Un malheur est-il plus supportable lorsqu'il est partagé ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz
Il existe plusieurs dictons populaires qui abordent, sous différents angles, la question de savoir si un malheur est plus supportable lorsqu’il est partagé. D’une part, “le malheur des uns fait le bonheur des autres” fait référence à la folie de croire que si un malheur touche plus de gens (et pas seulement moi), je serai soulagé. En réalité, vos problèmes ne seront pas résolus par le fait que d’autres se trouvent dans votre situation.
Cependant, d’autres expressions telles que “malheur partagé, malheur amoindri” soutiennent l’élément réconfortant de savoir que nous ne sommes pas les seuls à vivre une situation difficile.
Cela peut-il avoir une quelconque réalité ? La réponse est oui. Nous rencontrons ce phénomène dans de nombreuses situations quotidiennes.
Lorsqu’un élève échoue à un examen, l’impact négatif est amorti en sachant que la plupart de ses pairs ont connu le même sort. De même, les groupes de soutien pour les personnes souffrant de troubles psychologiques sont d’une aide énorme, simplement en se mettant en relation avec des personnes qui vivent la même chose.
Mais quel est le fondement de tout cela ? Nous réjouissons-nous du malheur des autres ? Sommes-nous foncièrement mauvais ? Pas du tout. Il y a plusieurs raisons à ce processus.
L’impact de la comparaison sociale
La recherche en psychologie sociale est depuis longtemps consciente de la pression que les groupes sociaux exercent sur les individus. Une grande partie de notre identité se forge dans nos relations avec les autres et, par conséquent, son influence sur l’image que nous avons de nous-même est élevée.
Tous les êtres humains ont tendance à se comparer aux autres afin de mesurer leur valeur et leur aptitude. Le résultat de cette comparaison aura un impact sur l’image que nous avons de nous-même.
Par conséquent, lorsqu’un malheur nous arrive, l’échelle comparative revient vers nous. Nous nous sentons différents et inférieurs et commençons à être inondés d’émotions négatives.
Trouver d’autres personnes dans la même situation permet de rendre la comparaison plus favorable envers nous. Cela protège, en quelque sorte, notre estime de soi : nous ne sommes plus les seuls à avoir “échoué”.
Ce n’est pas un malheur, mais juste une partie de notre humanité
La clé du soulagement de savoir qu’une situation difficile ne nous concerne pas seulement nous est qu’elle nous rappelle notre humanité commune. Lorsqu’un événement négatif et inattendu nous arrive, le choc émotionnel peut être important.
Si nous échouons à un test important, si notre partenaire est infidèle, si nous avons un trouble de panique… Toutes ces situations nous mettent dans une position désavantageuse dans un premier temps. Nous avons le sentiment d’avoir personnellement échoué, que quelque chose ne va pas chez nous.
Prendre conscience que nous ne sommes pas seuls élargit notre perspective. Cela nous rappelle que nous sommes tous humains, que nous vivons tous des événements positifs et négatifs. Que, finalement, la douleur fait autant partie de l’expérience que le plaisir. Le succès et l’échec sont tous deux conditionnés par l’aventure de la vie.
Il nous aide à apaiser l’esprit, à faire taire le dialogue interne qui nous accuse et à normaliser nos émotions en tant que processus passager et assimilable. De plus, voir comment d’autres personnes font face à des circonstances similaires peut nous motiver à mettre nos propres ressources à contribution. De plus, nous pouvons en tirer des idées pour mieux le faire.
Passez à l’action
Bien que vous puissiez trouver un certain soulagement à partager les circonstances avec d’autres, il est important de ne pas perdre de vue que la clé sera toujours de passer à l’action. Si vous avez échoué à un test, vous devrez étudier plus ou mieux pour le prochain. Le fait que de nombreux autres camarades de classe aient également obtenu de mauvaises notes n’améliorera pas votre dossier.
De même, si votre relation a pris fin, vous devrez mettre en œuvre vos moyens d’adaptations et passer à autre chose. Ce n’est pas une bonne idée de se joindre à ceux qui vivent la même chose pour se réjouir de leur souffrance, mais plutôt pour les motiver à aller de l’avant. Ne laissez pas le fait de trouver des personnes dans votre situation vous amener à vous contenter d’être une victime, à éprouver du ressentiment ou de la colère.
Ce seront toujours vos actions qui vous feront sortir de votre situation actuelle et vous mèneront là où vous voulez aller. Par conséquent, si vous devez regarder les autres, laissez-les vous inspirer pour continuer. Qu’il s’agisse d’observer comment vous acceptez votre erreur dans la vie et d’en tirer des leçons. Appuyez-vous sur les autres pour réparer vos ailes et reprendre votre envol.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Festinger, L. (1954). A theory of social comparison processes. Human relations, 7(2), 117-140.
- Robinson, W. P., & Tajfel, H. (Eds.). (1996). Social groups and identities: Developing the legacy of Henri Tajfel. Psychology Press.
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