Est-ce que la superstition améliore nos chances de survie ?

Est-ce que la superstition améliore nos chances de survie ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 05 janvier, 2018

La superstition est en fait un effet secondaire de la capacité à apprendre. Tout être ayant la capacité d’établir des liens entre les événements est, dans une certaine mesure, vulnérable face à la superstition.

Selon Julian Rotter (1966), si une personne perçoit que ce qu’elle retire de son comportement est indépendant à son contrôle (imprévisible, destin, autres pouvoirs, chance …) elle possède alors une croyance ou une attente de contrôle externe. En effet, certains théoriciens prétendent qu’un comportement superstitieux peut se développer lorsque quelqu’un est exposé à des situations incontrôlables. Par ailleurs, nous savons qu’il est impossible de contrôler tout ce qui se passe autour de nous.

L’être humain a évolué et acquis des capacités qui lui permettent de survivre dans ce monde, en grande partie imprévisible. Ainsi, nous abritons tous des croyances et des illusions qui nous permettent d’avoir la sensation de contrôler notre propre existence.

La superstition comme forme d’adaptation

Toucher du bois, croiser les doigts, éviter de passer sous une échelle ou avoir une patte de lapin comme talisman peut être utile à notre cerveau, toute proportion gardée, à l’instar d’un bonbon pour un enfant. Les enfants adorent les sucreries. De sorte qu’ils sont généralement utilisés comme renforcement, sans même qu’ils ne sachent ce qu’ils sont exactement. La même chose se produit avec les rituels superstitieux.

superstition

De nombreuses personnes possèdent des amulettes ou des rituels qui les aident à mieux faire les choses. Cela peut même augmenter leur motivation ou leur confiance en elles .

La Pensée Superstitieuse Personnelle (PSP) se définirait comme la tendance que nous avons à penser d’une manière qui nous permet de  nous préparer à nous défendre contre les déceptions et les désagréments. Ce type de pensée fait partie de la pensée constructive définie par Epstein (1998).

En ce sens, la confiance en soi est fondamentale. De sorte que tout facteur, même irrationnel, améliorera les chances de survie. Finalement, affirmer que la superstition peut être adaptative, aussi fou qu’un tel principe puisse paraître, est véridique dans un grand nombre de cas.

Expérience relatives à la superstition

Dans ces exemples expérimentaux, les sujets sont amenés à penser que leur comportement est renforcé. Mais, par exemple, dans le cas de l’étude de Koichi Ono, le comportement superstitieux n’est pas entièrement dû au renforcement accidentel. L’hypothèse selon laquelle le manque de contrôle conduit l’être humain à se comporter de manière superstitieuse est confirmée dans l’expérience Helena Matute.

Expérience des notes (Koichi Ono, 1987)

Basé sur le travail de Skinner avec des pigeons, il utilisa des chambres expérimentales qui disposaient de trois leviers et d’un panneau sur lequel les notes étaient enregistrées. Vingt sujets ont été invités à essayer d’accumuler autant de points que possible, mais sans qu’ils  soient invités à réaliser un comportement donné.

L’équipe était programmée pour fournir le renforcement – un point sur le tableau de bord – chaque fois qu’un certain temps s’écoulait, sans que cela ne nécessite une quelconque action. Il se passa que de nombreux participants montrèrent un comportement superstitieux lorsque quelque chose se produisait et était assorti d’un point supplémentaire. L’un d’eux sauta même vers le plafond en pensant que cela lui donnerait plus de points.

Expérience sonore (Helena Matute, 1993)

Elle utilisa la présentation d’un stimulus aversif dans l’ordinateur. Il s’agissait ici d’un bruit ennuyeux programmé pour disparaître après un certain temps. Les participants furent divisés en deux groupes. Dans le premier groupe, les sujets ont été invités à essayer d’arrêter le son en utilisant les touches de l’ordinateur. Les membres du deuxième groupe ont été informés que, quoi qu’ils fassent, ils ne pouvaient pas contrôler l’émission sonore.

Les résultats étaient disparates : les sujets du premier groupe ont généré un modèle de comportement au moment d’appuyer sur les touches. Ces participants développèrent une illusion de contrôle, ce qui les a conduisis à adopter des comportements superstitieux. Ils en vinrent à croire que s’ils pressaient certaines touches de l’ordinateur ils pourraient contrôler l’émission du son ennuyeux. D’un autre côté, le deuxième groupe n’a rien fait, comme ils leur fut demandé.

femme triste

L’illusion comme bouclier

Notre cerveau est formé par un réseau de connexions qui tend à faire des associations. Nous associons des mots, des lieux, des sensations, des événements, etc. Lorsqu’une personne perçoit à tort son comportement comme une cause possible, son cerveau est dominé par “l’illusion du contrôle”. Lorsque cela se produit de manière plus générique, en attribuant la cause ou l’origine à un agent externe, en recourant par exemple à un guérisseur, ce phénomène est appelé “illusion de causalité“.

Herstein (1966) a fait valoir qu’il est peu probable que ce comportement soit simplement dû à un renforcement accidentel. En revanche, il suppose que si une personne est incitée au moins une fois à avoir un comportement superstitieux, elle pourrait le maintenir par un renforcement accidentel. De nombreuses sociétés utilisent les rituels tels que les danses de la pluie ou des sacrifices humains. À titre de réflexion, ces pratiques pourraient-elles être attribuées au simple renforcement accidentel du comportement individuel ou constitueraient-elles une stratégie qui améliorerait notre probabilité de survie ?



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