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Cannabis : la roulette russe des troubles mentaux

7 minutes
Cannabis : la roulette russe des troubles mentaux
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Le cannabis est non seulement la drogue illégale la plus consommée, mais il est également l’une des drogues sur lesquelles circulent le plus de mythes quant à ses effets sur l’esprit et le corps. L’Observatoire Espagnol des drogues et des Toxicomanies indique que l’âge moyen de consommation est compris entre 14 et 15 ans.

Les dernières recherches scientifiquement prouvées ont montré que sa consommation habituelle provoque des changements structurels dans le tissu cérébral. Il produit, entre autres, des altérations importantes qui conduisent à la détérioration de la mémoire, de l’attention, de la perception, de la coordination et de la concentration.

Ces changements cérébraux se traduisent par une détérioration de la performance personnelle, sociale et professionnelle, assortie d’affectations émotionnelles et physiques. De nombreuses personnes consomment la substance parce qu’elle leur permet de se détendre, de s’évader, de socialiser, d’expérimenter ou de s’amuser. Le revers de la médaille est que cette substance peut être la porte d’entrée à des altérations mentales importantes telles que la psychose ou l’anxiété.

Médecine ou drogue ?

Le cannabis sativa est une plante qui contient plus de 400 composants chimiques, dont au moins 60 cannabinoïdes sont connus. Les trois cannabionides les plus importants sont le THC, le CBD et le CBN. Le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) est le principal agent psychoactif du cannabis. Il se trouve dans les boutons floraux, et en moindre quantité, dans les feuilles.

“Actuellement, avec des techniques de culture et de sélection génétique, nous obtenons des plantes avec une concentration en THC plus élevée, passant de 2-5% à 20%.”
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Les effets psychoactifs commencent quelques minutes après avoir fumé et durent 1-2 heures, bien que le THC reste dans le corps pendant une longue période (il peut être détecté même un mois plus tard chez les utilisateurs chroniques).

Certains effets secondaires sont, entre autres, la diminution de la mémoire à court terme, la bouche sèche, une rougeur oculaire, une altération de la perception, une altération des capacités motrices ou augmentation de l’appétit. Une personne qui consomme du cannabis peut développer une dépendance et, par conséquent, éprouver différents états mentaux et physiques.

Intoxication

Les effets graves de cannabis sont très variables et dépendent de la dose, de la teneur en THC, de la proportion THC/CBD, de la forme d’administration, de la personnalité, des attentes du sujet et du contexte dans lequel ce dernier le consomme.

La consommation de cannabis revêt généralement deux faces. Il peut générer une phase initiale de stimulation – avec euphorie ou bien-être – et plus tard une phase où prédomine la sédation – avec relaxation et somnolence. Certains sujets, notamment les consommateurs sporadiques ou après des doses élevées, expérimentent l’anxiété, la dysphorie, des symptômes paranoïaques et/ou de panique.

Dépendance

Elle se caractérise par un désir intense de consommer, une perte de contrôle sur ladite consommation (par exemple, essayer de moins consommer et ne pas y parvenir), avoir besoin de la substance pour effectuer certaines activités (par exemple, dormir) ou afficher un comportement destiné à obtenir la substance et à la consommer. La personne commence à se sentir anxieuse si elle ne fume pas, avec des changements d’humeur et de sommeil. Si l’un de ces éléments est présent, nous sommes confrontés à une addiction.

Abstinence

Lorsque la consommation a été intense et/ou prolongée, notamment chez les consommateurs réguliers, la symptomatologie qui apparaît avant la cessation de la consommation implique : irritabilité, colère ou agressivité ; nervosité ou anxiété ; difficultés à dormir ; perte d’appétit ou de poids ; agitation ; humeur dépressive ; douleurs abdominales, spasmes, tremblements, sueurs, fièvre, frissons ou maux de tête. Nous retrouvons cette symptomatologie chez plus de 50% des consommateurs intenses et chez 15% des consommateurs réguliers.

La loterie de vulnérabilité génétique

Il est commun de penser que les conséquences mentionnées correspondent à des cas isolés, “Cela ne va pas m’arriver, ça me fait du bien“. Mais la vulnérabilité génétique joue un rôle très important dans l’utilisation de drogues. Il se trouve des personnes qui présentent un risque plus élevé de développer une dépendance et une maladie mentale en raison de leur charge génétique.

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Certaines personnes sont davantage propices à souffrir de certains troubles mentaux en raison de leurs systèmes nerveux et neuronaux, de leurs composantes génétiques, de leurs expériences de vie et de leurs types de personnalité. Par ailleurs, certains troubles psychotiques peuvent rester “endormis” et être déclenchés avec l’usage de drogues.

Nous ne pouvons être certain de la façon dont nous réagirons en consommant de la marijuana. Consommer des drogues est une décision personnelle dont chacun doit assumer les conséquences. Nous pouvons nous bander les yeux mais la réalité est que la consommation de drogues modifie nos états mentaux, émotionnels et physiques.

Mauvais voyages

Nous trouvons de nombreux sites internet, articles et associations qui défendent l’usage du cannabis pour ses “fonctions thérapeutiques” ou ses “effets bénéfiques pour la santé”. Son efficacité pour soulager la douleur et sa capacité à détendre sont souvent cités parmi les effets positifs du cannabis.

Il existe de nombreux mouvements sociaux en faveur de la normalisation et de la légalisation de la substance. Nous devons néanmoins tenir compte du fait que la consommation de la plante, sous quelque forme que ce soit, n’est pas souhaitable. Les effets supposés positifs, en comparaison de leurs conséquences pathologiques, ne justifient pas sa consommation.

Le fait que la plante possède un principe actif avec des résultats bénéfiques possibles, et que la recherche clinique et pharmacologique l’observe comme une option thérapeutique chez certains patients – isolant ledit principe actif et contrôlant sa dose et sa concentration – ne signifie pas que la consommation du cannabis est bénéfique par lui-même.

Les effets d’une intoxication pathologique, également connu sous le nom de “mauvais voyages” peuvent conduire à expérimenter des symptômes d’anxiété, de dépersonnalisation ou déréalisation, une panique intense, un sentiment de mort, des symptômes paranoïaques, des troubles moteurs, un sentiment de paralysie ou des troubles de la perception sensorielle tels que des illusions visuelles transitoires ou des hallucinations.

Certaines des manifestations cliniques associées à la consommation de cannabis sont les suivantes :

  • Anxiété : des symptômes anxiété et / ou des troubles paniques apparaissent avec une consommation régulière.
  • Dépression : le risque de développer des troubles dépressifs et d’attenter à sa vie augmente.
  • Trouble bipolaire : elle peut favoriser l’apparition de symptômes psychotiques, induire des phases maniaques et augmenter le nombre de rechutes
  • Syndrome amotivationnel : perte d’énergie, réticence, apathie et déficits cognitifs
  • Déficience cognitive : lenteur et perte des capacités de réaction, de perception, de mémoire, de résolution de problèmes, de concentration, d’attention, etc.
  • Psychose : certaines études montrent que la consommation de cannabis multiplie par deux la possibilité de souffrir d’une poussée psychotique. Des troubles psychotiques à court terme peuvent survenir, mais des psychoses prolongées et chroniques peuvent également se développer. Il a été observé que la consommation de cannabis est très répandue chez les sujets souffrant de troubles mentaux graves tels que la schizophrénie.
  • Flashback par cannabis : revivre des expériences présentées pendant l’intoxication sans avoir consommé.
  • Délire : il s’agit d’une réaction transitoire qui se caractérise par des délires, des tremblements, de l’agitation, de la peur, un sommeil profond, des hallucinations, etc. Ceci est peu fréquent mais lié à la consommation de fortes doses.
  • Effets sur le sommeil : Le THC induit le sommeil et modifie le cycle veille-sommeil.
  • Effets sur le comportement alimentaire : l’appétit augmente dans les consommations sporadiques. Néanmoins, ce dernier peut être diminué en cas de consommation régulière. En outre, la consommation de cannabis favorise l’accumulation de graisses.
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Nous ne pouvons connaitre ce qui nous attend en consommant des drogues. Mes troubles mentaux apparaissent sans prévenir, et il existe des voyages sans billet retour. Les drogues sont la plus grande chaîne de destruction. Cela commence lorsque vous ne vous estimez pas, cela finit lorsque vous entraînez tous ceux qui vous aiment avec vous, dans l’abîme.


 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.