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Accompagnement du deuil, en quoi consiste-t-il ?

6 minutes
Le deuil n'est pas une pathologie et ne nécessite pas de traitement. Cependant, l'accompagnement peut aider l'endeuillé à mieux vivre la perte. Voyons pourquoi.
Accompagnement du deuil, en quoi consiste-t-il ?
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz

Dernière mise à jour : 12 avril, 2023

Subir une perte importante peut être dévastateur, c’est certain. De nombreux processus psychologiques et émotionnels se mettent en branle chez la personne endeuillée qui, pour un temps, va vivre une phase de réajustement. Cependant, malgré la douleur et la déroute de ces moments, il faut savoir qu’ils ne constituent pas une pathologie, mais plutôt une réaction naturelle. Pour cette raison, une psychothérapie n’est pas nécessaire, mais un accompagnement au deuil peut être bénéfique.

Ce n’est pas forcément fait par des professionnels, mais le réseau de soutien proche de la personne peut jouer un rôle fondamental. Accompagner, c’est créer un espace sécurisant pour les émotions, respecter le désordre et la confusion, et offrir une présence. Ce n’est pas une tâche facile et, par conséquent, nous ne savons souvent pas comment aider une personne en deuil. Cependant, certaines clés y contribuent.

Accompagnement du deuil ou intervention psychothérapeutique ?

Comme nous l’avons dit, le deuil est une réaction naturelle du corps à la perte. C’est un processus qui se produit pour nous aider à surmonter la douleur, à intégrer ce qui s’est passé dans notre histoire et à passer à autre chose. Les émotions qui l’accompagnent peuvent être désagréables, mais elles ne sont pas pathologiques. C’est pourquoi, dans des circonstances normales, le deuil peut être géré sans nécessiter l’aide d’un professionnel.

Cependant, dans certains cas, le soi-disant « deuil pathologique » apparaît. Cela se produit lorsque l’adaptation à la perte est altérée et que des émotions excessivement intenses ou prolongées surviennent ou, au contraire, sont refoulées et masquées. Dans un tel cas, les tâches de deuil sont bloquées et la personne est incapable d’avancer. C’est là que la psychothérapie est nécessaire.

De son côté, un deuil non pathologique n’a pas à être vécu dans la solitude. En fait, la présence, la compagnie et le soutien des autres sont essentiels pour pouvoir transcender la perte et passer à autre chose. Cet accompagnement doit avoir une série de caractéristiques et d’éléments qui le rendent approprié.

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Lors d’un accompagnement du deuil, la personne ne doit pas être forcée de sortir de l’obscurité, elle est accompagnée avec empathie et respect.

En quoi consiste l’accompagnement du deuil ?

Lorsqu’il s’agit d’une personne en deuil, il est difficile de savoir quoi faire ou dire. Nos peurs font surface, devenant un obstacle pour nous d’agir comme un soutien. Afin de réaliser un bon accompagnement, les éléments suivants doivent être présents :

Respect du processus de deuil

La plupart d’entre nous n’ont pas appris à gérer les émotions. Et, pour cette raison, voir une autre personne souffrir est extrêmement inconfortable et dérangeant ; à tel point que nous cherchons à faire tout ce qu’il faut pour faire disparaître leur douleur.

Cependant, accompagner le duel, c’est comprendre qu’on ne peut pas éliminer la douleur des autres, ni en donnant des solutions, ni en essayant de raisonner ou d’intellectualiser leur situation. Le plus grand soutien dans ce cas ne consiste pas à les sortir de cette obscurité mais à les accompagner, avec empathie et respect, pendant qu’ils la traversent.

Intérêt et concentration sur les personnes en deuil

Dans la lignée de ce qui précède, il est nécessaire que nous sachions sortir de notre propre réalité pour nous concentrer sur celle de l’autre. Dans l’accompagnement, ce qui compte c’est ce que la personne endeuillée ressent et demande, pas ce que l’on considère être le meilleur.

De cette façon, nous devons comprendre quand quelqu’un veut parler et quand il a besoin de silence ; lorsqu’il cherche un câlin et qu’il préfère un moment de solitude. Il s’agit de savoir lire qui nous avons en face de nous pour pouvoir leur donner ce dont ils ont besoin, même si ce n’est pas ce que nous sommes nés pour faire sur un coup de tête.

Manque de jugement

Si nous nous engageons à faire le deuil avec une autre personne, nous acceptons de parcourir ce chemin avec elle, pas de la conduire. Chacun de nous est différent et fait face à la perte avec ses propres stratégies. C’est très humain d’évaluer et de juger l’autre, mais cela n’apporte rien de positif. Chaque personne est experte en elle-même et sait ce qui lui convient le mieux ; nous ne sommes personne pour leur imposer ce qu’ils doivent ressentir ou agir, la critique doit donc sortir de notre répertoire.

Espace d’expression émotionnelle

La ventilation des émotions est une tâche fondamentale dans le deuil, mais pour cela un espace sûr est nécessaire. Ce n’est pas facile de s’ouvrir aux autres, d’être vulnérable et dévasté. Si la personne que nous avons en face de nous accueille nos sentiments avec ouverture et empathie, c’est plus facile.

L’accompagnement au deuil consiste aussi à offrir cet espace sécurisant dans lequel l’endeuillé peut s’exprimer sans crainte, exprimer sa colère, sa tristesse ou son sentiment de culpabilité. Un espace où vous pouvez raconter votre histoire et parler de votre proche autant que vous en avez besoin. C’est particulièrement positif si vous êtes encouragé à vous souvenir de la façon dont cette personne a enrichi votre vie et de l’héritage et des enseignements qu’elle vous a fournis.

Accompagnement concret et spécifique

Lorsque nous accompagnons une autre personne dans sa douleur, nous avons tendance à prononcer des phrases vagues comme « je suis là pour tout ce dont tu as besoin » ou « compte sur moi ». Mais, dans ces moments-là, il peut être plus avantageux d’offrir une aide concrète et spécifique. Par exemple, soutenir l’organisation de la paperasse, des procédures ou des documents ou préparer de la nourriture pour s’assurer que l’autre personne mange bien.

De plus, il est positif que nous prenions l’initiative d’appeler pour offrir une discussion ou proposer des activités qui distraient la personne en deuil.

S’autoriser à ressentir la douleur est essentiel, oui, mais il est également nécessaire de trouver des moments où l’oublier temporairement. C’est dans cette danse entre se rapprocher et s’éloigner de la douleur que vous pouvez traiter la situation et passer à autre chose. Pour cette raison, sans forcer ni être insistant ou invasif, nous pouvons proposer de petites activités qui aident la personne à devenir active.

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Rejoindre un groupe traversant des circonstances similaires est un environnement plus facile pour s’exprimer.

L’accompagnement du deuil peut aussi être effectué par un professionnel

Une fois les besoins de la personne endeuillée identifiés, il est entendu que l’important est qu’ils soient couverts ; c’est-à-dire qu’ils bénéficient d’un soutien social. Parfois, des proches effectuent ce travail de manière judicieuse ; cependant, ils peuvent ne pas avoir la sensibilité, la disponibilité ou les outils nécessaires pour assurer un suivi correct.

Dans ces cas, il peut être opportun de demander l’aide d’un professionnel. Pas strictement parce que le deuil est devenu pathologique, mais parce que la personne a besoin de cet espace sécurisant et de cette écoute empathique qu’elle ne trouve peut-être pas dans son environnement. Dans un tel scénario, le professionnel ne sera pas tellement dédié à l’établissement de lignes directrices, mais son rôle sera plutôt d’accompagner un processus naturel de l’être humain.

De plus, pour certaines personnes en deuil, il peut être positif de faire partie de groupes de soutien. Dans ces environnements, l’expression est plus facile ; tant que nous savons que les autres comprennent et partagent notre douleur, nous pouvons nous sentir identifiés et soutenus.

Bref, l’accompagnement au deuil est un processus qui peut être mené par différentes personnes et à partir de différentes instances, à condition d’en adopter les principes. Le respect, l’empathie, la présence et la sensibilité aux besoins des personnes endeuillées pourraient être le baume dont elles ont besoin dans cette situation difficile.

 


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