Clark L. Hull et le comportementalisme déductif
Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González
Clark Hull a proposé une nouvelle manière de comprendre le comportementalisme. Il souhaitait établir les principes basiques d’une science de la conduite afin d’expliquer le comportement d’animaux appartenant à des espèces différentes. Ainsi que le comportement individuel et social. Ce concept est connu sous le nom de comportementalisme déductif.
La théorie offerte par Clark L. Hull (1884-1952) est la plus complexe et la plus détaillée des grandes théories de l’apprentissage imaginées au cours du 20ème siècle. Pour Hull, le concept basique concernait la force de l’habitude. Il disait que cette dernière s’établissait avec la pratique.
Il a décrit les habitudes comme des connexions stimulus-réponse dirigées vers la récompense. Selon Hull, les réponses (non pas les perceptions ou attentes) participent à la formation des habitudes. Le processus est graduel et la récompense est une condition essentielle.
Le comportementalisme déductif tente d’établir les principes basiques du comportement des animaux de différentes espèces, en plus du comportement individuel et social.
Le comportementalisme déductif de Clark Hull
Hull est considéré comme un penseur néo-comportementaliste. Ainsi, Clark Hull a présenté une nouvelle manière d’appréhender le comportementalisme à partir du positivisme logique qui dominait à son époque.
Tout comme les autres principaux auteurs représentant le comportementalisme, Hull croyait que le comportement humain pouvait s’expliquer par le conditionnement et le renforcement. Selon lui, la réduction de l’envie agit alors comme un soutien pour un comportement en particulier.
Ce renforcement augmentera la probabilité de réapparition du comportement en question lorsque, dans un futur proche, le même besoin se présentera. Pour cette raison et afin de survivre dans son environnement, un organisme doit se comporter de manière à satisfaire ses besoins de survie. Ainsi, dans une relation stimulus-réponse, une observation est possible. Lorsque le stimulus et la réponse entraînent une réduction du besoin, la probabilité qu’un même stimulus futur “provoque” une réponse identique augmente.
Hull souhaitait établir les principes basiques d’une science comportementaliste. Sa théorie du comportementalisme déductif positionne l’habitude au centre du concept. La force de l’habitude dépend du soutien qui suit la séquence stimulus-réponse ainsi que de la force de celui-ci. Cette dernière dépendra de la réduction de l’envie associée à un besoin biologique.
Les théories d’apprentissage d’Hull ont été présentées pour la première fois dans Mathematico-Deductive Theory of Rote Learning (1940). Cet ouvrage a été le résultat d’une collaboration avec différents compagnons de travail. Il y a présenté ses découvertes au travers de postulats exprimés de manière verbale et mathématiques.
Hull a développé ces idées dans Principles of Behavior (1943). Dans ce travail, il a suggéré le fait que la connexion stimulus-réponse dépend aussi bien du type que de la quantité du renforcement.
Théorie de l’apprentissage de Hull
Hull a été l’un des premiers théoriciens à tenter de concevoir une grande théorie dans le but d’expliquer l’ensemble du comportementalisme. Cette théorie de l’apprentissage développée par Hull en 1943 est connue comme étant la théorie de la réduction de l’envie. Hull a basé sa théorie sur le concept de l’homéostasie, à savoir l’idée selon laquelle le corps travail activement pour maintenir un certain équilibre.
A partir de cette idée, Clark L. Hull suggéra le fait que la motivation apparaît comme conséquence des besoins biologiques. Ainsi dans le cadre de sa théorie, Hull a eu recours au terme “pulsion” pour faire référence à l’état de tension ou d’excitation causé par les besoins biologiques ou physiologiques.
Des sensations telles que la soif, la faim ou encore le froid, par exemple, créent un état désagréable : une tension. Afin de réduire cet état de tension, les humains et les animaux cherchent à satisfaire leurs besoins biologiques (manger, boire, trouver un abri). Hull a donc affirmé que les humains et les animaux répètent tous les comportements qui leur permettent de réduire ces pulsions.
Besoins primaires et secondaires
La théorie de Hull est basée sur une idée intéressante. Les unités secondaires (différentes des unités primaires innées qui correspondent aux besoins biologiques tels que la socialisation, la soif et la faim) s’apprennent par le conditionnement. Elles permettent de satisfaire indirectement les unités primaires. Le besoin d’argent permet par exemple de payer un refuge ou de la nourriture.
Ces besoins secondaires multiples apparaissent lorsqu’un individu est confronté à plusieurs besoins. Le but est de corriger l’interruption de l’équilibre (homéostasie) qui est inconfortable. Cela signifie que le comportement s’apprend et se conditionne uniquement si l’on satisfait nos envies primaires.
Présentation mathématiques de la théorie
Clark L. Hull a également développé un moyen d’exprimer cette théorie de l’apprentissage de manière mathématiques. Voici la formule :
sEr = V x D x K xJ x sHr – slr – Ir – sOr – sLr
Avec :
- sEr : Potentiel d’excitation. Probabilité qu’un organisme produise une réponse (r) à un stimulus (s).
- D : Force motrice. On la détermine par le niveau de privation biologique.
- K : Motivation, taille ou magnitude de l’objectif.
- J : Retard avant que l’organisme ne se mette à la recherche d’un renforcement.
- sHr : Force d’une habitude. Elle est établie par le nombre de conditionnements préalables.
- slr : Inhibition conditionnée, causée par le manque de renforcement préalable.
- Ir : Inhibition réactive ou fatigue.
- sOr : Erreur aléatoire.
- sLr : Seuil de réaction. Il correspond à la plus faible quantité de renforcement que produira l’apprentissage.
Selon Hull, le principal apport de la théorie de la réduction de l’envie correspond en grande partie à l’élimination et à la réduction des envies. A un moment donné, ces dernières rendent l’activité de l’individu plus complexe. Cela suppose donc une augmentation du potentiel humain et un engagement important de ce dernier dans son environnement professionnel. En satisfaisant ses besoins, il pourra améliorer son engagement et ainsi mieux réussir dans la vie.
Commentaires finaux
Les critiques considèrent le comportementalisme déductif comme étant trop complexe. Ils pensent que cette théorie n’explique pas la motivation humaine car elle souffre d’un manque de généralisation.
L’un des plus grands problèmes de la théorie de la réduction des pulsions de Hull est qu’elle ne prend pas en compte le fait que les renforcements secondaires contribuent à réduire les pulsions. A la différence des pulsions primaires (faim et soif), les renforcements secondaires ne font rien pour réduire directement les besoins physiologiques et biologiques.
Une autre critique importante de cette théorie est qu’elle n’explique par la raison pour laquelle les individus s’engagent dans des comportements qui ne contribuent pas à réduire leurs envies.
Dans tous les cas, cette approche a eu une grande influence sur les théories et les explications postérieures en psychologie. Beaucoup des théories concernant la motivation apparues entre 1950 et 1960 étaient basées sur la théorie originale de Hull ou se sont concentrées sur la proposition d’alternative à la théorie de réduction de l’envie. Un exemple important est celui de la célèbre hiérarchie des besoins d’Abraham Maslow qui est apparu comme une alternative à l’approche de Hull.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Hull, C. L., Hovland, C. I., Ross, R. T., Hall, M., Perkins, D. T., & Fitch, F. B. (1940). Mathematico-deductive theory of rote learning: a study in scientific methodology. Oxford, England: Yale Univ. Press.
- Hull, C. L. (1943). Principles of behavior: an introduction to behavior theory. Oxford, England: Appleton-Century.
- Leahey, T. (1998). Historia de la psicología. Madrid: Prenti Hall.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.