Pensée magique : concept et caractéristiques
Comme le disait Roald Dahl, “celui qui ne croit pas en la magie ne la trouvera jamais”. Curieusement, l’être humain a toujours eu tendance à y croire, et ce depuis des temps immémoriaux. Et de cette croyance en l’inexplicable découle ce que l’on appelle la pensée magique.
La “logique de la cause à effet” s’est imposée dans le monde au sein duquel nous vivons. Ainsi, face à un événement ou un phénomène qui ne peut s’expliquer scientifiquement, il est facile de voir surgir de nombreuses autres “explications magiques”. De fait, peut-être s’agit-il là de l’un des principaux motifs pour lesquels les religions ont survécu au passage des siècles, ainsi qu’à l’avancée imparable de la science.
La pensée magique : qu’est-ce donc ?
Aussi bien la psychologie que l’anthropologie considèrent la pensée magique comme la description d’attributions illogiques à certaines causes sans aucune preuve empirique.
Ce phénomène prend une importance toute particulière lorsque la personne considère que sa pensée pourrait avoir des conséquences dans le monde extérieur. De telles conséquences peuvent provenir de son action propre ou de la croyance en l’intermédiation de forces surnaturelles.
Lorsque l’on jette un oeil sur les sociétés du monde, on se rend compte du fait que dans presque toutes les cultures, il existe une pensée magique. C’est un processus naturel fondé sur une base biologique fort probable. Nous établissons des relations causales sur la base d’associations circonstancielles et difficilement démontrables sous la loupe de systématicien.
Il est facile de trouver des exemples de pensée magique. Un enfant qui croit que s’il se comporte mal, il se fera enlever par un ogre. Ou encore les danses rituelles qui cherchent à attirer la pluie ou à instaurer un phénomène atmosphérique pour favoriser l’action d’une divinité supérieure.
“Désorienter : il s’agit là de la première loi de la magie. Ne l’oubliez jamais.”
– Donna Tartt –
Causes de la pensée magique
Deux causes principales nous aident à expliquer ce phénomène. L’une d’elles se réfère à la contigüité des événements. La deuxième s’explique via la pensée associative :
- Contigüité des événements : elle se réfère à la génération d’associations déterminées, telles que celle de croire qu’un ami n’a pas validé un examen car vous avez souhaité de toutes vos forces qu’il échoue.
- Pensée associative : elle consiste en l’établissement de relations en fonction de certaines similitudes. Par exemple, croire que l’esprit d’un animal vous habitera si vous mangez son coeur.
Or, malgré les causes associées à la pensée magique, il y a aussi certaines fonctions importantes dans le phénomène. Autrement dit, elle peut nous être très utile dans certaines situations très concrètes :
- Elle réduit l’anxiété : parfois, dans certaines situations stressantes difficiles à solutionner, associer l’événement à des éléments arbitraires augmente la sensation de contrôle et réduit l’anxiété. Par exemple, le fait d’utiliser des amulettes pour lutter contre certaines peurs.
- Elle a un effet placebo : comme nous venons de le voir, elle peut aussi très utile du fait de son effet placebo. Autrement dit, penser qu’un certain rite peut soigner une maladie pourrait provoquer une amélioration de la symptomatologie.
Caractéristiques de la pensée magique
Aujourd’hui, nous pouvons trouver des dizaines d’exemples qui sont une preuve claire de la pensée magique. De fait, elle se présente dans le cadre de situations quotidiennes, sans en arriver au point d’être considérée comme pathologique. En effet, dans de nombreux cas, la pensée magique, loin de causer du mal-être, entraîne le soulagement. On pourrait dire qu’un problème se pose si ce soulagement à court terme se traduisait par un préjudice sur le long terme.
Egocentrisme chez les enfants
Entre 2 et 7 ans (phase pré-opérationnelle), les enfants peuvent en arriver à penser qu’ils ont le pouvoir de changer le monde uniquement avec leur esprit, de manière volontaire comme involontaire. Il ont du mal à comprendre les concepts abstraits, et ils considèrent difficilement une autre instance que celle du Moi.
Ainsi, dans certaines circonstances, les enfants peuvent avoir tendance à culpabiliser suite à certains faits, sans avoir pourtant participé d’une quelconque manière à ce qui est arrivé. Cependant, cet égocentrisme s’atténue généralement avec l’âge.
Superstition
La superstition et la pensée surnaturelle, si présentes dans notre société, ne cessent de tourner autour de la pensée magique. Le 13 dans notre culture ou le 4 dans la culture japonaise sont des nombres qui dans la conscience collective sont associés à la malchance. Ainsi, c’est un maillot que de nombreux sportifs ne veulent pas porter, ou un appartement où la plupart ne veulent pas vivre.
Délires
La pensée magique peut aussi apparaître dans des circonstances de délire, ou dans un contexte de psychose et de schizophrénie. Les croissances excessivement irrationnelles sont très marquées par la pensée magique.
En réalité, nous pourrions presque considérer cette pensée magique comme un mode de défense. Face à ce que nous ne sommes pas capables d’expliquer, notre cerveau cherche une association qui, véritable ou non, sert de calmant face à l’anxiété que pourrait générer l’incertitude.
“La magie consiste en la capacité de penser ; il n’est pas question là de force ni de langage”.
-Christopher Paolini-
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