Logo image
Logo image

Quand parle-t-on de co-addiction ?

6 minutes
La co-addiction est un phénomène que chacun peut connaître un jour ou l'autre lorsqu'il entretient une relation avec une personne qui souffre d'une dépendance. Si vous voulez en savoir plus, il vous suffit de lire ce qui suit.
Quand parle-t-on de co-addiction ?
María Paula Rojas

Rédigé et vérifié par Psychologue María Paula Rojas

Dernière mise à jour : 09 novembre, 2022

La co-addiction est un comportement très complexe qui affecte à la fois la personne qui vit avec une addiction mais aussi son entourage le plus proche. Elle peut alors avoir des conséquences importantes dans le bon déroulement de la vie quotidienne de chacun, faisant perdre à la personne ses propres moyens pour faire face aux difficultés quotidiennes.

Il est donc important de savoir ce qu’est la co-addiction et comment elle peut nous affecter. Non seulement pour soi, mais aussi pour la déceler dans notre entourage.

Some figure

Qu’est-ce que la co-addition ?

La co-addiction se définie comme une relation de dépendance dans laquelle au moins un des membres de la relation est sujet à une addiction à quelconque substance. Par conséquent, l’addiction provoque une modification du comportement des proches de l’addict. Cela provoque alors un nouveau mode de fonctionnement au sein de la relation.

Des recherches ont démontré que ce sont les femmes qui sont les plus susceptibles de souffrir de co-addiction. En particulier les mères et les épouses. Cela peut en effet s’expliquer par l’évolution culturelle de notre société au cours des dernières décennies. En effet, les femmes assument souvent le rôle d’aidantes. Dans leur efforts pour répondre aux besoins de leurs proches, elles finissent parfois par s’oublier elles-mêmes.

Ce sont les familles des personnes qui fréquentent les associations d’Alcooliques Anonymes qui ont inventé ce terme de co-addiction. Les thérapies de ce type suscitent en effet des réactions physiques, émotionnelles et psychologiques très fortes au sein de ces noyaux familiaux.

Les personnes sujettes aux dépendances sont souvent dans l’incapacité d’exprimer leurs émotions. Il leur est également très difficile de résoudre leurs conflits personnels et interpersonnels. Les efforts sont surtout déployés afin de contrôler leurs comportements de dépendance. Tout tourne alors autour de cette problématique. Ainsi, une dynamique se crée dans laquelle l’addict, du fait de ses comportements et ses manipulations, finit par contrôler la vie du ou des co-addicts.

Les types de co-addition ?

On considère qu’il existe deux types de co-addictions. Chacun possède ses propres caractéristiques et ses propres implications.

La codépendance

Dans le cas de la codépendance, une personne entretient un lien malsain de dépendance ou d’interdépendance avec un individu souffrant d’une addiction. Il est important de souligner que, dans ce type de co-addiction, la personne codépendante n’est pas elle-même addicte à un quelconque type de substance.

Cette situation résulte du stress lié au fait de vivre avec une personne addicte et de faire face aux difficultés qu’elle rencontre. De plus, ce phénomène est graduel. C’est-à-dire que la codépendance augmente et s’intensifie avec le temps. Les principales caractéristiques de la codépendance sont les suivantes :

  • Consacrer énormément de temps à essayer de trouver des solutions pour soi et pour l’autre personne. En particulier, en cas de difficultés
  • Donner la priorité à la personne addicte, au point d’en ignorer ses propres nécessités
  • Avoir des difficultés à gérer la séparation et l’anxiété
  • Ignorer sa vie privée et ses propres besoins
  • Avoir une tendance à s’engager dans des relations avec des personnes impulsives, toxicomanes et présentant des troubles de la personnalité

La bio-dépendance

Le deuxième type de co-addiction se nomme la bio-dépendance. Ce concept peut se définir comme une dépendance à la dépendance. Il s’agit d’une dépendance relationnelle développée par un individu addict.

Dans ce cas, il existe un ensemble d’attitudes, de troubles et de comportements qui, au delà d’une dépendance spécifique, créent une autre dépendance à l’égard de personnes ou de situations. Cette seconde dépendance est d’ordre sociopathique. Elle conditionne de manière importante les activités quotidiennes des deux personnes liées par la relation de co-addiction.

La personne bio-dépendante adopte généralement une attitude passive. De plus, elle a tendance à perdre son autonomie de manière délibérée.

Par conséquent, elle ne prend plus aucune décision et devient peu à peu une personne en situation de handicap. La relation qu’elle entretient alors avec la personne dont elle dépend est semblable à celle qu’elle entretient avec la substance à laquelle elle est addicte.

Cependant, il est intéressant de noter que cette perte d’autonomie disparaît lorsqu’il est question de son addiction même. En effet, la personne addicte est capable de mettre en oeuvre des actions pour chercher et trouver la substance à laquelle elle est dépendante. Parmi les caractéristiques cliniques des personnes bio-dépendantes, on peut notamment citer :

  • Le manque de reconnaissance du problème
  • Un manque d’intérêt notable dans les prises de décision et une diminution de l’autonomie
  • La recherche de sensations avec le conjoint qui soient similaires à celles rencontrées avec la substance addictive
  • La recherche obsessionnelle du conjoint. Soulignons que ce conjoint est celui qui suscite la bio-dépendance

Pourquoi en arrive-t-on à une situation de co-addiction ?

Tout d’abord, rappelons que la co-addiction apparaît lorsqu’un des membres de la famille est dépendant à une substance addictive. Il est alors fréquent que les personnes atteintes de cette addiction finissent par adopter des comportements qui renforcent leur propre addiction.

Evidemment, cette logique perverse implique un ensemble de dynamiques relationnelles qui ne sont pas saines. Ainsi, lorsque la personne co-addicte est confrontée à des difficultés dues à l’addiction, elle risque de se sentir responsable. Bien qu’elle ne le soit évidemment pas.

En d’autres termes, elle va commencer à faire des tâches et à assumer des rôles qui incombent en réalité à la personne addicte. Cela conforte la personne en situation de dépendance à toujours plus se reposer sur son conjoint.

Le résultat est que la personne commence alors à souffrir d’anxiété et de stress. De la même manière, elle risque de ressentir de la honte. Et ce, en raison de l’attitude de son conjoint addict mais aussi en raison de son propre comportement.

De plus, la peur de ne pas savoir si l’on fait bien les choses ou l’impuissance de ne pas pouvoir les faire se mêlent à ces sentiments. Enfin, il est commun de développer un sentiment de culpabilité parce que la personne craint d’encourager l’addiction par sa propre attitude.

Some figure

Un dernier mot sur la co-addiction

L’addiction n’affecte pas seulement la personne victime de la dépendance. Les conséquences perverses de l’addiction vont en effet bien au-delà. D’autre part, tout semble nous indiquer que plus la dépendance est forte, plus les chances de voir apparaître une co-addiction dans l’environnement immédiat du dépendant sont élevées.

Lorsqu’on en arrive à de telles limites, les conséquences peuvent alors être beaucoup plus graves. Cela peut même aller jusqu’à devenir un des aspects qui participent à la dépendance. Dans ces cas, la meilleure chose à faire est encore de chercher l’aide d’un spécialiste sous forme d’un soutien psychologique. Les professionnels sont en effet toujours là pour vous conseiller et vous orienter.

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Schonian, S. A. (2017). Development and Preliminary Validation of the Co-Addiction Scale [Thesis]. https://ttu-ir.tdl.org/handle/2346/73535
  • Sirvent, C., Moral, M., Blanco, P., & Suarez, G. (2014). Las coadicciones (estudio descriptivo y psicopatología diferencial). 1-13.
  • Vacca, R. (2003). LA CO-ADICCION Aspectos Culturales y Clínicos para su Aprendizaje. Revista Peruana de Drogodependencias, 1(1), 231-253.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.