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Le trouble des conduites alimentaires non spécifié (OFSED) : en quoi consiste-t-il ?

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L'une des caractéristiques du trouble des conduites alimentaires non spécifié (ASDN) est que la personne maintient un poids normal. Dans ces cas, les problèmes d'alimentation ne sont pas toujours faciles à identifier à leurs débuts.
Le trouble des conduites alimentaires non spécifié (OFSED) : en quoi consiste-t-il ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 29 décembre, 2021

Le trouble des conduites alimentaires non spécifié (OFSED) est probablement l’une des conditions cliniques les plus diffuses et les plus complexes. On pourrait dire qu’au sein de la classification des troubles alimentaires, cette réalité ne répond pas tout à fait à tous les critères de l’anorexie mentale, de la boulimie nerveuse ou de l’hyperphagie boulimique.

Ainsi, lorsqu’on imagine une personne ayant un problème de comportement alimentaire, il est courant de le faire avec des comportements de purge (vomissements) et avec un poids extrêmement bas. Or, la réalité des consultations médicales est très différente. En fait, le trouble des conduites alimentaires non spécifié est souvent le plus répandu.

Il définit généralement l’apparition d’un trouble de l’alimentation. Ce sont les premières phases au cours desquelles les patients ont recours à de multiples stratégies pour perdre du poids. Cependant, ce n’est pas parce que l’on en est aux premiers stades de la maladie que le risque est moins important. Toutes ces réalités liées à l’alimentation sont considérées comme sérieuses et il est nécessaire de proposer un accompagnement thérapeutique le plus tôt possible.

Ce trouble de l’alimentation est souvent qualifié de « léger » mais la vie des patients est toujours en danger dans de telles conditions cliniques psychopathologiques.

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Symptômes du trouble des conduites alimentaires non spécifié

Cette catégorie est souvent utilisée lorsqu’on a affaire à une personne qui ne répond pas à tous les critères diagnostiques qui définissent l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie boulimique. D’où le terme de « non spécifié ». Il faut savoir qu’à ce jour, il existe encore de nombreux troubles liés à l’alimentation qui n’ont pas été bien étudiés.

Des travaux de recherche, comme ceux menés à l’hôpital universitaire Bellvitge-IDIBEL en Catalogne (Espagne), mettent en évidence la même chose. Ainsi, bien que de nouveaux sous-types diagnostiques de troubles de l’alimentation aient été inclus dans la dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), le trouble non spécifié reste un défi.

Néanmoins, on sait qu’il touche 3 à 5 % de la population et qu’un diagnostic précoce facilite la réussite d’un traitement. Voyons donc quelle est la symptomatologie de base qui facilite sa détection.

Anorexie mentale avec un poids normal

Une caractéristique déterminante du trouble des conduites alimentaires non spécifié (OFSED) est de ne pas répondre au critère selon lequel le poids du patient est inférieur à celui qui correspond à son âge et à sa taille. Les patients sont généralement dans des paramètres sains.

Anorexie sans altérations menstruelles

Quelque chose de très récurrent chez les patients souffrant d’anorexie mentale est l’absence de menstruations. Les altérations hormonales finissent toujours par affecter les règles. Or, ce problème n’apparaît pas dans cette catégorie de diagnostic.

Boulimie atypique

Lorsqu’on pose le diagnostic d’une personne ayant un trouble de l’alimentation, il faut tenir compte des comportements liés à la boulimie.

Le critère exige que les crises de boulimie et les comportements compensatoires (vomissements, lavements, jeûne, exercice excessif) apparaissent au minimum deux fois par semaine et pendant trois mois. Les personnes atteintes d’un trouble non spécifié ne répondent pas à ces critères.

Trouble atypique de l’hyperphagie boulimique

Si la boulimie et l’anorexie présentent toutes deux des caractéristiques atypiques, il en va de même pour le trouble de l’hyperphagie boulimique. Dans ce cas, le patient éprouve le besoin de manger en grande quantité et de manière compulsive, mais n’a alors pas recours aux vomissements. Bien souvent, cela complique l’identification précoce de ce problème.

Syndrome d’alimentation nocturne

Une autre caractéristique frappante qui accompagne le trouble des conduites alimentaires non spécifié est un désir incontrôlable de manger la nuit.

  • Les personnes ressentent une faim excessive juste après le dîner.
  • Elles peuvent se réveiller au milieu de la nuit pour « piller » le réfrigérateur.
  • Un autre comportement frappant est de sentir que, pour avoir un repos profond et réparateur, elles doivent absolument manger.

L’orthorexie, l’obsession d’une alimentation saine

L’obsession d’une alimentation saine peut conduire de nombreuses personnes à adopter des comportements extrêmes qui, en réalité, ne sont pas raisonnables et sains. Cette condition les amène à ne consommer que des aliments bio ; une fixation excessive les empêche, petit à petit, de mener une vie normale. Leur seule priorité devient de manger des produits bio, sans additifs, etc.

La personne avec un trouble des conduites alimentaires non spécifié passe généralement du véganisme à une obsession pour l’exclusion de tout ce qui contient du sucre, des glucides, des additifs, etc.

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Autres critères diagnostiques du trouble des conduites alimentaires non spécifié

Le trouble des conduites alimentaires non spécifié nécessite que plus de caractéristiques soient prises en compte, en plus de celles déjà mentionnées. Ce sont des réalités qui oscillent entre l’émotionnel, le comportemental et le cognitif :

  • Un souci constant de perdre du poids et de manger le plus sainement possible.
  • Les patients portent des vêtements amples car ils sont toujours mal à l’aise avec leur corps et cherchent à le cacher.
  • Ils évitent de manger en public.
  • Ils cessent de socialiser et d’entretenir leurs amitiés, en profitant de leur compagnie.
  • Par ailleurs, ils essaient de supprimer ou de déplacer la sensation de faim à tout moment.
  • Utilisation excessive de bains de bouche et de chewing-gums.
  • Ils mâchent les aliments sans les avaler pour les recracher plus tard.
  • Des sautes d’humeur extrêmes.
  • Faible estime de soi.
  • Personnalité très perfectionniste.

Même s’il peut nous sembler qu’il s’agit d’un trouble alimentaire très diffus et complexe, il faut noter que cette affection est fréquente et que son traitement est efficace.

La thérapie cognitive et comportementale axée sur le traitement des pensées dysfonctionnelles liées au schéma corporel et à l’alimentation est essentielle. Le plus important est que l’entourage soit sensible à ces caractéristiques et soutienne le patient lorsqu’il demande de l’aide.


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