Nos mauvais rêves nous préparent à affronter nos peurs
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Certains des rêves que nous faisons la nuit nous préparent à affronter nos peurs. Cet univers imaginaire vers lequel notre cerveau nous emmène chaque nuit remplit parfois un rôle que l’on pourrait presque qualifier de thérapeutique. Selon des études récentes, beaucoup de nos angoisses et de nos peurs apparaissent dans l’inconscient du rêve afin de nous aider à gérer leurs impacts dans notre vie consciente.
Les données sont pour le moins frappantes. Par exemple, penser que le but même d’un mauvais rêve ou d’un cauchemar est précisément de contribuer à notre équilibre, à notre adaptation et à notre bien-être est quelque chose d’aussi intéressant que surprenant. Avant tout parce que le monde des rêves reste encore assez énigmatique. Bien qu’aujourd’hui, on le comprenne un peu mieux.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Au cours du XVIIIe siècle, on considérait les mauvais rêves comme des maladies de l’esprit. Un état dans lequel se manifestait la souffrance humaine. Cette idée a bien entendu évolué. Aujourd’hui, les experts en la matière, comme la Dr Deirdre Barrett, psychologue clinicienne à la Cambridge Health Alliance, définissent les mauvais rêves comme des manifestations émotionnelles qui sont essentielles à notre développement.
On sait aussi que les enfants de 3 à 6 ans ont tendance à faire plus de mauvais rêves. En effet, de leur point de vue, leur environnement est rempli de choses qu’ils ne comprennent pas. Ils interprètent de nombreux éléments comme des menaces qui finissent par apparaître dans leurs rêves de manière terrifiante. Au fur et à mesure qu’ils grandissent et mûrissent, et ces mondes angoissants se font de moins en mois présents dans leurs rêves.
Approfondissons.
Nous avons tous des rêves qui visent à nous aider à affronter nos peurs
La thérapie cognitivo-comportementale offre une stratégie très spécifique pour amener les patients à réduire l’intensité de leur réponse émotionnelle à certaines peurs et phobies qui sont sources de stress. Il s’agit de la thérapie d’exposition. Le patient est alors directement exposé à la situation qui suscite chez lui de la peur. Cependant, cela se fait toujours de manière très contrôlée.
Nous sommes évidemment tous “programmés” de la même manière. Ce mécanisme de rêves existe donc chez chacun d’entre nous. Qui n’a en effet jamais vécu de rêve qui le confronte à ses peurs les plus profondes ? Ces rêves nous permettent en fait d’affronter certaines de nos peurs.
L’origine de la peur peut être diverse et variée. Il peut s’agir d’un entretien d’embauche, d’un examen, du fait de monter dans un avion, de la crainte d’être abandonné ou encore d’être trahi par un partenaire, etc. Toutes ces situations sont, pour beaucoup, la source d’une véritable angoisse. Le cerveau le sait. Il en est conscient et c’est pourquoi il la transfère à la structure des rêves avec l’intention de dépasser ces craintes.
L’objectif du cerveau est donc de nous exposer à ces peurs afin de rendre le problème visible. Il cherche à nous pousser à le résoudre. Cependant, il le fait souvent au moyen de représentations symboliques complexes et pas toujours faciles à décoder.
Les mauvais rêves (et non les cauchemars) seraient nos alliés thérapeutiques
C’est cependant un peu difficile à croire. Penser que nos mauvais rêves auraient une utilité, celle de nous aider à faire face à nos peurs. C’est même certainement difficile à accepter pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que les mauvais rêves génèrent un sentiment d’inconfort. Il n’est donc pas facile de croire qu’une sensation négative puisse nous aider d’une quelconque manière.
Deuxièmement, il y aurait un autre contre argument. Beaucoup d’entre nous ne se souviennent pas de leurs rêves. Alors… en quoi faire un mauvais rêve dont on ne se souvient même pas nous serait utile ? L’année dernière, une étude intéressante est parue. Il s’agit d’une étude menée conjointement à l’Université de Genève, aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et à l’Université du Wisconsin (USA).
Cette enquête a révélée que certains maux activent fortement notre amygdale cérébrale. Cette structure se charge en effet de produire les sensations associées à la peur. Au cours de ces travaux, on a demandé aux participants à l’étude d’écrire leurs rêves chaque nuit et d’essayer de les comprendre. De leur donner du sens.
Il est advenu que beaucoup de ces mauvais rêves étaient liés à des problèmes réels. Situations de stress ou d’angoisse. Le simple fait de décoder le message véhiculé par ces rêves les a même aidés à réduire leur charge émotionnelle. Mais aussi à développer des stratégies d’adaptation.
Cependant, les auteurs de l’étude soulignent que les cauchemars ne servent pas le même objectif. En effet, dans un mauvais rêve, la peur est modérée, alors que dans un cauchemar, son intensité est excessive. Cela nous impacte donc de manière très négative.
Le monde du rêve, un espace pour se voir en face à face et pour se connaître
Le Dr Lampros Perogamvros, un des auteurs de cette recherche, signale que la compréhension des rêves nous aide également à soigner les troubles de l’anxiété. Il ne s’agirait alors pas d’une forme de thérapie exclusive. Mais plutôt d’un outil supplémentaire permettant de s’attaquer au cœur du problème. Cela permettrait aussi de mieux gérer l’impact émotionnel des troubles de l’anxiété.
D’une certaine manière, cette idée se rapproche d’une pensée de Carl Jung. Le monde de l’inconscient et la trame des rêves ne cherchent qu’à rétablir l’équilibre psychologique. C’est un canal de plus à comprendre et à exploiter à notre avantage. Il s’agirait donc finalement d’enregistrer nos mauvais rêves, de les comprendre, de les accepter et de générer des changements dans notre vie consciente pour faire face à nos peurs.
Une tâche certes compliquée, mais intéressante, qui vaut sans aucun doute la peine de s’y impliquer.
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- Virginie Sterpenich, Lampros Perogamvros, Giulio Tononi, Sophie Schwartz. Fear in dreams and in wakefulness: Evidence for day/night affective homeostasis. Human Brain Mapping, 2019; DOI: 10.1002/hbm.24843
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