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Styles de raisonnement dysfonctionnels dans le TOC

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Le trouble obsessionnel-compulsif est l’une des conditions cliniques les plus invalidantes. Maintenant, pouvez-vous imaginer la possibilité qu’un événement catastrophique déclenche en vous la même réaction émotionnelle qu’un fait ? Quelque chose de similaire se produit dans le TOC, ce qu nous expliquerons dans cet article.
Styles de raisonnement dysfonctionnels dans le TOC
Dernière mise à jour : 18 février, 2023

Le trouble obsessionnel-compulsif (ci-après, TOC) est une affection clinique souvent invalidante. Elle se caractérise par la présence d’obsessions, qui causent de la souffrance, et auxquelles la personne répond par des compulsions ou des rituels, tant comportementaux que mentaux. Dans cet article, nous analyserons le mécanisme qui explique la formation des obsessions : les styles de raisonnement dysfonctionnels dans le TOC.

Dans le TOC, les compulsions ou les rituels sont loin d’être agréables, bien que certaines personnes ressentent un soulagement lorsqu’ils s’exécutent. Les réponses affectives en lien avec le TOC sont très diverses et aussi intenses. De plus, il est courant que les individus éprouvent un “besoin de perfection” écrasant, ce qui leur cause de la frustration et du mal-être.

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Le TOC a une prévalence de 1 à 3 % dans la population générale.

Qu’est-ce que le TOC ?

Avant de parler de styles de raisonnement dysfonctionnels, réfléchissons à ce qui caractérise ce trouble grave. Ainsi, l’Organisation Mondiale de la Santé définit cette entité clinique par la présence d’obsessions et de compulsions persistantes :

  • Les obsessions prennent la forme de pensées, d’images ou d’envies persistantes et récurrentes, ou d’un sentiment “qu’il est très urgent de le faire”. Ces pensées sont très gênantes, loin d’être désirées et sont souvent associées à de l’anxiété. La personne essaie d’ignorer ou de supprimer ses obsessions en adoptant des comportements répétitifs (compulsions).
  • Les compulsions sont à la fois des comportements physiques et mentaux qu’une personne exécute face à l’urgence de ses obsessions. Elles s’exécutent selon des règles rigides.

Par exemple, une personne souffrant de TOC de nettoyage peut penser qu’un objet ne sera pas propre avant de le nettoyer 99 fois. Comme elle ressent une grande gêne lorsqu’elle pense qu’il est sale, elle le nettoiera 99 fois car il pourrait infecter les personnes qui l’entourent et celles-ci pourraient alors mourir.

De plus, les obsessions et les compulsions consomment beaucoup de temps. Dans certains cas, on rapporte que la personne consacra plus de 8 heures au contenu des obsessions et des compulsions. Cela génère alors de graves interférences et une détérioration personnelle, sociale, éducative et professionnelle substantielle.

Quels sont les styles de raisonnement dysfonctionnels dans le TOC ?

Le “doute” est l’élément clé et fondamental, étant à la base de la formation des obsessions. O’Connor le définit comme “une interférence sur un état possible des choses comme si elles se produisaient réellement”. Autrement dit, les personnes atteintes de TOC voient comme réel quelque chose qui ne se passe que dans leur esprit. Voici un exemple de ce style de raisonnement :

J’ai eu une très mauvaise pensée. Il m’est venu à l’esprit que je peux tuer mon fils. Je ne peux pas être avec mon fils parce que je suis dangereux. Je dois m’éloigner de mon fils parce que je suis un meurtrier.

Ainsi, dans un état dans lequel la possibilité que quelque chose se produise se confond avec son apparition réelle, nous pouvons distinguer divers éléments.

1. Inférence primaire

L’inférence primaire fait référence à la composante de base du doute. Ainsi, l’essence du “doute” doit être un contenu significatif et important avec une charge émotionnelle élevée pour la personne.

Le doute est le début du TOC. C’est le déclencheur du doute parce qu’il prend la forme d’une inférence (c’est-à-dire d’un présupposé), avec une forte signification personnelle autant qu’émotionnelle.

Je viens d’acheter une voiture et je l’ai garée, l’ai-je verrouillé ? Je reviens et vérifie que je l’ai bien fermé. 10 minutes plus tard, le doute m’assaille à nouveau quant à savoir si j’ai bien verrouillé la voiture. Est-ce que je l’ai vraiment fermé ? Je dois y retourner pour vérifier.

2. Confusion inférentielle

Le doute obsessionnel qui constitue l’inférence primaire est le produit d’un raisonnement erroné. Il est faux parce que la personne atteinte de TOC confond “ce qui est réel” avec “ce qui est possible”. Ceci provient de deux facteurs :

  • De nombreuses personnes souffrant de TOC finissent par se méfier de leurs propres perceptions et sens. Par conséquent, la personne ne peut pas clairement faire la différence entre ce qui est réel et ce qu’elle imagine être réel.
  • Elle crédibilise davantage des possibilités éloignées et souvent fictives par opposition à la réalité accessible par les sens (ouïe, vue, odorat, goût).

De plus, la confusion inférentielle peut s’évaluer à l’aide du questionnaire de confusion inférentielle (ICQ), dont les scores expliquent un pourcentage important des relations entre les symptômes obsessionnels compulsifs et les croyances dysfonctionnelles que nous mentionnons.

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Les personnes atteintes de TOC confondent souvent ce qui est réel et ce qui est possible lorsqu’elles raisonnent sur leurs obsessions.

3. Inférences secondaires

Face au doute obsessionnel qui façonne l’inférence primaire, la personne atteinte de TOC anticipe les conséquences négatives (ou inférences secondaires) qui pourraient survenir dans l’éventualité où ce qui est redouté (une possibilité fictive, possible et improbable) se réalise.

Face à cette situation, le patient ressent un très haut degré d’inconfort (généralement de l’anxiété). À ce moment, leur volonté est détournée par la nécessité de mettre en place des comportements atténuant à la fois l’inconfort et les menaces qui ont été anticipés.

Pour conclure, il convient de mentionner que ce phénomène d’erreur de raisonnement est curieux car les personnes atteintes de TOC ne font ces erreurs de raisonnement que lorsqu’elles raisonnent sur leurs obsessions. Pour le reste elles raisonnent comme les gens sans TOC.

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  • Belloch, A. (2022). Manual de psicopatología, vol II.
  • López, A. P. (2015). Cruzando el puente entre realidad e imaginación: Terapia basada en la inferencia para el TOC. Informació psicològica, (110), 92-107.
  • Borda, T., & Mazás, S. El Trastorno Obsesivo Compulsivo (TOC) es sustancialmente un trastorno emocional.

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