Avons-nous besoin de situations extrêmes pour valoriser la vie ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Un accident, une maladie, quelqu’un qui part ou quelqu’un qui ne revient pas. C’est dans ces moments-là que le temps s’arrête. Brutalement. Et puis quelque chose se débloque et nous comprenons que nous sommes juste de passage, que rien n’est éternel. Il nous est généralement difficile de valoriser la vie, même s’il s’agit de tout ce dont nous disposons.
La routine nous enveloppe et nous nous laissons entraîner. Nous voulons davantage, même si parfois nous ne savons pas de quoi. Nous négligeons certains liens qui nous étaient précieux. Nous nous habituons aux choses (sans qu’elles ne coulent) et nous nous habituons au confort d’une maison (sans pour autant en prendre soin).
L’accoutumance : anesthésie émotionnelle ?
L’accoutumance est cet apprentissage qui nous fait réagir avec moins de fréquence et d’intensité aux stimuli qui nous sont présentés de manière répétée. Nous cessons de prêter attention aux choses que nous tenons pour acquises. Nous perdons de vue l’importance d’être plus sage ou la chance d’être accompagné par ceux que nous aimons.
Mais parfois quelque chose détruit tout, jetant des murs à-bas, des plans et des manières de vivre. Cela ressemble à un mensonge, mais nous avons parfois besoin de situations extrêmes pour valoriser la vie. Et c’est alors que nous apprécions ce que nous avions, et que nous comprenons combien il était absurde de ne pas en prendre soin attention, de ne pas y avoir prêté attention lorsque nous l’avions.
Nous savons que la vie est limitée, mais la plupart des personnes ont peur de la perdre ou ressentent de la fragilité du fait de l’incertitude inhérente à “aujourd’hui je suis, demain je ne sais pas”. Cela ne signifie pas que nous devons cesser de faire des projets d’avenir ou de penser sur le long terme. Je souhaite simplement transmettre ici l’idée selon laquelle la vie, c’est le moment présent. Dès lors, en pensant à hier ou en nous souciant de demain, nous ne percevons pas la force dont nous disposons aujourd’hui, et par conséquent, nous perdons peut-être notre vie en cours de route.
Valoriser la vie ne signifie pas fuir la routine
Valoriser la vie ne signifie pas fuir la routine ou rechercher des émotions extrêmes pour sentir battre son cœur. Cela signifie ouvrir les yeux, s’occuper des détails et tirer le meilleur parti de notre temps. Il s’agit de prendre conscience de ce que nous sommes et de ce que nous avons, pour remercier et combattre afin de le maintenir. Cela consiste également à prêter attention à ce qui ne fonctionne pas afin d’y remédier et de faire de demain un jour d’autant plus digne à valoriser. Valoriser la vie c’est, finalement, donner un sens au temps et comprendre que nous pouvons nous illusionner à chaque instant.
Une personne me racontait il y a peu combien elle regrettait d’avoir accordé autant d’attention à l’engagement. Elle disait qu’elle avait l’impression d’avoir hypothéqué de nombreux moments en faisant une place à certaines personnes (par engagement) dans des journées personnellement importantes ou en travaillant (par engagement) parfois si tard. Elle regrettait surtout ces journées où elle n’avait même pas pu voir ses enfants.
Si j’écris ceci, c’est parce qu’il existe des problèmes qui ne méritent pas autant d’engagement, puisqu’ils ne sont pas si importants que cela. Et j’écris ceci, c’est également parce qu’il existe des choses si importantes que, aussi fréquentes soient-elles, il est injuste de les prendre pour acquises et d’ignorer leur valeur.
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