Siegfried Bernfeld et l'éducation sociale
Relu et approuvé par Psychologue Bernardo Peña Herrera
Siegfried Bernfeld fait partie des premiers psychanalystes qui, avec le temps, ont adopté une position de gauche radicale. Bernfeld était un grand protagoniste de son temps, mais les années passant, on a injustement fini par le reléguer au second plan. Pourtant, son oeuvre est intéressante, et ses apports ont encore une résonance pertinente aujourd’hui.
Anna Freud a signalé que Siegfried Bernfeld avait été un de ces “êtres hors du commun” ayant fait partie de la première vague de la psychanalyse. De fait, Sigmund Freud lui-même fait l’éloge de Bernfeld dans une ses lettres : “c’est un expert de premier plan en psychanalyse. Je le considère peut-être comme le plus talentueux de mes étudiants et disciples. De plus, ses connaissances sont supérieures, il est un orateur irrésistible et un maître extrêmement influent. Finalement, je ne peux dire de lui que le meilleur”.
“… le noyau de l’éducation, ce n’est pas la pédagogie, mais la politique. Et les buts de l’éducation ne sont déterminés ni par l’éthique ni par la philosophie, en accord avec les valeurs de validité générale, mais bien par la classe dominante, en conséquence des buts de son pouvoir.”
– Siegfried Bernfeld –
Comme ses contemporains, Siegfried Bernfeld a vécu lors d’une époque fortement bouleversée au niveau social et politique. C’est pourquoi à un moment donné, et avant la persécution dont il a été l’objet puisqu’il était juif, il a centré ses réflexions sur le champ social. Il a donc laissé de côté la facette strictement psychanalytique pour se consacrer davantage aux phénomènes collectifs, d’un point de vue politique.
Les débuts de Siegfried Bernfeld
Siegfried Bernfeld, comme beaucoup d’autres psychanalystes, était juif. Il est né à Lemberg (Galicie) en 1892. Ses parents étaient d’aisés commerçants textiles. Bernfeld, passionné de la nature, a étudié la zoologie et la botanique. Cela lui a permis de se forger de solides connaissances scientifiques.
Très jeune, il s’est aussi intéressé à la pédagogie et à la psychologie. Il était captivé par les portées de l’hypnotisme, qui était à son époque une grande innovation. Il s’y est même essayé avec son petit frère. Siegfried Bernfeld a également manifesté un certain intérêt pour les théories de Maria Montessori. Puis, il a étudié à fond la psychanalyse et développé une fascination pour la méthode de l’association libre.
A 22 ans, il s’est marié avec Anne Salomon, une jeune étudiante en médecine et fervente partisane des idées marxistes qui a fortement influencé sa pensée ainsi que ses activités. A peine trois ans après son mariage, il organisait déjà une gigantesque réunion de la jeunesse sioniste, à l’occasion de laquelle Martin Buber a tenu un discours qui est devenu très célèbre.
L’activité sociale et la psychanalyse
Motivé par son activité politique, Siegfried Bernfeld a fondé une institution consacrée à l’accueil des enfants juifs orphelins de la Première Guerre Mondiale. Son objectif était de former ces jeunes de telle manière à ce qu’ils puissent migrer vers la Palestine. Il a donc eu 145 protégés, parmi lesquels nombreux étaient ceux à souffrir de graves traumatismes. Cela l’a poussé à se pencher d’autant plus sur la psychanalyse.
Rapidement, il a fait la connaissance de Sigmund Freud et a commencé à faire partie du cercle psychanalytique. Finalement, il a ouvert un cabinet à Vienne en 1922, et c’est dans ce cadre qu’il a tissé une étroite amitié avec Anna Freud, qui le considérait comme une des grandes promesses du nouveau courant psychanalytique. Avec Anna et d’autres psychanalystes de l’époque, il a formé un groupe consacré à l’assistance des enfants abandonnés.
Ce groupe s’intéressant principalement à étendre les questions psychanalytiques au champ social. En 1925, Siegfried Bernfeld a publié ses deux premières oeuvres, consacrées à l’éducation sociale. L’une était centrée sur l’adolescence, et l’autre, sur les méthodes pédagogiques allemandes, qu’il considérait comme une véritable culture pour un régime dictatorial.
La fin de vie de Bernfeld
Siegfried Bernfeld s’est marié trois fois et a vécu dans divers pays européens, puis le nazisme pris le pouvoir. Finalement, il a pris une pause à San Francisco avec sa troisième épouse. A la différence des autres psychanalystes, Bernfeld n’a jamais été d’accord avec la “psychologue du Moi” qui était alors mise en avant en Amérique du Nord.
Peut-être la nostalgie de ses origines couplée à sa grande curiosité intellectuelle l’ont-elles mené à devenir un des plus importants biographes de Freud. Même s’il n’est pas considéré comme son biographe “officiel”, ses articles ont été clairement repris par Ernest Jones, qu’Anna Freud considérait comme le biographe attitré de son père.
Siegfried Bernfeld a laissé derrière lui d’intéressants essais où il mêle les principes de la psychanalyse et l’éducation sociale. Ses travaux sur la psychologie de l’adolescence sont également notables. D’autre part, il a fondé la première société psychanalytique de San Francisco. Beaucoup se souviennent de lui comme d’un consommateur compulsif de tabac, amant de belles femmes et honnête psychanalyste.
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