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Savez-vous en quoi consiste la thérapie narrative ?

11 minutes
Savez-vous en quoi consiste la thérapie narrative ?
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Francisco Pérez
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

La thérapie narrative utilise le mode narratif à des fins thérapeutiques. Le mode narratif est celui qui utilise le point de vue d’une voix narrative pour présenter une histoire littéraire ou théâtrale entre autres. Ce mode narratif se présente comme une approche respectueuse et non accablante, basée sur le respect d’une maxime : les personnes sont expertes de leurs propres vies (Morgan, 2004).

Comme nous le disions auparavant, la thérapie narrative recherche une approche respectueuse, non accablante de la thérapie ainsi que le travail communautaire. De plus, elle voit le problème comme une entité séparée des personnes et assume le fait que les personnes aient beaucoup d’habilités, de compétences, de convictions, de valeurs, de compromis et de convictions qui les assisteront au moment de réduire l’influence négative du problème au sein de leur vie.


« Le langage est un fidèle indicateur de la manière dont nous nous voyons en tant que personnes. »

-Stephen R. Covey-


Pour la thérapie narrative, les mots “histoire” ou “narration” signifient : événements liés, dans une séquence, à travers le temps et en accord avec un thème. En tant qu’humains, nous interprétons et donnons un sens aux expériences de la vie quotidienne. Nous cherchons une manière d’expliquer les événements et de leur donner un sens.

Ce sens est celui qui donne un sens à l’histoire (à la narration). Nous avons tou-te-s de nombreuses histoires, relatives à notre vie et à nos relations, qui se déroulent de manière simultanée. Nous avons, par exemple, des histoires autour de nous, de nos habilités, difficultés, compétences, actions, désirs, travail, réussites et échecs. Notre manière d’écrire ces histoires et de tenter de les rendre cohérentes est pour beaucoup responsable de la manière dont elles évoluent et de la façon dont nous continuons à les écrire.


« Fondamentalement, l’externalisation d’un problème consiste en la séparation linguistique du problème d’identité personnel du patient ».

-Iván Castillo Ledo-


Nous parlons d’une succession d’événements liés et unis par un fil temporel. C’est sur ce fil temporel précisément que nous les avons sélectionnés car ils s’adaptent davantage à l’idée de l’histoire dominante. Celleux qui restent en dehors de l’histoire dominante restent caché-e-s ou avec un moindre sens (ou un sens modifié) par rapport au thème dominant.

Par exemple, si nous avions une histoire dominante dans laquelle se trouve un-e bon-ne conducteur-trice, chaque fois qu’iel respecte les signaux, cela a un sens et cette signification renforce les conclusions de l’histoire. Le jour où iel aura une amende, comme cela n’est pas en accord avec l’histoire dominante, l’événement sera caché ou minimisé. Il ne s’adapte pas au sens global.

Quels sont les principaux objectifs de la thérapie narrative ?

La thérapie narrative a comme objectif principal, d’offrir à la personne, l’espace pour définir sa propre vie selon un mode narratif adapté (qui soit bon pour elle). Les objectifs secondaires seraient les suivants :

  • Incorporer de nouveaux éléments aux récits des personnes.
  • Permettre à la personne de construire un projet de futur meilleur.
  • Pouvoir partager ces nouveaux sens avec notre environnement, en facilitant ainsi une nouvelle dimension relationnelle.
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Individus, nous sommes des narrateurs de contes

Cela peut vous paraître étrange, mais tous les êtres humains sont des narrateurs de contes. Des contes que nous racontons aux autres, mais aussi des contes que nous nous racontons personnellement. De plus, dans de nombreux contes il existe souvent une grosse partie de vérité, et une autre partie inventée.

Nous naissons avec un besoin narratif. Ainsi, nous nous sociabilisons, participons à notre propre développement et établissons une mémoire autobiographique qui nous donne un sens. La narration personnelle est ce que nous racontons (et nous nous racontons) sur notre propre vie. Nous créons nous-mêmes notre monde, et pour cela, nous sommes responsables de la lecture que nous en faisons.


« Une auto-narration est une explication que présente l’individu sur la relation entre des événements personnellement significatifs au travers du temps ».

-Gergen-


Cela nous offre l’opportunité de marquer la première différence entre le problème et la personne. De cette différence naît une grande opportunité, celle qui va permettre à la personne d’évaluer ses propres ressources et d’analyser le problème d’une autre perspective. L’histoire de la personne sera représentée par des cadenas successifs dont nous déchiffrerons une interprétation correspondante. De là, il s’établira une voix narrative et un fil argumentatif sur lequel intervenir.

Egalement, dans le notre récit, nous décidons de ce que nous conservons et de ce que nous rejetons de notre histoire. Ainsi, notre histoire personnelle sera influencée par des facteurs socio-culturels, autant que par des facteurs plus individuels, comme le peut être notre génétique.

Le langage a plus d’importance qu’on ne l’imagine

Le langage est le moyen que nous utilisons pour nous créer ou (nous recréer) et nous présenter. Il est aussi utile pour nous conduire dans notre monde intérieur de pensées et de sentiments, et de là naît l’importance de l’analyse de ce langage. Si nous créons notre réalité à partir des explications que nous donnons quant à cette réalité, la narration définira ceux qui se nomment « effets de l’histoire dominante ».

Ces effets sont ceux qui dérivent, par exemple, du ton ou de la voix qu’a notre histoire globalement ou en général. Ainsi, si la nôtre est une histoire d’abandon et de perte (écrite et contée par nous-mêmes), l’effet de cette histoire dominante sera la mélancolie.


« Notre histoire personnelle est influencée par des facteurs socioculturels, ainsi que nos propres facteurs éducatifs et personnels ».

-Leila Nomen Martín-


Le processus thérapeutique de la thérapie narrative

La position du/de la thérapeute dans ce modèle passera de celle d’expert-e à celle d’accompagnant-e de la personne qui demande de l’aide, étant co-autrice du processus thérapeutique et non pas un-e client-e, ni un-e patient-e (White, 2004).

L’idée du processus thérapeutique utilisant des techniques narratives est classiquement de pouvoir trouver une histoire alternative, une déconstruction de l’histoire narrative dominante, en faveur d’une histoire rénovée et différente.

La réflexion se met en faveur de ce nouveau récit en cherchant ce que nous nommons les réussites isolées, qui nous donnent l’opportunité d’introduire une nouvelle information et/ou un nouvel événement. Pour autant, elles ne donnent pas l’opportunité de construire une nouvelle histoire et/ou une nouvelle identité.

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Cette technique est en même temps très simple et extrêmement compliquée. Elle est simple dans le sens où elle représente une séparation linguistique du problème d’identité personnel du/de la patient-e. La partie compliquée ou difficile est la manière délicate d’y arriver. C’est précisément par le biais d’un usage prudent du langage dans la conversation thérapeutique que la guérison de la personne commence et se termine.

L’innovation dans l’approche narrative est qu’elle fournit une séquence de questions qui produisent constamment un effet libérateur pour les personnes. Suivre cette séquence thérapeutique est comme construire une arche brique par brique. Si l’on souhaite arriver au bout sans avoir posé patiemment les premières briques, notre arche ne tiendra pas debout.

Description technique de la thérapie narrative

Il est véridique que notre vie soit comme elle est, mais nous pouvons tout le temps la repenser autrement. Dans le fond, chaque personne peut réécrire son histoire comme elle le souhaite (García Martínez, 2012). Il existe trois dimensions au sujet de la matrice narrative qui permettent une narration cohérente, complexe et multiple (Gonçalves, 2002) :

Structure narrative : construction du sens de nos propres expériences grâce à un processus de connexions par le biais des différents épisodes narratifs de nos vies. La structure est constituée de :

  • Un début, qui est le point de départ de notre histoire. Nous pouvons prendre l’exemple d’un-e patient-e qui vient en consultation pour la première fois et signale qu’iel ne sait pas par où commencer. Une des réponses du/de la thérapeute pourrait être « Par le début » ou « Par le moment qui soit pour vous le plus facile pour commencer à expliquer votre histoire » (ce moment sera le début).
  • Un développement de l’histoire. Il inclut les événements concrets, les réponses internes, les objectifs des protagonistes, les actions qui se transforment, la cause et l’effet, et enfin, le contexte.
  • Un final, qui se prend en compte lorsque le/la thérapeute obtient des résultats déterminés et/ou la fin du récit.

Processus narratif : il est en relation avec la façon d’expliquer nos vies, c’est-à-dire le ton que nous employons (par exemple, d’engagement dramatique).

Contenu narratif : il se réfère à la diversité et multiplicité de la production narrative, les thèmes ou trames que nous évoquons, en tombant parfois sur le « disque rayé » ou le refoulement de vieux thèmes non solutionnés.

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Exercices de technique narrative

Premiers pas pour changer notre dialogue interne :

Le dialogue interne est interrompu comme il commence, par la volonté. Vous êtes comme vous dites que vous êtes, mais vous pourriez changer si vous commenciez à parler différemment (Castaneda, 1994), à vous dire que vous êtes différent. Ci-dessous, une série d’exercices pour travailler sur le dialogue intérieur va vous être présentée, des exercices sur cette voix qui vous parle continuellement et traduit la réalité :

  • Connaissez votre dialogue interne : portez attention à la forme et au contenu de votre dialogue interne. Demandez-vous si ce dialogue est destructeur ou constructeur, agité ou serein. En définitif, négatif ou positif. Pour le changer, il faut tout d’abord connaître son contenu, et les pensées qui nous traversent le plus souvent l’esprit.
  • Formulez les questions correctes : analysez la situation qui se présente en changeant les questions que vous vous posez personnellement. Par exemple, au lieu de vous demander « Pourquoi cela m’est-il arrivé à moi ? », vous pouvez vous demander « Qu’est-ce que je peux apprendre de cette situation ? ».
  • Changer le cours des choses : nous pouvons changer la manière que nous avons de nous parler. Cela peut nous aider de commencer à nous parler comme une mère parle affectueusement à son enfant. Incorporez des mots doux et aimables à votre dialogue interne.

Outils personnels narratifs

Il existe de nombreuses ressources pour pouvoir explorer les aspects de notre narration, comme les métaphores, les contes ou les cartes thérapeutiques entre autres. Voyons quelques-unes de ces ressources :

Ressources pour se connaître soi-même

  • Histoires de vie : ce sont des récits destinés à donner un sens ou à justifier une certaine vision des événements.
  • Petit parcours sur soi-même : il s’agit d’imaginer et d’écrire une lettre à une personne avec qui nous n’avons pas communiqué depuis longtemps.
  • Dix ans après : on effectue une description d’une projection de soi-même dix années plus tard physiquement, intérieurement, dans le travail, les relations et les passions.
  • Préférences : penser et écrire nos préférences, pour nous réaffirmer et nous accorder le plaisir d’exprimer notre liberté par des choix qui nous sont propres.
  • Espaces : diviser un quadrillage en différents espaces dédiés à chaque personne importante dans votre vie, les lieux les plus importants, les événements les plus joyeux, les sensations les plus agréables, les rêves les plus beaux et les amours qui vous ont rendu mature ou vous ont fait grandir.
  • Je me rappelle de… : la personne doit terminer cette phrase sans trop penser à la réponse. La phrase incomplète peut être réutilisée sans limite dans la mesure où elle permet d’explorer et de travailler.
  • Aimer le mystère : il s’agit de chercher en notre intérieur ces questions qui restent sans réponse.
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Métaphores et contes

Une métaphore est une forme linguistique qui permet d’effectuer une comparaison implicites entre deux entités différentes, un appel au dramatique qui capture l’attention et fournit un cadre altéré à travers duquel le/la patient-e peut considérer une expérience nouvelle (Lankton y Lankton, 1983).

On évoque trois types de métaphores à utiliser dans le processus thérapeutique :

  • Celles qui font référence aux expériences personnelles du thérapeute.
  • Celles qui font référence à des vérités absolues.
  • Des histoires adaptées aux circonstances de la personne.

Les métaphores thérapeutiques peuvent s’utiliser pour formuler une opinion, suggérer des solutions, un accès et l’utilisation de ressources, de connaissances personnelles, semer des idées spécifiques…

D’autre part, les contes sont des expressions de vérités philosophiques essentielles, explications de la nature ou des récits sur les rêves. Les contes sont thérapeutiques car la personne a la possibilité de trouver sa propre solution à travers la réécriture de l’histoire et des conflits qui apparaissent en elle.

Le conte ne se réfère pas au monde extérieur, même s’il peut être très réaliste et comporter des traits quotidiens entremêlés en lui. La nature irréelle de ces contes est une ressource importante, elle rend évident le fait que l’intérêt des contes n’est pas l’information utile sur le monde externe, mais les processus internes qui ont lieu dans le corps de l’individu (Gordon, 1978).

En définitive, raconter aux étrangers nos histoires personnelles nous en libère et nous permet de les convertir en histoires passées. Cela nous permet de commencer à imaginer un futur à notre goût, en documentant ces contes pour qu’ils ne soient pas perdus et puissent servir d’inspiration aux autres. L’objectif ultime est que les personnes comprennent le pouvoir qu’a la manière de se raconter les histoires, qu’elles expriment ce qu’il se passe et comment leur manière de raconter influence désormais leur manière de se comporter.

Bibliographie :

White, M. (2002) “El enfoque narrativo en la experiencia de los terapeutas”. Gedisa.

Nomen Martín, L. (2016) “50 técnicas psicoterapéuticas”. Pirámide.


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  • Losada, A. V. y Faga, M. (2022). La terapia narrativa como intervención en jóvenes víctimas de abuso sexual infantil. Subjetividad y Procesos Cognitivos26(1), 22-52. https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=8594371
  • Malkomsen, A., Røssberg, J. I., Dammen, T., Wilberg, T., Løvgren, A., Ulberg, R. & Evensen, J. (2021). Digging down or scratching the surface: how patients use metaphors to describe their experiences of psychotherapy. BMC psychiatry21(1), 1-12. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8555134/
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  • White, M. (2002). El enfoque narrativo en la experiencia de los terapeutas. Gedisa.

 

 


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