Passer beaucoup de temps seul rend plus peureux et plus agressif
Au plus profond de l’ADN humain, il y a une trace de millions d’années qui nous pousse à être grégaires. Les êtres humains ont besoin des autres, physiquement et psychologiquement, pour survivre. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on cherche de la compagnie à n’importe quel prix. Cependant, les autres sont très importants dans nos vies. En réalité, la science a montré que le fait de passer beaucoup de temps seul a un impact significatif sur notre comportement.
La recherche a conclu que le fait de passer beaucoup de temps seul conduit même à une transformation du cerveau. Ce qui est propre à un être humain, c’est de partager avec les autres. Néanmoins, nous en sommes arrivés à une époque où ce n’est pas si facile pour beaucoup de gens. Il est intéressant de noter que les foules et leurs effets sont un facteur décisif pour faire de nous des êtres solitaires.
La solitude est une épidémie croissante dans le monde entier. Le nombre de ménages d’une personne a lentement augmenté. Dans les grandes villes, les relations de voisinage sont devenues tendues et excluantes. Il y a déjà des entreprises qui proposent de passer du temps en compagnie de quelqu’un à titre onéreux. Au fond, nous savons tous que passer beaucoup de temps seul n’est pas bon. Cependant, nous ne trouvons pas toujours un moyen de briser cette bulle.
“Veux-tu avoir la vie facile ? Reste près du troupeau, et oublie-toi en lui.”
-Friedrich Nietzsche-
Une expérience intéressante
Des recherches menées par le California Institute of Technology (Caltech) prouvent que le fait de passer trop de temps seul a des effets significatifs sur le comportement. Dans une expérience avec des souris, il a été démontré que la solitude conduisait à l’accumulation d’une substance chimique dans le cerveau. Cela les rendait de plus en plus agressives et craintives.
Le travail a paru dans Cell Magazine et a été pris comme un modèle applicable aux êtres humains. Pour mener l’étude, les chercheurs ont isolé individuellement un groupe de souris. Ils les ont empêchés d’avoir des contacts avec d’autres membres de leur espèce pendant quelques semaines. Peu de temps après, les individus étudiés étaient plus irascibles que la normale. Ils craignaient aussi davantage les autres souris et étaient hypersensibles à toute menace.
Lorsqu’une menace possible apparaissait, les souris isolées restaient très immobiles. Elles le sont restées, même longtemps après la disparition des mesures de relance menaçantes. Les souris qui vivaient encore dans la communauté ont retrouvé un comportement normal plus rapidement. Les premiers symptômes de tous ces changements sont apparus deux semaines après l’isolement.
La tachykinine et la solitude
Des recherches antérieures avaient montré que la mouche drosophile avait aussi un comportement plus agressif lorsqu’elle était isolée. À l’époque, les chercheurs ont été en mesure d’établir qu’un produit chimique était impliqué dans tout cela. Il s’agissait de la taquiquinine. Cette situation s’est aggravée avec l’avancée de la période d’isolement.
Des experts du California Institute of Technology ont voulu tester si cette substance augmentait également chez les souris de l’étude. Ils ont pu voir que la même chose arrivait aux mouches. Chez la souris, cependant, la tachykinine a entraîné la production d’un neuropeptide appelé neurokinine, généré par l’hypothalamus et l’amygdale.
Les chercheurs ont donc constaté que l’isolement prolongé entraîne une augmentation de la production de neurokinine. Cela a entraîné une hausse significative des comportements agressifs et nerveux. Cependant, ils ont également vérifié que l’administration d’un médicament était capable de réduire ces concentrations, quoique de façon instable.
Nous ne devrions pas passer trop de temps seuls
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous nous isolons. Parfois, c’est parce que nous n’avons pas développé suffisamment de compétences sociales. D’autres fois, nous rencontrons des environnements qui sont excessivement hermétiques. Cela peut aussi être déclenché par le fait que nous nous enfermons tellement dans nos propres activités et intérêts que nous devenons progressivement des ermites. Il est également possible que nous nous méfiions des autres ou que nous soyons dominés par la peur de ne pas projeter une image attrayante.
Quelle qu’en soit la cause, la vérité est que passer beaucoup de temps seul ne nous sert à rien. Cela ne nous rend pas plus autonomes et indépendants. Parfois, en fait, c’est le contraire qui se produit : nous devenons de plus en plus vulnérables. Nous sommes facilement saisis par une inertie qui nous pousse à nous isoler de plus en plus. Il est même possible de tomber malade sur du long terme.
Il est toujours possible de s’ouvrir aux autres. Bien évidemment, sortir de sa bulle n’est pas facile au début. Mais cela en vaut la peine, car c’est une étape qui mène à une meilleure santé mentale. Construire des ponts avec les autres est une réalisation importante de notre vie, qui ne peut être remplacée par quoi que ce soit d’autre. C’est une nécessité et une source inestimable de croissance personnelle.
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- Cuenya, L., Fosacheca, S., Mustaca, A., & Kamenetzky, G. (2011). Efectos del aislamiento en la adultez sobre el dolor y la frustración. Psicológica, 32(1).
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