Sélectivité alimentaire : votre sensibilité peut-elle vous amener à rejeter des aliments ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz
Dès l’enfance, on nous pousse à manger de tout. On nous incite à essayer d’inclure toutes sortes d’aliments dans notre alimentation afin de jouir d’une meilleure santé. Dans la plupart des cas, bien que de petites difficultés puissent survenir, les enfants finissent par accepter cette variété. Cependant, il existe un petit groupe pour qui cela représente un défi écrasant, non seulement dans l’enfance mais aussi à l’âge adulte. C’est ce qu’on appelle la sélectivité alimentaire.
Comme nous l’avons dit, il y a beaucoup d’enfants qui éprouvent certaines difficultés avec la nourriture, surtout à certaines périodes. Ils peuvent avoir un faible appétit, refuser d’essayer de nouveaux aliments, rejeter certains groupes d’aliments ou avoir de fortes préférences. Néanmoins, ce sont des états transitoires qui, avec une bonne action des parents, peuvent s’inverser sans trop de difficultés.
Le cas de la sélectivité alimentaire est beaucoup plus complexe. Ce n’est pas une question de temps, et cela ne dépend pas non plus de la manière dont les parents offrent les aliments. Ceux qui l’ont peuvent atteindre l’âge adulte sans pratiquement avoir fait le moindre progrès concernant leur variété alimentaire. Mais quelle en est la cause ? Explorons cela ci-dessous.
Qu’est-ce que la sélectivité alimentaire ?
La sélectivité alimentaire est une condition qui amène une personne à souffrir d’une grande aversion vis-à-vis la nourriture en raison de ses caractéristiques sensorielles. Autrement dit, le rejet peut être causé par la couleur de l’aliment, son odeur, sa texture, sa température… le goût n’est pas le seul facteur en cause.
Il s’agit d’une caractéristique d’un trait neurologique connu sous le nom de haute sensibilité (HS), de sorte que les personnes atteintes de HS sont plus susceptibles de la manifester. Par ailleurs, il est fréquent que cela se produise chez ceux qui sont atteints du spectre de l’autisme.
Il est important de mentionner que, puisqu’il s’agit d’un trait génétique et héréditaire, ce n’est pas dû au fait que les parents ont mal élevé l’enfant ou qu’il est capricieux ou gâté. Nous parlons plutôt d’un instinct, un mécanisme de défense déclenché par l’incapacité du cerveau à traiter les stimuli sensoriels.
L’intégration sensorielle est le processus à travers lequel nous recevons et organisons les informations qui proviennent de nos sens (soit de l’extérieur, soit de l’environnement, soit de notre propre corps). Les personnes ayant une sensibilité élevée perçoivent et traitent beaucoup plus d’informations que d’habitude et avec beaucoup plus de profondeur, ce qui peut rendre difficile l’intégration sensorielle.
Dans le domaine de l’alimentation, ces personnes perçoivent en une fraction de seconde de multiples aspects liés à l’aliment ; et, se sentant dépassées, elles choisissent de le rejeter comme forme de protection.
Symptômes et signes
Comme vous pouvez le voir, c’est une réalité différente de celle des picky eaters ou mangeurs difficiles. Ce n’est pas une question de goût, mais d’instinct. Ce n’est pas non plus une phase transitoire, mais une qualité qui accompagne la personne pour la vie. Afin d’identifier si vous souffrez de sélectivité alimentaire sensorielle, sachez que l’on peut observer les signes suivants :
- La personne refuse plus d’aliments qu’elle n’en accepte. Son aversion sensorielle peut l’amener à ne tolérer que 10 ou 15 aliments environ.
- La variété des aliments acceptés ne change pas en fonction du nombre de fois où l’on expose l’enfant à un nouveau produit.
- Les aliments doivent toujours être les mêmes, de la même marque et cuisinés de la même manière. La moindre modification n’est pas tolérée.
- Il y a généralement une préférence pour les aliments secs, croquants et homogènes (comme les tartines ou les frites). En effet, ces produits sont généralement toujours les mêmes et la personne sait à quoi s’attendre avec eux. Un fruit, par exemple, peut être plus gros ou plus petit, sucré ou acide, juteux ou non, selon le moment. Or, cela sature les sens.
- Une sensibilité élevée ne se produit pas seulement par rapport à la nourriture mais englobe d’autres aspects. Par exemple, la personne est souvent gênée par des lumières vives ou des bruits forts, ou mal à l’aise à cause des coutures et des étiquettes sur les vêtements. Ses émotions sont également vécues plus en profondeur et exprimées intensément.
- L’aversion pour les aliments est telle que cela ne génère pas seulement un refus de les manger : cela peut également rendre la personne très mal à l’aise à l’idée de devoir les avaler ou de les avoir à proximité.
Comment aborder la sélectivité alimentaire sensorielle ?
Pour les parents d’enfants ayant une sélectivité alimentaire sensorielle, il est très préoccupant que leurs enfants refusent d’accepter la grande majorité des aliments. Mais pour les enfants eux-mêmes (et les adultes qu’ils deviennent), ce n’est pas facile non plus.
Ils passent généralement leur vie à être critiqués et jugés pour leur comportement alimentaire et subissent une pression continue de l’entourage. Cela engendre une vision très négative de la nourriture et le moment du repas avec les autres génère énormément d’anxiété, de mal-être et de peur.
La vérité est qu’il n’y a aucun moyen d’éliminer la sélectivité alimentaire puisque c’est un trait neurologique. Ni la psychologie, ni l’ergothérapie ni d’autres interventions ne pourront l’inverser. Cependant, il existe quelques lignes directrices pour la gérer ou gérer ses conséquences.
D’une part, les progrès dans ce champ sont étroitement liés au développement du cortex préfrontal. C’est la maturation de cette zone cérébrale qui permet à une personne de cesser d’être gouvernée uniquement par des impulsions et de prendre des décisions rationnelles ; et c’est ici que la personne peut consciemment choisir d’introduire certains aliments, même contre son instinct. Néanmoins, il est presque impossible que cela se produise avant l’âge de 10 ans. Forcer ou essayer de convaincre un enfant plus jeune sera donc vain.
En revanche, il est essentiel de ne pas mettre la pression, juger ou menacer l’enfant avec la sélectivité alimentaire. Comme nous l’avons dit, cela placera son corps en alerte au moment de manger : il n’y aura pas de progrès, et cela générera aussi un fort mal-être émotionnel.
Une ligne directrice à suivre, pour essayer de mettre en place une alimentation plus saine, est de prendre les aliments « sûrs » de l’enfant (ceux qu’il accepte) et d’introduire progressivement de petites variations. Par exemple, offrez des pommes de terre rôties au lieu de frites ou ajoutez un légume au jus de fruit qu’il tolère.
En définitive, la sélectivité alimentaire sensorielle est complexe et le meilleur support sera toujours la compréhension. Malgré cela, les thérapeutes peuvent proposer des lignes directrices pour favoriser l’intégration sensorielle, aider l’enfant à prendre des décisions rationnelles et améliorer d’autres manifestations de la haute sensibilité. Il est donc important de les consulter.
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