Mythes et vérités sur la consommation de marijuana
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
La consommation de marijuana ou cannabis sativa s’est popularisée au cours de ces dernières décennies. Bien qu’elle soit l’une des drogues les plus consommées, encore aujourd’hui, de nombreuses personnes s’appuient sur des informations incorrectes concernant les bénéfices et les dommages potentiels liés à la consommation de marijuana. En fait, sa consommation s’est étendue, mais la connaissance des effets de la marijuana ne s’est en revanche pas améliorée. Les mythes à son sujet sont d’ailleurs aussi nombreux que dangereux.
Pour cela, nous présenterons dans cet article les principaux mythes et vérités associés à la consommation de cette drogue. Nous identifierons les idées les plus communes qui existent à son sujet, ses possibles effets thérapeutiques, son caractère addictif ou non et sa potentielle aide à la concentration et à la créativité.
Effets thérapeutiques de la consommation de marijuana, existent-ils réellement ?
La marijuana possède dans les grandes lignes une centaine de types de cannabinoïdes (composants du cannabis). Tandis que les effets psychoactifs de la consommation de marijuana sont dus en grande partie au cannabinoïde THC, son potentiel médico-thérapeutique le plus puissant repose sur le cannabinoïde CBD. Le cannabis d’usage thérapeutique doit être consommé par voie orale et non pas en le fumant, car le dommage pulmonaire généré lorsque l’on fume ne compense pas les effets thérapeutiques.
En fait, en consommant de la marijuana, nous ingérons différents types de cannabinoïdes. Le plus connu et recherché par les consommateurs de marijuana est le Delta-9-Tetrahydrocannabinol (THC). Les effets thérapeutiques s’obtiennent grâce au cannabidiol (CBD) qui peut être consommé en capsules, huile ou solutions lorsqu’il a des indications thérapeutiques. Il n’est ni nécessaire, ni sain de rechercher les effets thérapeutiques du CBD au travers de la consommation de marijuana.
« Les drogues sont les ennemies du futur et de l’espoir, et lorsque nous luttons contre elles, nous luttons pour le futur. »
-Bob Riley-
Le CBD a démontré ses bénéfices thérapeutiques grâce à des études scientifiques. Ses bénéfices sont les suivants : effets anti-inflammatoires, antiémétiques, anticonvulsifs, anxiolytiques, et antitumoraux. Tous ces effets sont les plus connus du CBD et ne requièrent pas la consommation de marijuana pour être ressentis puisqu’il existe des préparations pour obtenir les avantages thérapeutiques de ce type de cannabinoïde.
La consommation de marijuana génère-t-elle une dépendance ? Peut-on être addict à la marijuana ?
La réponse à ces deux interrogations est bien entendu oui. La consommation de marijuana génère une dépendance car c’est une substance psychoactive qui modifie le fonctionnement des voies de renforcement cérébrales (aire tegmentale ventrale et noyau accumbens). Le fait que l’arrêt de la consommation de marijuana n’engendre aucun syndrome d’abstinence avec des signes importants ne signifie pas pour autant que la substance ne génère pas de dépendance. La marijuana est une drogue addictive.
Jusqu’à aujourd’hui, les signes et les symptômes d’abstinence liés au cannabis ont été étudiés et identifiés. Les critères diagnostics pour ce syndrome d’abstinence selon le manuel DSM-5 sont les suivants.
Caractéristiques du syndrome d’abstinence
A.Arrêt brutal de la consommation de cannabis qui a été intense et prolongée (par exemple, consommation quotidienne ou quasiment quotidienne pendant une période de plusieurs mois au moins).
B.Apparition de trois (ou plus) des signes et symptômes suivants approximativement dans la semaine suivant le critère 1 :
- Irritabilité, colère ou agressivité
- Nervosité ou anxiété
- Difficultés à dormir (insomnies ou cauchemars)
- Perte d’appétit ou de poids
- Intranquillité
- Etat de déprime
- Au mois l’un des symptômes physiques suivants provoquant un inconfort significatif : douleur abdominale, spasmes et tremblements, transpiration, fièvre, sueurs froides, maux de tête
C.Les signes du critère B provoquent un mal-être significatif ou une détérioration des relations sociales, professionnelles ou liées à d’autres aires importantes du fonctionnement.
D.Les signes ou symptômes ne peuvent être associés à aucune autre affection médicale et ne s’expliquent pas mieux par un autre trouble mental, comme une intoxication ou l’abstinence liée à une autre substance.
Ainsi, si une personne expérimente de tels symptômes après l’arrêt de la consommation du THC, nous faisons face à un cas du syndrome d’abstinence du cannabis qui est le résultat des changements cérébraux ayant provoqué la consommation de marijuana à long terme. En résumé, la vérité est que la marijuana est une drogue qui rend addict et qui provoque l’abstinence, bien qu’elle soit légale dans certains pays.
La marijuana est une substance naturelle donc sa consommation ne cause aucun dommage important à notre organisme : est-ce véridique ?
Ceci est le mythe le plus étendu et le plus rejeté par les recherches scientifiques. Les principales conséquences négatives de la consommation de marijuana s’observent dans le fonctionnement cognitif de notre cerveau (mémoire, attention, raisonnement) et dans le système immunitaire (les défenses de notre corps). Ainsi, nous pouvons évoquer deux effets néfastes : problèmes neuropsychologiques et problèmes immunitaires.
De cette manière, la consommation de marijuana provoque un moins bon rendement de la mémoire aussi bien à court terme qu’à long terme. On a également démontré que le THC provoque à long terme d’importantes difficultés de mémorisation de nouvelles informations ou de concentration. Tout cela s’observe lorsque l’on compare un groupe de personnes qui consomment de la marijuana à un groupe qui n’en consomme pas, du même âge, sexe, culture et niveau éducatif.
« J’aimerais que les fans aient recours à la méditation plutôt qu’à la drogue. »
-Ringo Starr-
De plus, la consommation de marijuana provoque une activation moindre du système immunitaire qui fonctionne de manière moins efficace. Techniquement on dit que le THC « déprime » le système immunitaire qui à long terme nous rend plus vulnérables aux maladies et spécialement aux maladies auto-immunes ou cancérigènes. Aussi, il faut tenir compte du fait que les effets de la consommation de marijuana sont perceptibles avec la nervosité et l’anxiété. Ces deux expériences sont également néfastes pour le système immunitaire puisque son fonctionnement est très lié à notre état émotionnel.
Bien que cette substance soit naturelle, elle a donc des effets néfastes pour l’organisme. De plus, en étant fumée et donc consommée par voie pulmonaire, on doit y ajouter les conséquences négatives de la combustion et du monoxyde de carbone. Dans ce cas, le naturel n’est donc certainement pas synonyme d’inoffensif.
Existe-t-il une relation entre la consommation de marijuana et une meilleure créativité ?
Il est difficile de comprendre la relation entre la marijuana et la créativité. D’une part, il est certain que le fait d’inhiber le lobe frontal (et les limitations sociales qui sont en lui), nous aide à être plus créatifs. En revanche, pour améliorer la créativité, il y a des méthodes beaucoup plus efficaces (et moins dangereuses) que celle-ci. L’étude en profondeur du domaine artistique dans laquelle nous travaillons (peinture, photographie, cinéma, musique, etc) ainsi que l’exposition à des stimulus artistiques inédits favorisent notablement la créativité.
La marijuana peut vous rendre plus créatifs, mais uniquement à court terme sous les effets du THC. D’autre part, elle vous aidera sur un aspect fondamental si vous souhaitez que votre créativité porte ses fruits : la constance. La consommation de marijuana peut augmenter la créativité mais dans le même temps vous empêcher d’avoir des capacités constantes. La marijuana peut donc vous apporter de nombreuses idées nouvelles mais rendre dans le même temps difficile l’action de leur donner entièrement vie.
Finalement, si une personne décide de consommer de la marijuana malgré ses effets nocifs, il est important que certaines notions soient rappelées afin d’avoir une consommation responsable. Il faut en effet : avoir des informations exactes concernant ce que l’on fume (type de plante, quantité de THC, pesticides, toxiques ajoutés), maintenir des habitudes alimentaires saines, réaliser des exercices physiques et éviter d’utiliser la marijuana pour trouver le sommeil. Rappelez-vous qu’un psychologue spécialisé dans les addictions peut vous aider à réduire votre consommation et ce de manière responsable ou même à abandonner complètement cette habitude addictive.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.