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3 choses que j’ai apprises en vivant au côté de mon obscure gardienne, la dépression

6 minutes
3 choses que j’ai apprises en vivant au côté de mon obscure gardienne, la dépression
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

La dépression m’écrasa au point de me faire sombrer dans les coins et recoins obscures de ma propre coquille. De là-bas, dans la profondeur de ma solitude, j’écoutais la rumeur du monde. J’ai même pu percevoir le murmure de celleux qui me jugeaient pour ma fragilité, ou de celleux qui me disaient de « m’égayer car la vie ne dure que 2 jours ». En revanche, ma dépression dura 5 ans, ce qui fut suffisant pour tout apprendre à son sujet.

Souvent, on nomme “héro-ïne-s” celleux qui surmontent une maladie mentale ou une maladie d’une certaine gravité. On insiste aussi régulièrement sur la dimension importante qu’a le courage pour faire face à ces moments difficiles. En revanche, celleux qui sont passé-e-s par là savent que ce sont des instants vitaux indispensables; qu’il n’y a pas d’autre option que d’être fort-e et de lutter contre l’apparition de notre pire ennemi : la capitulation.


« La douleur n’est pas là pour te faire souffrir. La douleur est là pour te rendre plus conscient. Et lorsque tu es conscient, la fameuse disparaît. »

-Osho-


D’autre part, les études et rapports de l’OMS nous rappellent que le taux de troubles dépressives ne cesse d’augmenter année après année. Parmi ces données, curieusement, il n’est pas habituel de trouver des informations sur les personnes qui se sortent de ce trou noir dans lequel règne la loi imposant la tristesse.

La principale raison de cette constatation est un fait qui a été mis en avant lors du congrès de l’OMS de cette année. 7 personnes sur 10 ne reçoivent pas le traitement le plus adapté, ce qui justifie le fait que l’ombre de la dépression puisse aller et venir. Ainsi, lorsqu’elle apparaît, ce qui est le plus courant, le traitement choisi est le plus simple : les médicaments. Pour autant, une approche plus holistique serait nécessaire, une approche multifactorielle.

Ainsi, la dépression qui n’est pas correctement traitée se convertit petit à petit en un locataire asphyxiant qui désorganise nos pensées, qui ferme les fenêtres et les rideaux de notre espérance pour arriver à ce qui lui plaît tant : nous rendre prisonnier de notre propre foyer. Il n’est pas facile de mettre de l’ordre dans un tel chaos. Il n’est pas simple non plus de la faire sortir, de la désinfecter et de la faire diminuer…

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Cependant, même la dépression la plus grave peut se surmonter avec un traitement adapté. Lorsque c’est chose faite, nous avons pu apprendre des leçons précieuses qui méritent la peine d’exister.

1) Désinfecter la honte de la dépression

La dépression est encore aujourd’hui associée à un sentiment de honte. Peu importe que nous soyons dans l’ère de l’information et que nous ayons accès à des données innombrables… Aucun de ces aspects n’a d’importance car on ne parle pas de la dépression, ce n’est une conversation ni confortable, ni facile ; et dans de nombreuses situations, elle peut même correspondre à un véritable tabou. Par exemple, c’est souvent le cas lorsqu’une maman qui vient d’accoucher ne croit plus en sa vie et se sent totalement incapable de faire face à son nouveau-né.

Comment son entourage va pouvoir comprendre qu’elle souffre d’une dépression post-partum alors qu’elle devrait en théorie se sentir plus heureuse que jamais ? Si nous réalisions une enquête par sondage sur les idées qu’ont les individus en général sur la dépression, le plus probable est qu’ils emploient des termes comme « fragilité », « femme », « capitulation ».

Ces idées complètement biaisées conduisent même souvent à ce que les personnes s’enferment dans la prison du silence, en craignant le jugement d’autrui et le regard de celui qui observe sans comprendre.  L’isolement naît de l’incompréhension que les personnes malades ressentent en dehors de la bulle qu’ils ont créée pour se protéger,


« Il est nécessaire de savoir que la dépression ne discrimine pas, qu’elle peut tous nous affecter sans distinction de sexe, de rang social ou de style de vie. Et souvent, et il faut le savoir, ce sont les personnes les plus fortes qui tombent les premières dans ce gouffre profond. »


2) La dépression ne vient jamais seule

La dépression a pour habitude de venir accompagnée par des alliés désagréables et dévoués, comme c’est le cas des troubles d’anxiété ou de panique ou encore le stress Nombreux-ses sont celleux qui définissent cette situation comme le fait de se trouver à l’intérieur d’un avion sur le point de s’écraser.

Le cœur s’accélère, la peur constante nous transforme en une personne incapable de garder le contrôle de sa propre vie, en une personne qui dort à peine ou qui dort énormément, quelqu’un qui mange très peu ou tout le contraire, expérimente une faim hédonique.

Chaque personne expérimentera une symptomatologie concrète qui donnera peu à peu forme à un sombre kaléidoscope d’une infinité de souffrances amères. Ainsi, et quasiment d’un jour à l’autre, la personne se verra prendre des antidépresseurs pour traiter l’anxiété, bêtabloquantes pour freiner l’accélération du cœur, des médicaments pour réduire les nausées, et des pastilles pour dormir la nuit.

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3) Désormais, je suis une personne beaucoup plus compatissante avec elle-même

La dépression ne se soigne pas en un mois, ni en deux mois. Parfois, il faut des années. Chacun-e vit son processus à sa façon, chacun émerge des recoins solitaires de sa coquille à son rythme et avec sa propre musique. C’est comme retrouver le chemin du retour vers la maison après avoir été perdu dans un désert, ayant tâtonné, sans trajectoire, sans boussole, sans force… et sans l’espérance de sortir un jour de cet endroit.

  • De la dépression, on apprend et on désapprend également. Car parfois, il est nécessaire de laisser derrière de nombreuses choses, de changer ses habitudes, de réévaluer certains de ses objectifs vitaux, et surtout de se défaire de la classique idée « on peut malgré tout ».
  • Surmonter cette maladie nous aide à développer une voix interne beaucoup plus compatissante. Celle qui nous a appris à nous dire « Arrête, prends du temps pour toi », « Défais-toi de ces pensées, il n’y a aucune raison d’être si exigeant avec toi-même » …

« Je ne veux pas être libre des dangers, je veux seulement avoir le courage de les affronter. »

-Marcel Proust-


A la fois et pour terminer, cette compassion nous permet de prendre un meilleur contact avec ce qui naît en notre intérieur pour comprendre nos besoins, nos limites et aussi, comme un non, pour avoir toujours à portée de main cette boîte à outils avec laquelle tenir éloigné ce « chien noir » qu’est la dépression, comme le disait Winston Churchill.

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Chacun-e gardera dans cette boîte précieuse de premiers secours ce qui lui conviendra le mieux : l’écriture, le sport, les pas, la lecture, une discussion avec des ami-e-s… Ce sont des stratégies qui cultivent quotidiennement, des habitudes de vie émotionnellement positives et saines qui nous maintiennent à la surface, qui nous sauvent et nous rapprochent de la version de nous-même qui nous plaît le plus : des personnes qui recommencent à sourire.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.