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Le plaisir, une invention du diable ?

6 minutes
Le plaisir, une invention du diable ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Francisco Pérez
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Le plaisir, la récompense immédiate, est une invention du diable, une invention universelle. Quel est le centre de l’univers biologique ? Le centre de l’univers biologique est constitué de la jouissance, de la récompense, de l’évitement du mal et de la douleur. Il s’agit là de l’idée profondément ancrée dans tous les êtres vivants qui peuplent notre chère planète Terre. Cette idée s’est développée dès l’origine de la vie elle-même.

Il s’agit d’une idée diabolique dans la  mesure où tout être vivant naît avec l’ingrédient, le moteur, l’énergie pour aller vers tout ce qui lui génère plaisir, gratitude et bien-être. La nourriture, la boisson, le sexe et le jeu, le sommeil, évitement de la chaleur et du froid.

La réussite de ce type comportements est récompensée par le plaisir. Nous sommes programmés pour le chercher et éviter la souffrance. Chez l’homme, la jouissance, le désir, la gratification immédiate ou future touchent tout ce qui procure par la même la curiosité, et avec elle, les découvertes.

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Les origines du plaisir

Le plaisir est un sentiment que nous recherchons ; nous voulons l’amener à la conscience et, si possible, l’y maintenir. Pour de nombreuses personnes, l’idée de plaisir pourrait bien naître de cette pomme mordue au paradis. Cependant, il ne semble pas commencer avec la tentation d’un quelconque diable. S’il en était ainsi, le plaisir serait né du défi de l’obscurité et de l’incertitude ou de la violation de ce qui est établi.

Aucun être vivant ne vient au  monde sans que sa vie ne tourne autour de sa survie, individuelle et de son espèce. Cela signifie manger, boire et se reproduire. Ces comportements sont réalisés en obéissant à l’idée de récompense et de plaisir.

“Pour beaucoup, l’idée de plaisir pourrait bien naître de ce poison que représentait la pomme avec laquelle Adam tenta Eve.”


 

Aucun être vivant, si primitif soit-il, ne mange sans faim, ni ne boit sans soif. Cela n’est ni gratifiant ni agréable. Il le fait seulement dans l’hypothèse où il a faim ou soif. Ce n’est que de cette manière que la jouissance précède ces comportements. Il se passe la même chose avec l’activité sexuelle. Le plaisir est l’idée imprimée dans l’organisme de tout être vivant. Il est d’abord imprimé dans les cellules. Dans les êtres multicellulaires sans cerveau, ensuite. Enfin, dans le cerveau des êtres humains.

Qu’est-ce qui ou qui a eu cette brillante idée du plaisir ? Qui a eu cette idée géniale ? Personne n’est sûr de rien ici. Il semble évident que le monde biologique, notre seul monde en réalité, a tourné et tournera autour de cette idée centrale.

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Le plaisir réside dans le cerveau

Le cerveau est comme un coffre qui garde jalousement les codes sacrés qui nous conduisent à la réalisation de conduites destinées à procurer du plaisir et à obtenir des récompenses. Il s’agit de codes non écrits, incorporés dans des connexions neuronales, les potentiels électriques et les neurotransmetteurs.

Pourquoi un rat ne cesse-t-il pas d’activer un levier par lequel il stimule électriquement certaines parties de son cerveau ? Existe-t-il des zones cérébrales qui, si elles sont artificiellement activées, produisent du plaisir ? La réponse à ces questions est oui. Un oui retentissant. Un animal active un levier pour stimuler son cerveau par des impulsions électriques car cela active ses circuits cérébraux du plaisir.

“Le cerveau est comme un coffre qui garde jalousement les codes sacrés qui nous poussent à effectuer des comportements pour obtenir du plaisir et des récompenses.”

Il n’est pas nécessaire de donner un exemple si “expérimental”. Une bonne assiette de nourriture ou un orgasme stimule également lesdits circuits cérébraux . Étonnamment, la récompense obtenue par le stimulus électrique artificiel, comparée à celle obtenue par des renforts naturels, n’a pas de satiété. L’animal continue obstinément d’appuyer sur le levier, sans se fatiguer, pour obtenir sa récompense, son plaisir. Que se passe-t-il ? Pourrions-nous appeler “plaisir pur” celui qui est obtenu à travers ces stimuli artificiels ?

Le plaisir sert les besoins de l’organisme

Il semble que l’organisme utilise le plaisir comme mesure ou monnaie d’échange. Selon cette mesure, le cerveau déclenche certains comportements et non d’autres. Imaginons un animal devant choisir entre deux ou trois besoins impératifs. Face à un tel conflit, l’animal choisira probablement d’abord ce qui lui apportera le plus de satisfaction, le plus de plaisir.

La chose surprenante est que cela coïncide habituellement avec ce qui est le plus nécessaire, biologiquement parlant, pour l’organisme. Il s’agit de la raison pour laquelle il se dit que le plaisir “sert les besoins de l’organisme”.

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Les plaisirs qui évoquent la beauté

L’être humain développe de nombreux types de plaisir. Le plaisir dispose d’une palette de registres mentaux et comportementaux si complexes qu’il ne couvre pas seulement le processus physique. Il passe également par cet autre arc esthétique qui va de l’anticipation à la contemplation. Des plaisirs ultimes intrinsèquement humains. Des plaisirs qui suppose d’autres composantes que nous appelons savoir, abstraction, idéaux…

Ces plaisirs évoquent ce que nous appelons la beauté. La beauté peut commencer par le terme lui-même, oral ou écrit. Il existe des orateurs qui évoquent des sentiments de bien-être et de plaisir du simple fait de les entendre. Il existe des pages écrites disposant du pouvoir d’enchantement et de rêverie. Mais nous le retrouvons également en contemplant une peinture, en caressant de la main une belle sculpture ou en observant une œuvre architecturale incroyable. Nous rencontrons aussi ce sentiment lorsque nous entendons une belle et agréable symphonie. Et nous pourrions longtemps continuer ainsi.

Le plaisir a une palette de registres mentaux et comportementaux si complexes qu’il ne couvre pas seulement le processus physique.”


 

Le plaisir destructeur des drogues, l’autre facette

Le plaisir brut, destructeur, plein d’angoisse, s’obtient également avec des drogues. Cela suppose un défi ultime aux limites mêmes de la nature humaine. Pourquoi l’addiction pour ce type de plaisir se développe-t-elle si elle est si destructrice ? Bien que cela puisse paraître stupide… Pourquoi développons-nous une dépendance à l’héroïne et non au fait de manger des pommes si les deux génèrent des récompenses ?

La réponse à ces questions commence par l’affirmation suivante : les circuits cérébraux de base de la récompense et du plaisir ne sont pas spécifiques. Cela signifie qu’ils peuvent être activés à la fois par des stimuli sensoriels naturels et par tous autres stimuli artificiels ayant la capacité d’interagir avec les récepteurs chimiques de leurs neurones.

Cela expliquerait pourquoi des produits chimiques non naturels (médicaments exogènes) peuvent activer artificiellement les circuits du plaisir. Et ce non seulement dans le cerveau humain, mais dans n’importe quel autre animal possédant ou non un cerveau. Cela peut néanmoins être comme une épée à double tranchant. Le visage et la croix de la jouissance.

Et vous…qu’en pensez-vous ? La recherche du plaisir est-elle bénéfique ou peut-elle se retourner contre nous ? Il existe certainement des divergences sur ce point. Ou peut-être que la réponse est affirmative dans les deux cas. En tout état de cause, il n’y a pas de vérité unique. Il s’agit de la chose merveilleuse au sujet de l’esprit, parce que l’esprit … est merveilleux.



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Higgins, E. T. (1997). Beyond pleasure and pain. American Psychologist. https://doi.org/10.1037/0003-066X.52.12.1280


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