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Savez-vous ce qu'est et comment se traite le trouble de la personnalité limite ?

9 minutes
Savez-vous ce qu'est et comment se traite le trouble de la personnalité limite ?
Dernière mise à jour : 24 août, 2017

Le Trouble de la Personnalité Limite (TPL) influe sur la manière de penser, de percevoir et de créer du lien. La personne qui présente ce trouble souffre de cela de manière permanente et inflexible. Cela provoque de la désadaptation et des comportements qui s’éloignent des normes sociales. La caractéristique essentielle du trouble de la personnalité limite est un modèle général d’instabilité concernant les relations avec les autres, l’image de soi et les affects.

Il s’agit donc, en résumé, d’une anomalie persistante du fonctionnement social et personnel, une manière particulière d’affronter les problèmes et les relations. En général, il débute à l’adolescence ou au début de l’âge adulte et quand le diagnostic tombe, la plupart des personnes ont entre 19 et 34 ans.

Principaux symptômes du trouble de la personnalité limite

Ne m’abandonne pas, s’il te plaît

Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite font des efforts frénétiques pour éviter un abandon réel ou imaginaire. La perception d’être abandonné-e ou rejeté-e peut donner lieu à de profonds changements dans l’image de soi, l’affection, la cognition et le comportement.

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Ces individus sont très sensibles aux circonstances environnementales. Ils ont une peur immense de l’abandon et une colère inappropriés. Même quand la séparation est réelle, mais de temps limité, ou quand des changements inévitables ont lieu dans leur programme. Par exemple, ils peuvent vivre cette peur ou cette colère quand quelqu’un d’important pour eux arrive avec quelques minutes de retard ou qu’ils doivent annuler un rendez-vous.

Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite peuvent croire que cet “abandon” implique qu’elles sont “mauvaises”. Les craintes d’abandon sont liées à une intolérance à la solitude et au besoin d’avoir d’autres personnes avec soi. Leurs efforts frénétiques pour éviter l’abandon peut aussi inclure des actes impulsifs comme l’auto-lésion ou des comportements suicidaires.

“Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite font des efforts frénétiques pour éviter un abandon réel ou imaginaire.”

Ni avec toi, ni sans toi

Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite ont un modèle de relations instables et intenses. Elles peuvent idéaliser les soigneur-se-s ou leurs amant-e-s potentiel-le-s dès le premier ou le second rendez-vous. Elles peuvent aussi exiger de passer beaucoup de temps ensemble et partager les détails les plus intimes d’une relation trop tôt.

Cependant, elles peuvent rapidement passer de l’idéalisation à la dévalorisation des personnes. Elles peuvent sentir que l’autre personne n’est pas tellement intéressée par elle, qu’elle ne donne pas suffisamment en termes de temps par exemple. Ces personnes peuvent comprendre les autres et en prendre soin, mais uniquement dans l’attente qu’iels “soient là” pour couvrir leurs propres besoins quand on leur demande. Ces individus sont exposés aux changements soudains et dramatiques dans leur vision des autres. Les autres peuvent être leur meilleur soutien et tout d’un coup devenir les punisseur-se-s des plus cruel-le-s.

Ces changements reflètent souvent la désillusion vis à vis d’un proche dont les qualités d’éducation ont été idéalisées ou dont le rejet ou l’abandon sont attendus.

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Aujourd’hui oui, aujourd’hui non

Il peut y avoir une altération de l’identité, caractérisée par une image de soi instable, de manière prononcée et persistante. Ces personnes changent de manière soudaine et dramatique leur image d’elles-mêmes, leurs objectifs, leurs valeurs et leurs aspirations professionnelles.

De même, il peut y avoir des modifications soudaines et des projets vis à vis de la profession, de l’identité sexuelle, des valeurs et des ami-e-s. Ces individus peuvent changer soudainement : ils peuvent endosser le rôle d’une personne dans le besoin qui demande de l’aide et ensuite devenir une personne vengeresse qui se dédommage pour toutes les souffrances subies.

En général, les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite ont une mauvaise image d’elles-mêmes ou une image abîmée. Parfois, elles ont la sensation qu’elles n’existent pas dans l’absolu. Cela arrive quand elle sentent le manque d’une relation significative, de soin et de soutien.

De plus, ces personnes obtiennent souvent un pire rendement dans les situations non structurées, dans le travail ou à l’école.

“Les personnes atteintes de TPL changent de manière soudaine et dramatique leur image d’elles-mêmes, leurs objectifs, leurs valeurs et leurs aspirations professionnelles.”

Impulsivité et risque de suicide

Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite exhibent de l’impulsivité dans au moins deux aspects qui sont potentiellement nocifs pour elles-mêmes. Elles peuvent jouer de manière compulsive et pathologique, dépenser de l’argent de manière irresponsable, avoir des troubles alimentaires, consommer des substances addictives, avoir des relations sexuelles sans protection ou conduire de manière trop dangereuse. De plus, elles ont des comportements, des gestes ou des menaces suicidaires récurrents, en plus des comportements nocifs envers elles-même.

Le suicide a lieu chez 10% de ces individus. Les actes d’auto-lésions sont aussi fréquents (coupures, brûlures… ) ainsi que les menaces et les tentatives de suicide. La tendance suicidaire est souvent la raison pour laquelle ces personnes quelqu’un de leur entourage demandent de l’aide.

Beaucoup des comportements nuisibles envers soi sont des réactions face à la menace perçue de séparation ou de rejet. Pendant ces expériences, peuvent apparaître l’auto-mutilation, qui implique souvent de soulagement car cela réaffirme la capacité à sentir ou à expier le sentiment de culpabilité d’être une personne mauvaise ou méprisable.

Un moral extrêmement changeant

Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite démontrent une instabilité affective qui est due au fait qu’elles ont une émotionnalité très réactive. Par exemple, elles souffrent d’épisodes d’irritabilité ou d’anxiété qui durent quelques heures et pas plus de quelques jours. Ces épisodes peuvent refléter la réactivité extrême de l’individu face aux sources de stress relationnelles.

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Des sentiments chroniques de vide et de colère

Ces personnes se plaignent également de sentiments chroniques de vide et s’ennuient facilement, cherchant quelque chose à faire en permanence. De plus, elles expriment de manière inappropriée et intensément la colère, et ont beaucoup de mal à la contrôler.

Elles ont tendance à se manifester de manière très sarcastique, avec des ressentiments durables et des explosions verbales. La colère qu’elles ressentent est souvent provoquée quand elles perçoivent qu’un-e soignant-e ou qu’un-e amant-e est négligent-e, distant-e, indifférent- ou qu’iel a l’intention de les abandonner.

Au bord de la “folie”

Pendant les périodes de stress extrême, peuvent apparaître l’idéation paranoïde transitoire ou des symptômes dissociatifs (par exemple, la dépersonnalisation). Ces épisodes adviennent plus souvent comme une réponse à un abandon réel ou imaginaire.

Les symptômes ont tendance à être transitoires et durent quelques minutes ou heures. Le retour réel des soignant-e-s peut faire reculer les symptômes.

Quelle est la cause du trouble de la personnalité limite ?

Tout comme dans d’autres troubles, il n’y a pas encore d’identification claire des causes qui rendent possible le développement de ce trouble. Il existe plusieurs facteurs de risque qui peuvent prédisposer une personne. Ces facteurs peuvent être biologiques, psycho-sociaux et génétiques.

Ce que l’on sait, c’est que concernant le pouvoir de la génétique, le trouble de la personnalité limite est approximativement 5 fois plus fréquent chez les membres d’une même famille, au premier degré. Il y a aussi un plus grand risque familial dans les cas de consommation de substances, de trouble anti-social de la personnalité et de troubles dépressifs ou bipolaires.

“Les facteurs de risque peuvent être biologiques, psycho-sociaux et génétiques.

Quel est le traitement du trouble de la personnalité limite ?

Le traitement de ce trouble continue à être un sujet difficile pour les professionnels à cause de sa complexité et ses modes de manifestations. L’instabilité des personnes qui présentent ce trouble rend difficile l’adhésion au traitement et son abandon est fréquent.

L’approche thérapeutique que l’on propose aujourd’hui répond aux règles suivantes :

  • Le traitement avec des psychotropes
  • La psychothérapie
  • L’intervention médicale à l’hôpital lors des crises
  • Le traitement à partir du réseau de soutien : famille et professionnel-le-s
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Les psychotropes

La pharmacothérapie doit être vue comme une intervention complémentaire au traitement du TPL. Il ne faut jamais la considérer comme un remplaçant au travail réalisé entre la personne et son groupe social de soutien.

Selon la symptômatologie, on prescrira les médicaments les plus opportuns. En général, ils ont pour objectif de pallier les symptômes qui entraînent une instabilité émotionnelle et affective, une impulsivité, le déséquilibre comportemental et les difficultés cognitives.

La psychothérapie

Les interventions psychothérapeutiques associent différentes modalités individuelles et de groupe. Les unités spécifiques qui existent aujourd’hui sont caractérisées par le fait de développer des programmes très structurés, multi-disciplinaires et d’inclusion.

Les techniques cognitivo-comportementales, l’entraînement des capacités sociales et la psycho-éducation ont démontré leur efficacité. Une thérapie qui donne d’excellents résultats est la Thérapie Dialectique Comportementale, de Marsha Lineham.

Les résultats que l’on souhaite obtenir avec cette thérapie sont les suivants :

  • Augmenter le niveau de compétences adaptatives et de capacités fonctionnelles (soin de soi, recherche d’emploi, accès à la communauté, gestion du foyer, établissement d’amitiés…)
  • Réduire l’impulsivité
  • Augmenter la sensation de présence consciente dans le moment présent
  • D’une façon générale, augmenter le bien-être physique et psychologique

“La thérapie dialectique comportementale démontre son efficacité dans le TPL.”

L’intervention médicale à l’hôpital lors des crises

Les admissions ont lieu dans les unités de soins intensifs et répondent à des tentatives autolytiques, d’auto-lésions, d’épisodes psychotiques et dépressifs, de détérioration psycho-sociale et de débordement familial. Ce sont sont des admissions brèves destinées à contrôler les symptômes aigus ou les situations de crise (il faut compenser la personne dans la mesure du possible). Une fois que l’épisode de crise est contrôlé, la personne revient chez elle avec une supervision médicale et un traitement pharmacologique.

Comme nous l’avons vu, le TPL est trouble complexe, mal compris et au traitement compliqué. Cependant, la souffrance de ces patient-e-s et des personnes de leur entourage est telle qu’il est indispensable d’effectuer des recherches et de mettre en place des traitements efficaces.

Bibliographie :

Mosquera, D. (2004). Diamantes en bruto (I), un acercamiento al trastorno límite de la personalidad: manual informativo para profesionales, pacientes y familiares. Pléyades. (“Diamants bruts (I), un zoom sur trouble de la personnalité limite : manuel d’informations pour professionnels, patients et proches”).

Foret, M.  (2000). Mi hijo, personalidad borderline. Ediciones STJ. (“Mon fils, personnalité borderline”)

American Psychiatric Association (2014). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

Lisez aussi : Connaissez-vous le trouble de la personnalité schizoïde ?

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