Logo image
Logo image

Relation entre classe sociale et déshumanisation

4 minutes
Comment la déshumanisation se produit-elle selon les classes sociales ?
Relation entre classe sociale et déshumanisation
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2023

Déshumaniser signifie nier les traits humains d’autres personnes. En d’autres termes, cela consiste à ne pas considérer quelqu’un comme une personne. Généralement, la déshumanisation se produit envers des membres d’un groupe. Nous considérons comme moins humaines certaines personnes parce qu’elles appartiennent à un ensemble.

Même s’il existe plusieurs différences qui peuvent donner lieu à des groupes distincts, l’une des plus importantes est celle de la classe socialeIl s’agit d’une forme de stratification sociale au sein de laquelle un groupe d’individus partagent une caractéristique commune qui les relie sur le plan social ou économique. Ainsi, nous pouvons, dans les grandes lignes, différencier deux classes sociales: les riches et les pauvres. Par conséquent, les personnes, indépendamment de leur classe, pourraient en arriver à déshumaniser ces groupes.

Some figure

Comment déshumanisons-nous ?

Déshumaniser consiste à croire que quelqu’un est moins humain. Il existe cependant différentes formes de déshumanisation. Plus concrètement, nous en retrouvons deux: l’animalisation et la mécanisation. Selon le modèle duel d’Haslam (2006), il y a deux formes d’animalisation. Celles-ci surgiraient quand nous nions des traits qui sont typiques des êtres humains. En fonction des traits que nous nions, nous animalisons ou mécanisons.

“La déshumanisation, même s’il s’agit d’un fait historique concret, n’est pas un destin imposé mais le résultat d’un ordre injuste qui engendre de la violence chez les oppresseurs. Cette violence finit par déshumaniser les opprimés.”

-Paulo Freire-

Ainsi, d’un côté, animaliser consiste à nier les traits qui sont exclusivement humains. Ces traits sont ceux qui nous distinguent des animaux. Par exemple, l’aptitude cognitive, le raffinement, le fait d’être civilisés…

De l’autre côté, mécaniser consiste à nier les traits qui sont propres à la nature humaine mais pas nécessairement uniques si l’on pense à d’autres animaux. C’est par exemple le cas de l’émotivité ou de la chaleur humaine. Ainsi, les groupes qui subissent cette négation de traits humains sont comparés à des animaux et ceux auxquels on ôte toute nature humaine sont comparés à des objets inanimés, comme des robots ou des automates.

Fonctions de la déshumanisation

À quoi sert la déshumanisation ? Il faut savoir qu’elle présente trois fonctions principales. Dans un premier temps, déshumaniser un autre groupe sert à justifier la violenceLorsque nous considérons que les membres d’un groupe sont moins humains, nous pensons plus facilement que nous avons des droits sur eux. Nous justifierons donc l’usage de la violence lorsqu’ils ne se comporteront pas comme nous l’espérons.

Dans un second temps, la déshumanisation légitime le “status quo”. Certains groupes ont un statut plus grand que d’autres. Par conséquent, si un autre groupe est déshumanisé et donc moins humain, il aura un statut plus faible. Notre groupe sera ainsi supérieur au groupe déshumanisé.

“Il était si épouvantable qu’il cessait de l’être : il n’était plus que déshumanisé.”

-F. Scott Fitzgerald-

Dans un troisième temps, déshumaniser désinhibe la morale. Nous avons tous des valeurs morales qui dictent notre comportement, comme par exemple considérer que “tuer est mal”. Cependant, ces valeurs s’appliquent aux humains. Ainsi, si nous ne considérons pas une personne comme humaine, il sera plus facile d’utiliser la violence contre elle, même si nos valeurs nous l’interdisent. Pensez à la manière dont les nazis considéraient les Juifs.

Some figure

 

Déshumaniser selon la classe sociale

Le classisme est compris comme un ensemble d’attitudes, de croyances et de comportements dirigés vers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une classe sociale ou un statut socio-économique déterminé. Il peut concerner des classes sociales avantagées ou désavantagées. En d’autres termes, le classisme est l’ensemble des attitudes dont nous faisons preuve envers les riches et les pauvres. L’une de ses conséquences serait la déshumanisation, c’est-à-dire considérer les riches et/ou pauvres comme moins humains.

Les pauvres sont animalisés. On a tendance à les considérer comme moins humains et plus animaux. Les traits typiques qui leur sont niés sont le civisme, la capacité à rationaliser, le raffinement. On les voit comme des animaux qui sont incapables de sortir de leur situation.

Les riches ne sont pas animalisés. Contrairement aux pauvres, on les mécanise. On ne pense généralement pas que les riches ne sont pas civiques ou raffinés. Cependant, il est possible de croire que l’on peut leur nier toute émotivité ou chaleur humaine. Les riches sont donc considérés comme froids, sans sentiments, sans empathieEn d’autres termes, comme des machines.

Pour résumer, les riches seraient vus comme des machines et les pauvres comme des animaux. Les groupes de la classe moyenne, eux, conserveraient leur statut. Quelles en sont les conséquences ? Les pauvres seront traités avec mépris, comme des animaux, ce qui donnera lieu à des comportements méprisants vis-à-vis de cet ensemble. Les riches, eux, seront traités avec distance, peur et respect car on les considère comme capables de tout pour atteindre leurs objectifs.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Sainz Martínez, M. (2018). Consecuencias de la animalización de los pobres y la mecanización de los ricos en el mantenimiento de las diferencias socioeconómicas (tesis doctoral). Universidad de Granada. Recuperada de http://digibug.ugr.es/bitstream/handle/10481/52432/29111924.pdf?sequence=4&isAllowed=y
  • Sainz, M., Martínez, R., Moya, M., & Rodríguez-Bailón, R. (2018). Animalizing the disadvantaged, mechanizing the wealthy: The convergence of socioeconomic status and humanity attributions. International Journal of Psychology. doi:10.1002/ijop.12485

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.