourquoi est-il important de laisser aller ses émotions ? Parce qu’elles nous aideront à nous adapter à la nouvelle réalité. Comme l’affirme la psychologue Dafne Cataluña, les émotions ont une série de fonctions :
- Elles évoquent le réconfort lorsque nous sommes tristes.
- Elles nous éloignent de ce qui est toxique.
- Les émotions aident à créer de l’énergie lorsque quelque chose bloque nos objectifs.
- Elles vous permettent de rechercher la sécurité face aux menaces.
En fin de compte, les émotions nous aident à survivre. Il faut donc leur donner l’importance qu’ils méritent. Et surtout, demander une aide psychologique si nous sentons que nous ne pouvons pas les gérer ou qu’elles nous dépassent.
Gérer la colère
Une autre idée qui nous aidera à faire face à un handicap est de gérer la colère. C’est une émotion qui apparaît très fréquemment dans ce type de situations. Il est même probable que nous finissions par faire payer à nos proches ce malaise intérieur que nous portons.
Tout d’abord, ne vous blâmez pas. Ecoutez-vous et essayez de comprendre pourquoi vous agissez ainsi.
La colère peut apparaître pour de nombreuses raisons : en raison de la frustration de ne pas pouvoir changer la nouvelle situation comme nous le souhaiterions, en raison de pensées qui finissent par la déclencher (du type : “pourquoi moi ?”), en raison de la colère contre soi-même pour avoir fait ceci ou cela (pensant que nous aurions pu éviter l’accident qui nous a conduit à cette nouvelle réalité, par exemple), etc.
Il est nécessaire de comprendre l’origine de cette émotion , de lui accorder un espace et une signification propres pour parvenir à la gérer. Il existe de nombreuses façons de canaliser nos émotions. Par exemple, en partageant ce que nous ressentons, en demandant de l’aide, en pratiquant le sport ou d’autres loisirs, en recherchant de nouveaux défis, en écrivant, etc.
Parler à des personnes dans la même situation
Beaucoup de personnes qui viennent d’acquérir un handicap physique disent que ce qui les a le plus aidés fut de parler à d’autres personnes ayant vécu la même chose. Il s’agit de parler à des personnes qui peuvent nous comprendre beaucoup mieux. De sorte que l’empathie joue un rôle important ici.
Cela peut par ailleurs aider à prendre conscience des nombreuses choses que nous pouvons encore faire. Egalement, à partager des expériences, des doutes et des sentiments, à relativiser, à se sentir accompagné, etc. Il s’agit donc de pouvoir observer comment les autres le surmontèrent et réussirent à retrouver le bonheur dans leur nouvelle réalité.
Allez-y et essayez une nouvelle activité
Qu’il s’agisse d’un sport, d’un cours de cuisine, d’études, d’un nouveau défi .. Sans se forcer, bien sûr. Cela peut vous aider à vous éloigner de la nouvelle réalité, mais de manière saine, en investissant votre temps et votre énergie dans de nouvelles choses qui vous divertissent.
L’objectif n’est parfois pas tant d’en profiter que de sortir de l’apathie dans laquelle nous nous immergeons souvent dans ce type de situation.
Demandez de l’aide si vous en avez besoin
Il sera également important de s’entourer de ses proches et de chercher des espaces et des personnes avec qui partager ce que l’on ressent, de demander de l’aide professionnelle quand on en ressent le besoin.
Les centres de rééducation fréquentés par des personnes venant d’acquérir un handicap disposent de ce type de professionnels, et ce parce qu’il est essentiel de gérer la partie émotionnelle de ce processus, au-delà de la rééducation physique (et médicale) proprement dite.
Une nouvelle réalité : faire face au handicap
Nous venons de le voir, faire face à un handicap implique un défi complexe car cela signifie faire face à une nouvelle réalité dans laquelle nous ne bougeons pas de la même manière (nous devons parfois utiliser le fauteuil roulant) ni nous ne nous percevons de la même manière dans le miroir, ni ne ressentons la même chose pour nous-mêmes ou pour les autres. De sorte que quelque chose changea bien que nous soyons les mêmes.
Il convient de prendre conscience qu’il s’agit d’un chemin, d’un processus d’acceptation. Nous nous y sentirons progressivement mieux et il est clair que ce ne sera jamais quelque chose qui s’accepte du jour au lendemain.
Nous avons besoin du soutien de notre entourage et de travailler dur sur les peurs, les doutes et les insécurités qui surgissent en cours de route. Il est nécessaire de parier sur notre bien-être et de se battre pour les choses qui nous font nous sentir à nouveau bien.
“L’acquisition d’un handicap implique une situation de crise et des changements dans de nombreux aspects de la vie d’une personne. Chaque changement implique une refonte de ses propres valeurs et de la vision de soi et du monde. Dans notre cas, travailler sur le concept de soi est essentiel pourque la personne se sente utile et améliore son estime de soi. »
-Témoignage d’une personne ayant un handicap physique acquis-
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- Aranis, P. (2003). Los estudiantes con discapacidad en una escuela para todos.
-
Bartón, L. (1998). Discapacidad y sociedad. Madrid. Narcea.
- Gilabert, A. (2016). Mujer y lesión neurológica. Neurorrehabilitación: 18-21. Recuperado de: https://siidon.guttmann.com/files/4gilabert.pdf
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