Qu'en est-il d'avoir des relations avec les personnes peu sûres d'elles ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Avoir des relations avec des personnes peu sûres d’elles peut laisser un souvenir amer et même douloureux. Nous parlons ici de personnes qui vivent constamment dans le doute.
Elles ont généralement une faible estime d’elles-mêmes. Elles ne croient pas à un “je t’aime”. En effet, ces mots ne comptent pas parce que ce dont elles ont besoin, ce sont des preuves d’amour et, surtout, des sacrifices.
Lorsque la peur règne sur notre univers personnel, tout part à la dérive. Nous ne le remarquons peut-être pas aujourd’hui, nous ne le percevrons peut-être pas demain, mais l’insécurité est à l’origine de nombreux désastres émotionnels.
Il s’agit de personnes qui se cachent derrière leurs ombres, leurs doutes et leur méfiance. Elles regardent généralement le monde de loin. Elles ne s’exposent pas et ne prennent pas de risques. Cependant, elles attendent des autres qu’ils s’adaptent d’une manière ou d’une autre à leurs perspectives et à leurs besoins dans la vie.
D’autre part, nous savons que chacun d’entre nous éprouve également certaines formes d’insécurités. C’est tout à fait normal. Nous avons tous des angles à arrondir et des pièces à assembler pour nous sentir mieux dans notre peau. Cependant, lorsqu’il s’agit de relations affectives, le manque d’assurance peut être extrêmement dangereux.
Sentir, penser et agir à travers le prisme de la peur, le manque de certitude et une estime de soi trop faible peuvent nous amener à créer des liens vraiment néfastes. Cela peut même nous amener à connaître certains troubles psychologiques en fonction des caractéristiques personnelles de chacun.
“Celui qui a peur a du malheur”.
-Proverbe kurde-
Les relations affectives impliquant des personnes peu sûres d’elles : origine et caractéristiques
L’écrivain Israélien Jonathan Safran Foer affirme dans son roman Extrêmement fort et incroyablement près que “j’ai tellement peur de perdre ceux que j’aime que je refuse d’aimer qui que ce soit”. Cette déclaration peut sembler tout à fait exacte.
Il est toujours préférable de ne pas aimer que de vivre avec la crainte de la peur. Cependant, le mieux reste encore de ne pas s’opposer à ses sentiments, de ne pas se priver de l’amour et de travailler sur sa peur.
Comment se caractérise une relations sentimentale avec une personne peu sûre d’elle-même ? Bien sûr, il y a toujours des différences d’un individu à l’autre. Au delà de ces nuances, on peut quand même observer certains points communs.
Vois en moi ce que je ne vois pas
Les personnes qui ne sont pas sûres d’elles-mêmes ne cherchent pas seulement que leur partenaire soit leur miroir. Elles ont besoin d’autre chose. Quelque chose de plus machiavélique, complexe et pénible.
L’être aimé a ainsi le devoir d’être celui qui magnifie et renforce les vertus de la personne en situation d’insécurité. Il devient son soutien émotionnel. Il doit pouvoir lui fournir quotidiennement un renforcement positif. Que ce soit avec des images, des mots et des gestes qui peuvent valoriser la personne qui en a besoin.
Une telle demande peut être assouvie dans les premiers mois de la relation, peut-être même pendant quelques années. Cependant, à la longue, une telle exigence devient épuisante. D’autant plus que le partenaire qui s’efforce de mettre en lumière et d’éclairer les zones d’ombres de l’autre, est finalement voué à l’indifférence. Il finit par s’épuiser émotionnellement.
Les personnes qui sont peu sûres d’elles tendent à se victimiser et leur insécurité devient un véritable tyran
Les relations sentimentales qui impliquent des personnes peu sûres d’elles comportent également deux réalités. La personne en situation d’insécurité utilise généralement deux tactiques afin de contrôler son partenaire.
- La première est de se victimiser. Ceci permet de faire comprendre à son partenaire que ce dernier n’en fait jamais assez. Le partenaire va alors finir par croire qu’il est égoïste. Le moindre fait, le moindre mot, la moindre nuance permet de faire porter à l’autre la responsabilité de son malheur et de son malaise.
- D’autre part, ceux qui souffrent d’un net sentiment d’infériorité ont recours à une stratégie très classique. Il s’agit de la recherche de la supériorité. Alfred Adler a étudié ce phénomène en son temps. Comme ce célèbre psychologue social l’a mis en évidence, la personne souffre d’une division nette entre le moi réel (qui est un être faible) et le moi idéal (qui est supérieur).
- Pour cette raison, il n’hésitera pas à essayer de se donner plus d’importance. Afin d’atteindre cet objectif, rien de plus pratique que d’abaisser son partenaire. Il suffit alors de le soumettre, de le sous-estimer ou de mépriser ses réussites et ses qualités pour que la personne en question gagne en pouvoir et en autorité.
L’origine de l’insécurité émotionnelle dans les relations
Des études telles que celle menée par Jeffry A Simpson, de l’université du Minesotta, aux États-Unis, indiquent que l’origine de l’insécurité émotionnelle se trouve dans le style d’attachement que nous avons reçu dans notre enfance. Il s’agit d’une théorie classique. Cette attitude viendrait d’une éducation basée sur le rejet, la négligence et la privation des besoins fondamentaux et émotionnels.
Ce type d’attachement finit par être infecté par la peur. C’est ainsi qu’à l’âge adulte apparaît ce sentiment d’insécurité. Ce besoin constant de ressentir de la reconnaissance car les personnes peu sûres d’elles en ont cruellement manqué dans leur enfance.
Que faire lorsque l’insécurité est présente dans une relation amoureuse ?
Les relations sentimentales avec des personnes peu sûres d’elles ne sont pas faciles. Peut-être êtes-vous en train de traverser ce type de situation en ce moment. Peut-être êtes-vous vous même cette personne peu sûre d’elle, accablée par la peur, le doute constant et cette sensation permanente d’être abandonnée.
Daniel J. Siegel, docteur à l’Université d’Harvard, affirme qu’avoir une relation c’est un peu comme préparer une salade de fruits. Il ne faut cependant pas en faire un smoothie. C’est-à-dire que nous ne devons jamais renoncer aux composantes essentielles qui nous caractérisent et nous “dissoudre” complètement dans l’autre personne. Nous ne devons pas le faire et nous ne devons pas non plus l’exiger de la personne aimée.
Il faut plutôt remédier à la mauvaise estime de soi et à l’insécurité. Les idées irrationnelles, la méfiance et les carences qui empêchent notre épanouissement, notre force psychologique et notre solvabilité émotionnelle doivent être combattues. Cela peut être mis en oeuvre grâce à une thérapie psychologique.
En amour, nous ne devons pas exiger de sacrifices. Nous devons travailler sur des engagements. Et pour ce faire, nous devons être courageux, mûrs et déterminés. Réfléchissons, l’amour est quelque chose qui en vaut toujours la peine. Enfin, comme l’a dit Borges, le pire des péchés est de quitter ce monde sans avoir été vraiment heureux à un moment donné.
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