Qu'est-ce que l'association libre ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
L’association libre est un outil de psychanalyse qui a été façonné par Sigmund Freud. Elle consiste à inviter le patient à exprimer tout ce qui lui vient à l’esprit pendant la séance, en essayant qu’interviennent un minimum de filtres ou de jugements possibles entre ce que nous pensons et ce que nous finissons par partager avec le thérapeute.
L’association libre dispose de ses fondements théoriques – comme toute technique -, une forme d’application et des objectifs. Bien qu’il s’agisse d’une règle fondamentale de la psychanalyse, elle est utilisée comme technique pour l’application de certains tests projectifs, tels que le test de Rorschach et le test de perception thématique (TAT).
Histoire de l’association libre
Sigmund Freud développa ce concept entre 1892 et 1898. Il remplaça peu à peu la méthode de l’hypnose et de la catharsis, méthode qu’il utilisait au départ, par celle de l’association libre. Cette évolution a été motivée par un objectif très précis : éviter la suggestion du patient.
Après une intervention auprès de l’une de ses patientes, Mme Emmy Von N. en 1892, Freud commença à pré-configurer la méthode de l’association libre. Cette patiente demanda expressément à Freud d’arrêter d’intervenir dans le cours de ses pensées et de la laisser parler librement.
Plus tard, dans son ouvrage La méthode psychanalytique paru en 1904, Freud explique les raisons pour lesquelles il conviendrait d’abandonner l’hypnose. A partir du travail qu’il réalisa avec Breuer, Freud se rendit compte que l’hypnose ne produisait que des résultats partiels et transitoires.
Ainsi, grâce au fait que la méthode de l’association libre supprime la résistance du patient, l’accès au matériel inconscient (souvenirs, affections, représentations) est beaucoup plus simple. Par ailleurs, les effets obtenus avec l’association libre étaient permanents, avec l’avantage qu’avec cette technique le patient n’était pas sous les effets de l’hypnose*. C’est ainsi que la méthode cathartique et hypnotique a été définitivement remplacée par l’association libre, en faisant une règle fondamentale et un moyen privilégié pour accéder et enquêter sur l’inconscient.
Les fondements théoriques de l’association libre
Lorsque une personne parle, elle réalise une sélection de mots qu’elle souhaite utiliser pour donner un sens congruent au message qu’elle a l’intention de partager. Malgré ce processus de sélection, plus ou moins rapide, il existe souvent des échecs de langage, tels que les lapsus linguae, l’oubli, les répétitions, etc. Ces “échecs”, dans les conversations hors du contexte thérapeutique ne sont généralement pas analysés ; cependant, dans un contexte analytique, ils sont très importants.
“L’inconscient est structuré comme un langage.”
-Jaques Lacan-
Précisément, ces “échecs” sont considérés dans le contexte analytique comme une manifestation de l’inconscient, comme si le contenu transperçait en quelque sorte la barrière défensive de la personne. Quelque chose de similaire se produirait avec l’association libre. Le patient, du fait d’être libéré par le thérapeute de ses propres contrôles et de ne pas être soumis à une quelconque discipline visant à donner un sens logique à ses idées, se retrouve à l’endroit idéal pour se laisser guider par tout ce qui mène à ce “précipice” où l’inconscient acquiert force, s’associe et parle. La barrière défensive, les résistances sont estampillés et il est alors possible d’accéder à l’inconscient.
“La voix de l’inconscient est subtile, mais elle ne se repose pas avant d’être entendue.”
-Sigmund Freud-
Pour Freud, exposer les résistances et les analyser ensuite est absolument essentiel pour permettre la guérison ; laquelle est seulement obtenue par l’association libre. Dès lors, l’association libre, l’interprétation des rêves et l’analyse des actes ratés deviennent les trois techniques essentielles de la clinique analytique. L’association libre étant primordiale, à tel point que Freud la considère précisément comme la technique qui sépare le plus l’approche psychanalytique des autres formes d’approche thérapeutique.
Comment l’association libre est-elle mise en oeuvre ?
L’association libre peut surgir spontanément ou être induite par un rêve, un fantasme ou toute autre pensée. Cependant, pour qu’elle soit mise en oeuvre et se produise réellement une association libre, il est nécessaire le transfert (confiance) avec l’analyste ait été consolidée et qu’il ait été compris que le discours analytique se situe dans un cadre différent de ce que peut représenter une conversation habituelle en dehors de la consultation ; que rien de ce qui est dit en session ne sera jugé, que rien n’est juste ou faux ; donc, que tout ce qui se dit est valide.
Au moment où le patient est emporté par ses pensées et parvient à les exprimer ouvertement à son analyste, il permet à des représentations inconscientes de faire surface afin d’être analysées, interprétées et travaillées. En obtenant l’accès au matériel inconscient, nous pouvons le ré-élaborer consciemment : l’objectif de cette élaboration est que ces pensées cessent d’être une source de mal-être ou de conflit.
“Tout être humain possède des désirs qu’il ne souhaite pas communiquer aux autres, et des désirs qu’il ne veut pas se confesser à lui-même.”
-Sigmund Freud-
Bien évidemment, l’association libre émergera plus facilement si le patient se sent à l’aise dans l’espace analytique et avec son analyste, étant par ailleurs le moins stimulé possible par son environnement. A cet effet, le divan est classiquement utilisé, où le patient se couche et l’analyste reste hors de son champ visuel, empêchant ainsi le patient de se sentir observé, jugé ou évalué et lui permettant de pouvoir se concentrer pleinement sur ses associations.
L’énoncé qui sera réalisé par l’analyste auprès du patient sera très simple, par exemple : “dites n’importe quoi” ou “racontez tout ce qui vous apparaît comme une image ou tout souvenir qui vous revient”. De là, le patient dispose de la liberté absolue d’exprimer tout ce qui lui passe par la tête sans avoir à se soucier de faire un discours élaboré ou de plaire à son analyste. En fin de compte, la pratique d’une bonne association libre permettra une analyse fructueuse et finalement une amélioration subjective de l’état du patient.
* Avec l’hypnose il était possible d’atteindre le matériel inconscient. Le problème était que la plupart du temps, le patient ne se rappelait pas de ce qu’il avait dit lorsqu’il sortait de l’état hypnotique, de sorte que ses résistances réapparaissaient. Nous nous retrouvions dans une situation où s’affrontaient alors la parole de l’analyste et celle du patient, bloquant ainsi la relation.
En revanche, puisque l’association libre est réalisée dans un état de pleine conscience, le patient n’a d’autre choix que d’assumer ce qu’il dit et que l’analyste lui indique. Ainsi, si l’hypnose permettait d’avoir accès au matériel inconscient, la sortie de cet état permettait aux résistances de reprendre leurs forces, permettant au patient de pouvoir douter ou rejeter ce qu’il avait pu dire dans l’état hypnotique. Gênant ainsi le travail analytique et mettant en péril le transfert.
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