Béquilles sociales : à qui vous accrochez-vous pour vaincre l'anxiété ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz
Vous souvenez-vous quand vous étiez enfant et que vous alliez chez le médecin avec votre mère ? Elle parlait pour vous. Elle s’occupait des exigences de la situation sociale et vous vous limitiez à regarder, écouter et répondre à une question qui vous était directement adressée. Il est entendu qu’en tant qu’adulte, chacun de nous est capable de prendre en charge seul ces interactions et d’autres. Mais tout le monde n’est pas comme ça : il y en a qui ont encore besoin de béquilles sociales.
Ce soutien peut devenir particulièrement nécessaire dans des situations inconnues et inédites, lorsque des personnes totalement inconnues y participent. Par exemple, le premier jour de classe à l’université, au moment d’effectuer une démarche bureaucratique ou d’aller acheter dans un établissement. Cependant, il y a ceux qui en ont besoin même dans des contextes quotidiens comme une sortie entre amis.
Parfois, avoir des béquilles sociales est si naturel pour nous que nous ne nous demandons pas pourquoi nous en avons tant besoin. Dans d’autres cas, cependant, nous pouvons nous sentir faibles ou immatures pour en avoir besoin. En tout cas, ce qui existe derrière c’est une insécurité profonde qui peut générer des pics d’anxiété vraiment élevés, nous rendant vraiment maladroits.
Que sont les béquilles sociales ?
Nous pouvons définir une béquille sociale comme cette personne qui nous soutient dans les interactions sociales. Comme son nom l’indique, c’est quelqu’un sur qui on compte pour traverser une situation dans laquelle on ne se sent pas à l’aise.
La présence de cette béquille sociale nous fait nous sentir plus en sécurité, à l’aise et soutenus. C’est un élément connu qui nous donne un sentiment de contrôle et agit en même temps comme un filet de sécurité : nous savons que, si la situation se complique, nous aurons toujours une ressource avec laquelle nous pourrons la résoudre.
Généralement, cette fonction est représentée par les personnes les plus proches de nous, celles avec qui nous avons des liens affectifs de grande intimité. Par exemple, parents ou partenaire. À d’autres moments, il peut s’agir d’un ami très proche ou même d’un animal de compagnie.
Quel rôle jouent les béquilles sociales ?
Normalement, les personnes qui ont besoin de béquilles sociales essaient de les emmener avec elles à tout événement ou situation impliquant un échange social. Comme nous l’avons dit, les avoir à proximité contribuera à augmenter le sentiment de confort et de sécurité, et ce pour plusieurs raisons :
Mènent les conversations
Normalement, la personne laisse sa béquille sociale prendre l’initiative et prendre en charge les situations. Parler avec le médecin, avec la réceptionniste, avec la vendeuse… Même en réunion informelle, c’est généralement l’autre qui porte le poids de la parole et la personne anxieuse se limite à écouter, hocher la tête ou ajouter quelque commentaire. Bref, elles nous libèrent de la demande sociale, puisqu’elles la réalisent pour nous.
Elles nous évitent d’être le centre de l’attention
En étant accompagné, on sent que la pression sociale se dilue. Il y a un autre que l’interlocuteur peut regarder et prêter attention, à qui il peut s’adresser, et ses attentes ne retombent pas entièrement sur nous. Cela réduit la pression et nous permet d’être plus serein lors de l’échange social.
Elles permettent la fuite ou l’évasion
De plus, les béquilles sociales sont un excellent moyen de sortir de cette situation délicate. Par exemple, nous pouvons totalement concentrer notre attention sur elles et oublier le reste. Nous pouvons seulement parler avec elles (en évitant les autres), parler d’elles (en détournant ainsi l’attention de nous) ou, s’il s’agit d’un animal de compagnie, nous consacrer à en prendre soin et à le caresser et ainsi échapper à la réalité sociale qui nous entoure..
Les béquilles sociales et leur relation avec l’anxiété
Plusieurs circonstances peuvent nous obliger à avoir besoin de ce type de soutien. Les personnes neurodivergentes (par exemple, celles sur le spectre de l’autisme) peuvent se sentir plus en sécurité et à l’aise avec ce soutien. C’est aussi une réalité très courante pour ceux qui souffrent de phobie sociale et d’autres troubles anxieux.
Dans ces cas, malgré le fait que les béquilles sociales soient d’une grande aide à court terme (dans le sens où elles aident à atténuer l’anxiété), la vérité est qu’elles perpétuent le trouble et la limitation. C’est parce qu’ils agissent comme un comportement de sécurité. Ces comportements sont ceux que nous menons pour nous soustraire ou échapper à la situation anxiogène (par exemple, la personne claustrophobe qui s’assoit toujours près de la porte pour pouvoir sortir de la pièce à tout moment).
Le problème apparaît lorsque cette béquille devient un obstacle à notre croissance. Ce n’est qu’en nous exposant et en cessant d’éviter que nous pouvons voir que nous n’avons peut-être pas tant besoin de l’autre, en voyant comment nos pensées catastrophiques ne se réalisent pas malgré leur absence.
Par conséquent, si vous sentez que vous avez toujours besoin d’avoir quelqu’un à vos côtés, que faire face à des situations sociales par vous-même déclenche votre anxiété et que cela vous limite au quotidien, il est préférable de rechercher un soutien professionnel.
Les béquilles sociales ne sont pas une solution à long terme et ne font que nous rendre dépendants. Acquérir des outils personnels pour gérer cette anxiété est le moyen de se libérer et de pouvoir commencer à être autonome.
Cela pourrait vous intéresser …
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Patrón-Espinosa, F. (2013). La evitación experiencial como dimensión funcional de los transtornos de depresión, ansiedad y psicóticos. Journal of behavior, health & social issues (México), 5(1), 85-95.
- Rodriguez Biglieri, R., Colombo, M.C., Azrilevich, P., Rinaldi, F., Aiello Rocha, V. & Vetere, G. (2011). El rol de las conductas de búsqueda de seguridad en los Trastornos de Ansiedad. (Septiembre, 2011). II CONGRESO DE PSICOLOGIA DEL TUCUMAN. NACIONAL E INTERNACIONAL. Facultad de Psicología de la Universidad Nacional del Tucumán, San Miguel de Tucumán..
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.