Le syndrome du soignant : les dommages collatéraux de l'aide apportée aux autres

Le syndrome du soignant : les dommages collatéraux de l'aide apportée aux autres
Sara Clemente

Rédigé et vérifié par Psychologue et journaliste Sara Clemente.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Comment serait-ce d’avoir un travail qui nous occupe 24/24h ? Pas si éloigné que cela de la réalité. C’est le cas d’un grand nombre d’adultes qui sont obligés d’occuper le rôle de soignants d’autres personnes qui se trouvent en situation de dépendance. Mais attention car ce nouveau rôle peut parfois déboucher sur ce que l’on connaît sous le nom de “syndrome du soignant”.

L’attention constante que doit prêter la personne saine à la personne dépendante peut lui provoquer des épisodes de stress de différentes intensités. Il s’agit de l’un des principaux piliers de ce syndrome, un dommage collatéral provoqué par une aide continue aux autres.

C’est un trouble qui, même s’il est encore peu connu, présente une symptomatologie multiple et des conséquences très graves, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychologique. Il ressemble au syndrome du burn-out ou du stress au travail. Le syndrome analogue chez les travailleurs du secteur de la santé se dénomme “fatigue de compassion“.

Soignant-dépendant

Ces personnes sont en charge d’autres personnes qui ont besoin d’une aide constante. Ce syndrome apparaît surtout chez des adultes qui doivent soigner d’autres adultes présentant des altérations neurologiques ou psychiatriques. Les patients à un stade avancé d’Alzheimer, par exemple, ont besoin de cette aide et supervision continues.

Par conséquent, l’une des principales caractéristiques du syndrome du soignant est l’épuisement sur les deux plans, mental et physique. Leur exténuation est si grande que leurs capacités physiques, psychologiques et sociales sont fortement affectées. Par ailleurs, si le soigneur et le soigné cohabitent sous le même toit, l’usure générée est beaucoup plus rapide et puissante car il est beaucoup plus difficile de ne pas faire de ces soins le centre de sa propre vie.

le syndrome du soignant

Rôle imposé

En termes généraux, une personne ne se transforme pas en soignant-e de façon volontaire. Ainsi, dans la grande majorité des cas, ce rôle est imposé ou désigné par les différentes circonstances de chaque personne ou famille. Ces adultes se retrouvent donc rapidement avec une charge de travail en plus, qui surgit de façon soudaine et totalement inattendue.

Certaines personnes sont prêtes à affronter cette nouvelle situation et assument très naturellement ce nouveau rôle. D’autres, en revanche, n’ont pas autant de ressources et se voient confrontées, dès le début, à un défi qu’elles considèrent comme inabordable. Elles se sentent démunies. Elles voient leur nouveau rôle comme une difficulté insupportable et très pesante. Dans tous les cas, la personne dépendante devient le nouveau centre de leur vie et a besoin de la plus grande partie de leur temps et de leur énergie.

Personne n’est préparé, ni physiquement, ni psychologiquement, à vivre 24/24h avec une personne dont l’état se dégrade progressivement.

Comment naît ce syndrome

Prendre soin de quelqu’un, sans relâche ou sans le repos nécessaire, est un processus usant. Et c’est encore plus compliqué si l’on s’abandonne soi-même. La chose habituelle est que, lors de ce processus, le soigneur assume peu à peu les nouvelles tâches qu’il doit remplir. Il doit donc se créer une nouvelle routine au cours de laquelle la priorité devient la personne qu’il a à sa charge. Il cesse donc d’avoir du temps pour lui-même, met son indépendance de côté et s’abandonne complètement.

Temps libre

Lors de son temps libre, le soignant renonce peu à peu à ses passions. Le temps qu’il dédiait à ses activités de loisirs et à ses relations familiales se réduit considérablement. Par ailleurs, il s’éloigne de son cercle d’amis car il se lie de moins en moins aux autres. Il peut donc en arriver à s’isoler complètement du monde extérieur.

le syndrome du soignant

Famille

Au niveau des relations familiales, de nouveaux conflits surgissent à cause de l’adhésion d’un nouveau membre dans la famille nucléaire. L’irascibilité semblent se généraliser chez tous les habitants de la maison et les disputes augmentent. Une nouvelle répartition des tâches se produit aussi, ce qui ne satisfait pas tout le monde.

Travail

Par rapport au travail, on peut noter une augmentation de l’absentéisme, une négligence des fonctions ou même un abandon du poste. La situation économique, par conséquent, peut devenir délicate. Ceci fait grimper de façon exponentielle le niveau de surcharge physique et mentale déjà accumulée en raison de la situation de la personne soignante. 

Or, au lieu de diminuer, cette pression et cette lutte continue augmentent jour après jour. Au fur et à mesure qu’elles se prolongent dans le temps, le soigneur a de plus en plus de mal à affronter avec envie, fraîcheur et illusion le rôle qu’il a acquis. Plusieurs choses commencent à se produire : insomnie, fatigue chronique, changements au niveau de l’humeur… Cela donne lieu à de profonds sentiments de tristesse, d’anxiété et de préoccupation.

En général, ces changements qui se produisent dans la vie du soignant sont variés et peuvent aussi bien l’affecter à court, moyen et long terme.

Si cela se prolonge… le syndrome du soignant apparaît

Lorsque le soignant se retrouve plongé dans une routine à laquelle il ne prête pas attention, le stress, l’angoisse, la fatigue et l’épuisement commencent à surgir. Ceci est un véritable bouillon de culture pour le syndrome du soignant. En outre, son irritabilité et son impatience augmentent. Cela provoque une démotivation, un étouffement, une irascibilité et même de la violence.

Une série d’attitudes et de sentiments négatifs envers la personne dépendante peuvent éclater à la suite de ce syndrome. Le soignant peut en arriver à ressentir du mépris pour cette dernière. Il est donc essentiel qu’il prenne conscience d’une chose: il doit se protéger. Il est important d’empêcher l’apparition du syndrome du soignant. Pas uniquement parce qu’il affecte de façon négative le soignant, mais parce qu’il peut aussi faire diminuer la qualité de vie de la personne dépendante. Par conséquent, cette altération a un double effet qui va nécessiter un remède. Il faudra consulter un professionnel et chercher de l’aide pour les tâches quotidiennes du soignant.

 

 


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