Stress et espace personnel : lorsque les autres envahissent notre intimité
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’espace personnel est un territoire privé, intime et exclusif que personne ne peut envahir ou s’approprier. Il peut non seulement être envahi par des entités physiques, mais aussi par d’autres stimuli tels que le bruit, les émotions que les autres nous transmettent, la surcharge d’information ou les constantes interruptions dans nos moments de solitude ou d’intimité.
Souvent, on dit de certaines personnes qu’elles sont des pachydermes, de grands éléphants envahissant l’espace personnel des autres, piétinant leurs droits et bafouant leur intimité. Cet effet est généralement observé au sein de nos environnements professionnels, affectant alors notre productivité et générant un haut niveau de stress et de mal-être.
Nous avons besoin d’un espace personnel sûr pour nous sentir protégés, pour réduire nos niveaux de stress et pour nous sentir bien.
Or, il y a un aspect que nous ne pouvons pas laisser de côté. L’espace personnel ne fait pas uniquement référence aux centimètres que chacun tolère par rapport à la présence physique des autres, d’où le fait que la voix, le souffle et la chaleur physique des autres puissent aussi nous résulter désagréables, voire même menaçants. L’espace personnel est aussi une bulle qui peut éclater face à n’importe quel type de stimulation psycho-sensorielle.
Autrement dit, des aspects tels que le mobilier, la décoration, le manque d’illumination ou l’odeur d’un environnement déterminé peuvent aussi être des sources de stress. Le fait de ne pas pouvoir disposer d’un laps de temps pour soi, le fait d’être surveillé et contrôlé est aussi une claire invasion de notre espace personnel.
Espace personnel et stress
Ana et Pablo viennent d’avoir un bébé, et ils se sentent déjà dépassés par les évènements. Le stress qu’ils ressentent n’a rien à voir avec leur bébé, mais avec leur entourage, leur famille, leurs amis et les collègues de travail. Déjà à l’hôpital, ils ont vu leur espace personnel continuellement envahi par ces personnes, proches et enthousiastes, qui avec toute la bonne intention du monde venaient tour à tour voir le nouveau-né, le prendre dans leurs bras et donner aux parents des milliers de conseils.
Ce petit exemple nous prouve que parfois, nos proches empiètent sur notre espace et pénètrent dans cette bulle personnelle que nous avons besoin de préserver pour nous-mêmes. Rien ne sert d’entrer dans un ascenseur bondé pour se sentir mal à l’aise et à l’étroit ; souvent, les “agressions” les plus graves proviennent des personnes les plus proches de nous. D’où le besoin essentiel de savoir fixer des limites.
Ainsi, au cours de leurs consultations, les psychologues sont souvent confrontés à cette réalité. Ils trouvent en face d’eux des personnes qui ont passé la moitié de leur vie à se sentir incapables de protéger leur espace personnel. Cet immobilisme ou cette incapacité à gérer les frontières personnelles implique un fort coût émotionnel, laisse une trace et fragilise complètement les ciments les plus profonds de notre architecture psychologique.
Nous ne devons pas oublier, par exemple, que le fait de définir, délimiter et protéger notre espace personnel est une clé de survie très importante. C’est, de plus, un exercice de connaissance de soi pouvant nous permettre de comprendre que nous avons tous des barrières, des frontières que personne ne doit traverser car c’est derrière elles que se trouvent notre estime de nous-même, notre équilibre et notre précieuse identité…
Prenez soin de vous, protégez votre espace personnel
Ralph Adolph et Daniel P. Kennedy, neurologues de l’Université de Caltech (Etats-Unis), ont découvert qu’il y a une structure dans notre cerveau qui se charge de nous dire où sont les limites de notre espace personnel. Il s’agit de l’amygdale, cette petite région associée à la peur ou à notre instinct de survie.
Cette découverte est très intéressante, et elle nous révèle quelque chose d’essentiel : c’est notre cerveau qui mesure les limites personnels de chacun, comme s’il s’agissait d’un bouton d’alarme personnelle qui nous indiquerait que quelque chose ou quelqu’un nous dérange, qu’il envahit notre intimité ou qu’il bafoue notre intégrité jusqu’à nous sembler menaçant. Il faut dire également que ces limites diffèrent selon les gens ; il y a ceux qui se sentent très rapidement étouffés et stressés, et d’autres qui, au contraire, présentent un seuil de tolérance bien plus large.
De son côté, la proxémie, ou la science qui étudie les effets de nos relations dans l’usage de l’espace, nous rappelle qu’une de nos plus grandes sources d’anxiété est de voir comment chaque jour, nous nous sentons plus à l’étroit, plus “serré”, et ce dans tous les sens du terme. Non seulement nous disposons d’un moindre espace physique et ce peu importe où nous sommes, mais aujourd’hui, nous recevons tellement de stimulations, de pressions et d’interactions de tous les côtés que le moindre prétexte est bon pour nous pousser à tout laisser filtrer. Sachons garder nos distances et nous préserver…
Nous devons être capables de gérer nos limites personnelles. Nous vous parlons ici d’apprendre à mettre des distances physiques et psychologiques entre vous et toutes les dynamiques externes qui attaquent votre intimité et qui s’élèvent comme de puissantes sources de stress. Parfois, ce sont vos collègues de travail, d’autres fois c’est un environnement trop bruyant, trop désordonné, trop petit ou trop oppressant.
A d’autres occasions, c’est votre claire incapacité à dire non, à exprimer clairement ce que vous pouvez ou non tolérer. Etre explicite au moment d’indiquer où sont vos frontières personnelles vous aidera à tisser des liens bien plus forts entre vous et les autres, car il n’y a qu’ainsi que vous donnerez forme à des environnements sociaux plus respectueux, plus productifs et avant tout, sains.
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